Avec la sortie du film Oppenheimer, le projet solo de Thomas Simon Saddier; Oppenheimer’s Elevators, a aujourd’hui tout pour attirer l’attention d’un nouveau public. Le plus récent E.P. intitulé Fathering annonce une évolution certaine pour le projet électro-ambiant en s’inscrivant dans la mouvance Néo-classique et Post-rock. D’une lenteur et d’une douceur déconcertantes, le maître d’œuvre envoûte dans les méandres de la pensée, de l’onirisme et de la poésie-musicale. Déjà, l’ouverture du mini-album rappelle les meilleurs morceaux de Flore Laurentienne ou de Jean-Michel Blais.

L’auditeur s’attache aux mélodies dès la première pièce. En comparaison aux efforts précédents du musicien, qui est également poète et romancier, la musicalité est en profonde transmutation. Le titre Fathering, inspiré de son nouveau rôle de père, résonne comme un serment au coeur de l’oeuvre qu’on découvre et explore à chacune des mesures dans une avancée nonchalante mais franche.
Le piano doucement matraqué de la deuxième pièce de treize minutes « Reconnaissance », témoigne d’un instant charnière chez l’Homme; le moment où l’on ouvre les yeux et observe pour la première fois le monde environnant. La reconnaissance de soi passe d’abord par le regard de l’autre.

The Waiting, troisième morceau est ce qui s’approche le plus sur l’album de l’épithète « Post-rock ». La pièce clame une urgence, ou une attente, ou les deux, sur une rythmique pesante et bruyante, alors que la quatrième chanson intitulée « La douceur du soleil sur ta peau » évoque des paysages du Moyen-Orient.

L’album se termine sur Song for Paul, une berceuse aux teintes sinistres qui utilise par échantillonnage les battements de coeur du petit Paul avant sa libération de la matrice. L’auditeur ne peut faire autrement que d’y percevoir un aspect tragique, une fatalité, mais le père Saddier réussit toujours à être réconfortant malgré tout.

Thomas Simon Saddier compose comme un poète, c’est-à-dire comme celui qui redonne aux notes, ou aux mots, un sens depuis longtemps oublié, une valeur depuis toujours défraîchie. Même si la production est plus électronique qu’organique, c’est l’humain qui parle et qui agit. La machine ne prend jamais le dessus sur l’émotion ni sur le monde des idées.

David Atman

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