Retour en images sur la soirée Mosh Pit II qui se tenait au Groove, à Genève samedi 12 février 2022 avec Stortregn, Versatile et Atheme.

Texte : Alain Foulon

Photos : Olivier Jaquet

Brutal retour à la réalité

Deux freaking années sans concert… heureusement que mes derniers concerts étaient Émilie Zoé et Leprous, au moins, ça a laissé de très bons derniers souvenirs. Mais deux ans, c’était long, très long. Et ce soir-là, j’étais venu à Genève prendre un apéro avec des amis, je devais me lever tôt le lendemain matin, donc j’avais prévu de ne pas assister au concert. Sauf que… sauf que l’esprit de la musique est plus fort, que l’envie de vibrer en live au milieu du public me démangeait, que ce lâcher-prise offert par le concept-même de concert est trop tentant. J’ai cédé face au rock’n’roll (enfin en l’occurrence, au black), et j’en suis heureux.

Pendant ces deux ans de break musical, on a pu voir des concerts filmés sans public, des lives en streaming, et avec un peu de chance même des artistes de rue pas mauvais. Était-ce suffisant ? Non. Était-ce vital ? Oui. Vital parce qu’on ne peut pas survivre aussi longtemps sans vivre l’art (pour beaucoup, dont moi, la musique avant tout, mais il en de même pour le cinéma, la danse, le théâtre…) et quand je dis vivre l’art, je parle de cette proximité directe avec les performances, pendant lesquelles on peut ressentir la chaleur humaine qui nous anime tous. On peut créer un lien, voire un échange, avec les artistes et les œuvres, qui n’est pas possible autrement. Vital aussi parce que dans la grande courbe des hauts et des bas de nos humeurs qui régit nos vies, les concerts nous offrent un boost vital pour avancer – nous sommes des êtres sociaux, non seulement, mais sensible à l’esthétique en plus, et capables de diffuser des émotions complexes ; tous ces ingrédients qui font que, même si on écoute les meilleurs musiques du monde chez soi, on finira par avoir une carence de dopamine et/ou d’adrénaline, sans concert. Pour votre santé mentale, allez vivre l’art et la culture pleinement ! Allez à des concerts !

Je suis donc arrivé au Groove. Rien que l’effervescence au bar, la moiteur de la salle sombre, et sans doute l’apéro précédent, m’avaient déjà rendu légèrement engourdi, comme un bon gros verre de vin chaud après une journée de ski. Surtout, j’avais oublié l’incroyable sensation des basses qui font vibrer les entrailles, des lumières hypnotiques, et des projections de ce que j’espère être des gouttes de bière.

Au doux son électronique d’une intro de Versatile, je me dirige bière à la main vers la scène. La salle ne débordait pas, mais il y avait suffisamment de monde pour que l’ambiance soit bonne. Le groupe déverse sans arrêt son black très particulier, car le trio n’ayant ni batteur ni bassiste, toute cette base rythmique est électronique, ce qui donne presque un aspect indus à la musique, si on pousse un peu. Très bonne surprise, étant donné que je ne suis pas forcément black, mais le show est réussi, la musique claque, et il y a pas mal de charisme qui se dégage du trio.

Ensuite arrivent Atheme, avec qui j’ai un peu plus de mal, bien que je salue les efforts de mise en scène. Globalement, plus black, teinté de death, mais plus brouillon, je dirais. Cela dit, les concerts m’avaient tellement manqués que j’y prends quand même un grand plaisir !

Les stars de la soirée, Stortregn, vont poser et imposer leur son super lourd avec l’efficacité qu’on leur connaît. Il est possible que quelques pains se soient glissés ça et là, mais si le guitariste ne me l’avait pas dit après coup, je n’aurais même pas remarqué, tant l’énergie et l’ambiance étaient au top.

Encore une fois, l’ambiance et le show sont tellement plus importants et excitants que c’est bien cette expérience-là qu’on retient de la soirée : une ambiance de retour brutal à des concerts tout aussi brutaux et tant attendus… Aucun doute, l’état de guerre est déclaré, et on a hâte d’assister à nos prochaines batailles de décibels ! [AZ]