Il aura fallu attendre 17 ans pour retrouver Madrugada sur la scène fribourgeoise. Mais les sourires sur les visages, alors que les lumières s’étaient tout juste rallumées, en disaient long sur le concert que venait de livrer le combo norvégien.

Quelque part entre la rigueur des plaines scandinaves à l’automne, la tiédeur d’une cave du delta et l’horizon insondable d’une étendue désertique et rocailleuse. D’abord juste sombre, juste ample, traversant les plus récentes compostions, le rock proposé par Sivert Høyem et ses acolytes, porté par le timbre posé et imposant du chanteur, se tendait petit à petit en plongeant dans l’électricité de leur premier album. Devenue vivante, moite, tellurique parfois, crasseuse aussi, la performance du groupe s’approchait insidieusement de la rupture, laissant plus encore l’âme se dévoiler, le coeur parler. Et à la fin le sourire traversait à son tour le visage des musiciens.

Texte et photos : Yves Peyrollaz