Home XXX - Interviews France Temp NO ONE IS INNOCENT – Kemar (chant)

NO ONE IS INNOCENT – Kemar (chant)

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Festival 7ème Vague

DRF : Bonjour Kemar et merci de nous accorder du temps. Peux- tu s’il te plait nous faire un petit bilan de cette année et demi passée depuis la sortie de « Propaganda »

Kemar : Ecoute, pour nous les choses ont commencé un peu magistralement. Tu travailles ton album comme on l’a fait, de manière acharnée, tu fais un concert et 10  jours après, tu te retrouves au Stade de France avec AC/DC et c’est ça qui lance un peu tout ce qui va se passer en 1an et demi. Donc on a été un peu sur un petit nuage. Mais on a pas mal passé de temps à se remettre en question par rapport au live, à beaucoup réfléchir. Mais les gens ont été au rendez-vous. C’est aussi la première fois qu’on joue autant de titres d’un album sur une tournée. En général, tu en prends 3 ou 4 et basta, mais là il y a certains soirs où on a joué jusqu’à 10 titres. Ca montre à quel point cet album, on l’a travaillé dans la sueur avec tout ce qu’on a mis dedans en répète. Et entre nous, ça a été top.

 

DRF : Tu me disais la dernière fois justement que personne ne vous avait prévenu du trop de dates à l’époque. J’ai un peu l’impression que vous retombez dans vos travers.

Kemar : Non non, c’était pire au début. On sait le moment où on doit lever le pied. On a beaucoup tourné, mais à l’époque c’était pire que ça. Et à l’époque on prenait tout, enfin ceux qui étaient au- dessus de nous prenaient tout et parfois dans des conditions hallucinantes. C’était à l’époque, ça fait partie d’une période. Maintenant quand tu arrives dans une salle, y’a un niveau supérieur en matos et en accueil. Je ne regrette pas cette époque-là car c’était une superbe école. C’est ça qui nous a appris à endurer. Et lorsqu’enfin tu arrives un peu dans le confort, tu ne rechignes pas. Il nous arrive souvent  de nous dire, lorsqu’il y a des choses qui vont pas: « hé mec ça va on en a vécu des vertes et des pas mûres ce n’est pas la mort !»

 

DRF : Alors le Hellfest sur une grande scène ?

Kemar : Le Hellfest c’est (réflexion) il y a une différence entre ça et un Stade de France avec AC/DC. Il y a une symbolique. Au Hellfest tu joues devant la famille. Il y a des dizaines de groupes qui sont là et qui tabassent, ça met aussi le niveau haut. A quatre heure de l’après midi quand il y a 30 000 personnes devant toi, tu envoies. J’ai rarement été aussi tendu et ce dès le matin. Là, ça fait partie des concerts où tu as un maximum d’adrénaline. Et en même temps, tu le redoutes ce moment, mais en fait tu te gaves grave. Le seul souci, c’est qu’au bout de 3 titres t’as tendance à avoir l’impression d’avoir fait un concert entier. En plus, tu as les gens en face de toi qui te portent.

 

DRF : Vous avez redonnez une nouvelle couleur à certains vieux morceaux comme «  Nomenklatura »; comment ça vous est venu cette idée ?

Kemar : Il y a des moments où tu sens les faiblesses de certains titres à force de les jouer. «  Drugs » par exemple a été presque intégralement refaite.

Et puis, à un moment faut se bousculer et ne pas rester sur ses acquis. Le pire cauchemar de ce groupe, c’est de refaire le même concert et le même album. Quel que soit le membre du groupe on est toujours en train de se  remettre en question.

 

DRF : « Barricade », un titre fort, on en construisait en 69 pour faire valoir nos droits et maintenant on se laisse marcher dessus. Pourquoi le choix de ce titre pour le dvd ?

Kemar : Ben déjà c’est le nom d’un titre de « Propaganda » et puis pour moi c’est un petit morceau qui ne paye pas de mine mais qui est très révélateur de notre ADN musical. Et puis je trouve que ça correspondait vachement à ce à quoi correspondait ce concert. On invite Charlie Hebdo, on n’est pas très loin après les attentats du Bataclan, on est dans une période super chaude. On avait tous l’impression de faire un concert de résistance, un concert de poings levés et on a tous trouvé que ce mot résumait bien l’esprit de No One, l’esprit de résistance qu’on voulait partager.

 

DRF : En écoutant les textes depuis le début de votre carrière, je me demandais quels étaient les personnes qui t’ont influencé ? Ceux qui t’ont emmené sur les positions que tu tiens depuis plus de 20 ?

Kemar : La lecture, mes rencontres, certains journalistes d’investigation que j’ai eu l’occasion de rencontrer, avec qui tu parles. Tu bois des coups et tu finis par parler deux heures avec eux, à leur poser des centaines de questions. Tu es tellement éloigné de leur monde que tu apprends plein de choses. Tu vois Massoud, par exemple, c’est plusieurs lectures de bouquins faites par des journalistes d’investigation depuis que tout ça a commencé. Et tu vois Massoud est un personnage qui a failli faire basculer ce pays, un peu la région aussi, par sa volonté à vouloir discuter avec l’occident.  Moi ce qui m’intéresse, c’est de mettre en lumière des choses importantes. Comme je l’avais fait au début de No One avec le génocide Arménien, en tant qu’Arménien d’origine ça me paraissait normal.

 

DRF : Tu disais la dernière fois qu’on s’est vus que tu travaillais pour fédérer les groupes et permettre de mutualiser les tournées pour enfin avoir des projets communs avec les autres groupes. On sait qu’il y a une tournée avec Tagada Jones qui va se préparer, mais concrètement est-ce que les gens sont prêts à jouer le jeu ?

Kemar : Non pas tous et c’est dommage. Quand tu commences à gratter un peu, tu te rends compte que certains jouent pour leur chapelle, même s’ils revendiquent un peu, que les gens paraissent ouverts. Ce n’est pas si facile.

 

DRF : J’ai discuté avec Loran des Bérus et on parlait d’un refrain que vous avez aussi utilisé « la jeunesse emmerde le Front National » Loran me disait «  stop la jeunesse ça fait bien longtemps qu’elle emmerde plus le front national, la jeunesse elle vote pour le front national. » Tu en penses quoi ?

Kemar : (durement) Ouais et alors ???? Ça veut dire qu’il ne faut plus le dire ? Je ne  pense pas que toute la jeunesse française vote Front National. Mais tu vois, il y a une espèce de fatalité, donc il faut arrêter de dire les choses. Voilà ce que les gens pensent. C’est une fatalité donc parlons d’autre chose. Moi c’est l’inverse, j’ai tendance à enfoncer le clou.  Tu vois c’est marrant que tu dises ça, car nous on a évolué. Nous on dit «  La jeunesse emmerde Nicolas Sarkozy ».  Parce que là, je le trouve au même niveau, voire pire que le Front National. Le ton, le mec, c’est Berlusconi puissance 10. Ce mec il est ….. virtuel. Tu vois un mec comme ça on l’invente, on le créé. Tu te dis « mais non ce n’est pas possible qu’un mec comme lui ça existe ? »

 

DRF : Tu es plutôt Révolution ou Evolution ?

Kemar : Moi la Révolution en elle-même ce n’est pas ce qui m’intéresse, je ne suis pas un Anarchiste. Je pense qu’il faut qu’il y ait de l’ordre, qu’il y ait des flics. Je pense qu’une démocratie, une société, une république tient aussi avec ça. Après il y a des choses qui déconnent. La vraie question est qu’est-ce qu’on fait des choses ? Qu’est- ce qu’on fait de la façon dont travail les flics, qu’est- ce qu’on fait des choses essentielles ?

 

DRF : Tu disais la dernière fois que tu te souvenais des jeunes punk que vous étiez au début, t’es toujours un punk ?

Kemar : Je me considère un petit peu comme  (réflexion) un peu comme les Stooges quand ils ont commencé. Dans les Stooges, tu sens l’attitude punk, tu sens une bribe de punk mais ils ne jouent pas du punk véritablement. Et bien nous on est un peu comme ça. Je sais que j’insuffle un peu cet esprit-là, à avoir une attitude. Mais en même je n’ai pas trop besoin d’en parler car les morceaux nous poussent. Tu vois, la dernière fois je faisais une interview pour je ne sais plus quel mag et le gars me demandait mes 10 albums préférés. Pratiquement dans chaque réponse que je donnais, il y avait un truc un peu punk. Punk pas forcément dans la musique mais dans l’attitude que ça dégageait. Le punk c’est aussi l’inattendu, l’imprévisible, l’improbable. C’est tout ce qu’il n’y a pas d’établit. C’est comme quand on monte sur scène, on se dit «  voilà c’est peut être le dernier, il peut tout arriver ».

DRF : Si personne n’est innocent qu’as-tu à te reprocher ?

Kemar : Mes faiblesses de caractère, s’emporter parfois comme on s’emporte sur scène.  Il faut travailler sur soi. Mais pendant un moment il va y avoir encore l’exutoire du live.

 

DRF : Vos projets proches ?

Kemar : On est en train de composer le prochain album. Ce qu’il y a de bien … (réflexion) tu vois on a passé trop de temps sans composer. En tournée on ne compose pas, on a besoin d’être ensemble de blaguer, de jouer. On ne compose pas, on est trop crevé. Ça reste un moment privilégié. C’est quand on arrive chez nous qu’on remet le couvert, qu’on repense à composer. Je tire mon chapeau aux groupes qui arrivent à composer en tournée, nous on en est incapable. Là, on s’est vite remis à composer et ça c’est plutôt un bon signe. C’est ce que je disais à ma femme aujourd’hui, on discute beaucoup du boulot,  on s‘est remis à composer hyper vite, on a sortie des trucs très vite qui nous plaisent, des titres aboutis pour certains mais pas pour d’autres. C’est le moment important où tu te demandes si tu as été jusqu’au bout des choses sur tel ou tel morceau. Tu vois, parfois je le dis à certains médias, ce n’est pas parce qu’on fait du rock qu’on est laxiste, au contraire. Moi je pense que c’est vachement plus dur pour nous. Déjà c’est compliqué d’exister dans ce putain de pays quand t’es un groupe de rock, donc on a un devoir d’excellence, que ce soit au niveau de l’écriture des textes ou de la musique. Et tant mieux car c’est ça qui nous fait faire de bons albums, c’est ça qui nous fait nous retourner sur ce qu’on a fait et qui nous permet de nous dire «  ben ouais on est bien dans nos baskets.

 

DRF : Un dernier mot pour la fin ?

Kemar : (réflexion) J’ai envie de te dire que dans cette période-là il faut continuer à s’accrocher, écrire des bonnes chansons, faire les choses avec son cœur et non pour le pognon comme Julien Doré. Donc voilà, il faut se dire finalement qu’on a tout à vendre et tout à défendre.

 

Merci à Kemar et Verycords.

Merci à Laurent Franzi pour les photos que vous retrouvez ci-dessous

 https://www.facebook.com/dailyrockfrance/photos/?tab=album&album_id=1429323717123252

 

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