En cet automne qui colore nos vies, tout juste avant que la grisaille hivernale s’implante, l’auteur-compositeur-interprète Olivier Bélisle se pointe à temps pour nous livrer Rester en voyage, son quatrième album. Lancé le 13 octobre 2023 sous la maison de disque LABE, ce nouvel opus succède ainsi à Broderie, paru en mars 2020. Reconnu pour son habileté à poétiser avec humour et simplicité le quotidien, l’artiste semble poursuivre une quête afin de comprendre la vie.

Album composé de 12 chansons folk tissées par des accords d’instruments à cordes, il a été coréalisé avec Hugo Chaput, complice de longue date. On remarque à première vue des arrangements texturés, et quelques passages plus volatiles, que ce soit par l’usage du xylophone et du vibraphone scintillants dans Aux premières loges. Pour la pièce Bitsouki, on profite d’une légère sonorité exotique par son marimba. Le refrain de 571 rue Bisaillon brille par l’élan du violon, qui nous entraîne comme la poussée incitative du vent. La pièce-titre pourrait bien s’ajouter à la liste du répertoire québécois des chansons de feu de camp. En effet, la chorale de l’Au-delà métaphorise à souhait l’état d’esprit d’être réuni autour du feu pour rêver, chanter et contempler les étoiles. Indéniablement, on constate une réalisation plus façonnée que ses précédents disques.

Le Deux-montagnais d’origine préserve tout de même quelques réflexes musicaux forgés au Bluegrass et au Blues, qui s’incarnent dans Rock n’ scroll. La mandoline, le banjo et la guitare Dobro s’invitent tout naturellement. L’ancien membre du défunt groupe Canailles assure la totalité des textes et des musiques, à l’exception de Mes espaces solaires qui découle de la plume de la poète Marjolaine Beauchamp. D’ailleurs, les textes dévoilent un caractère plus introspectif et sérieux sur ce dernier album. Ils témoignent des observations de l’artiste sur des sujets universels. Son écriture se veut moins crue, certes, mais s’exprime toujours avec un langage familier aux allitérations astucieuses. Elle nous rattrape par sa lucidité brutale comme le fait Déjà depuis durant qui illustre bien le sentiment nostalgique du vieillissement.

Cependant, le soleil n’est jamais trop loin chez le chansonnier. Devenu père depuis le précédent album, sa fille incarne avec évidence un de ses rayons, telle est l’inspiration de la décontractée et autodérisoire 6 corps sur le plancher ou bien de la touchante et amusante Ophélie, hommage tendre et comique à celle-ci.

Notons sa voix grave et posée qui rappelle les grands Plume Latraverse, Daniel Boucher ou même Jean Leloup, dont l’univers musical pourrait s’apparenter par son interprétation à la fois volubile et nonchalante. Il chante comme il raconte.

Ce n’est pas peu dire que Rester en voyage est une œuvre bien ficelée et réussie. Plus encore, son authenticité nous réconforte comme un geste de bonté qui survient au moment où on en ressent silencieusement le besoin.

4/5

Texte: Pier-Luc Diamond

Lancement d’album le 7 novembre au Verre Bouteille, à Montréal

Rester en voyage | Olivier Bélisle (bandcamp.com)

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