Une année. Déjà une année que le Daily Rock avait couvert la toute première édition de l’Irreversible festival. Une première édition qui fut, n’ayons pas peur du mot : brillante. Rebelote cette année : votre journal musical préféré se rend du côté de Monthey, pour vous offrir un compte-rendu complet de la deuxième édition de ce festival. Comme l’an dernier, une soirée du vendredi pop-rock et un samedi à consonance metal. Bienvenue, Chers lectrices et lecteurs, suivez-moi !


J’arrive sur zone assez tôt, un peu avant l’ouverture officielle des portes, ou des barrières plutôt. Elément me frappant d’entrée, l’agencement du site a été quelque peu revu. La surface doit être sensiblement la même que lors de la première édition, mais une impression de grandeur prend le dessus. Le site est plus fonctionnel, plus aéré. Le confort du festivalier monte d’un cran. Les organisateurs ont travaillé cet aspect, et c’est tant mieux. Le petit tour du propriétaire provoque en moi une montée d’adrénaline. Seul petit bémol, la décoration générale pourrait être encore plus personnalisée. L’identité du festival plus marquée encore. Mais comme la décoration d’intérieur n’est pas le sujet dominant au Daily Rock, je vais cesser de geindre et parler musique.

Vendredi 25 mai

Ouverture des feux avec Jessanna Nemitz et son nouveau projet, très sobrement nommé, Jessanna. Sa deuxième apparition sur cette scène, pour autant d’édition, n’a absolument rien à voir avec son projet Oh my Deer qu’elle présenta avec succès l’année passée. Enfin si, il y a un point commun : Baptiste Meier, son batteur ! Ce génie des fûts est partout ! J’aurai d’ailleurs l’occasion de reparler de lui très, mais alors très bientôt ! Le nouveau projet de la Biennoise d’origine se veut plus électro, plus pop, plus ‘ambient’. Vocalement, Jessanna peut tout interpréter, tout s’approprier. Pour preuve, cette surprenante reprise de Barbie Girl. ‘Aqua’ ça tient une bonne reprise ? A de bons arrangements et à une bonne dose d’inventivité. Et sur ce coup, ce fut entièrement le cas. Je pense qu’après l’écoute de l’album de Jessanna ‘Envie d’être nu’, bon nombre de musiciens peuvent aller se rhabiller, tant le niveau musical et créatif est haut. Très haut ! Direction la grande scène, pour le premier concert…sur la grande scène. C’est vêtue de ce qui doit être son plus beau t-shirt, que la maîtresse de cérémonie introduit Fensta, qui est chargé de chauffer un public encore quelque peu clairsemé. Un power-trio, basse, batterie et guitare, évoluant dans un style mélangeant rock et rap. Fensta, se sont des musiciens expérimentés. Le bassiste n’est autre que Fred Vonlanthen, le fidèle bassiste d’Alain Morisod. Je ne vous mène pas en bateau, c’est vrai ! Hormis la signature vocale qui ne sied guère à votre serviteur, l’ensemble est assez convaincant et les rythmiques pas toutes linéaires, ce qui ajoute de la variété à l’ensemble. Une petite pause s’impose. Les verres de vin rouge, le sandwich foie gras et canard ainsi que les deux raclettes en guise de dessert suffisent à me remettre d’aplomb pour le concert de Veronica Fusaro. Cette Bernoise de 20 ans est encore très peu connue de ce côté-ci de la Sarine. Son mélange de pop/r’n’b minimaliste fait mouche. Elle sait capter et envoûter un auditoire attentif et concentré sur sa musique. La parfaite maîtrise de sa ‘loop station’ permet une grande fluidité de son set. Le genre d’instant où le temps paraît se figer. Belle prestation ! Petit coup d’œil sur ma gauche, et je m’aperçois qu’une petite foule bien compacte attend déjà de pied ferme la venue de Catherine Ringer. La sexagénaire française arrive sur scène avec une énergie visible dès les premières minutes. Toute de rouge vêtue, elle sillonne la scène de gauche à droite, sans relâche. Musicalement, nous sommes dans une pop légèrement atmosphérique, exécutée avec brio par d’excellents musiciens. Relevons d’ailleurs l’incroyable bassiste qui l’accompagne sur scène. Catherine Ringer possède un univers bien à elle, et j’ai toutes les peines du monde à y entrer. Pour se faire, je pense que seul un peu d’alcool ne suffit pas. Tout comme Andy, je ne parviens pas à lui dire oui. Le personnage me déplaît, et une impression de sur-joué m’anime. Mais ce concert colle parfaitement à la soirée de ce soir, et les programmateurs ont eu fin nez. De plus, le public semble conquis. Je retiendrais donc cela de ce concert. Etant à cheval sur l’horaire, je tourne ‘l’étalon’ vers la petite scène. Les Vaudois d’Antipods nous gratifient de leur présence, en nous distillant leur pop légère. Les nappes de clavier habillent classieusement les rythmiques ultras précises du duo basse-batterie. Le chanteur à la voix hypnotique jouit d’une bonne présence scénique, ainsi que d’un bon contact avec l’auditoire. En milieu d’après-midi, Charlie Winston m’avouait à l’heure de l’interview, qu’il était vraiment content d’être là, et qu’il était excité à l’idée de monter sur scène. Comme à son habitude, tiré à quatre épingles, chapeau vissé sur la tête, il arrive sobrement sur les planches, le sourire radieux. A partir de ce moment-là, l’ensemble du public, moi compris, sommes happés par le charisme du personnage. Et quel ‘showman’. Tantôt debout sur un ampli, ensuite sur la batterie ! Puis sans coup férir, le voilà dans le public, pour un bain de foule fort apprécié. Avez-vous remarqué l’osmose régnant sur scène entre lui et ses musiciens ? Des regards et des sourires qui trahissent un sens aigu de l’improvisation et du feeling. Quand les artistes s’amusent, tout le monde s’amuse, c’est ainsi ! Un très grand concert d’un artiste complet à la générosité sans faille. Sans devoir le chercher, on l’a trouvé Charlie. Il vint à nous pour le meilleur, et uniquement pour le meilleur. Transition somme toute assez violente entre Charlie Winston et les rockeurs de Worry Blast, qui clôturent cette première journée de festival sur la petite scène. Là, je dois avouer une légère incompréhension vis-à-vis de la programmation, fût-elle pourtant très cohérente jusqu’ici. Est-ce une manière de passer le témoin à la soirée metal du lendemain ? Peut-être. Mais c’est néanmoins avec beaucoup de plaisir que je retrouve le hard-rock énergique des martignerains. On ne change pas une équipe qui gagne. C’est pied au plancher, du début à la fin. Le combo puise dans l’intégralité de son répertoire déjà bien fourni. Olivier Muff, le patron d’un bar possédant une salle de concert pas loin, se joint à Worry Blast l’instant d’un morceau. Le voir avec des cheveux, ça décoiffe ! Sa perruque lui va bien. Mais n’étant pas frisée, elle n’est pas permanente. Dommage pour lui !  Un vrai bon moment de rigolade entre potes, et cela fait un bien fou à tout le monde.

Je suis déjà au bout de cette première journée de festival, avec déjà une certitude, mes pieds et mon dos me maudissent. Il va falloir reprendre le rythme des festivals, car l’été approche, et il y en a quelques-uns déjà agendés.

Samedi 26 mai

C’est à 16h45 que Flayst fait son apparition sur la petite scène, pour l’ouverture de cette deuxième journée. On les connaît bien, et c’est avec une grande joie que je les retrouve sur scène. C’est dans un style de melodic death metal, à mi-chemin entre In Flames et Soilwork, que le groupe va nous divertir. Les Valaisans se veulent énergiques et leur set très en place. Bien qu’étant relativement nouveau dans le groupe (2017), la machine de guerre Simon Claret à la batterie, y est certainement pour quelque chose. Le duo de guitare fonctionne bien, même si dans les solos, ils auraient le potentiel de se lâcher davantage. Un ‘frontman’ débordant d’une énergie contagieuse assure le show. La justesse en voix clean est parfois moindre, mais la voix ‘criée’, impeccable ! La seule question que j’aurais pour eux : A quand un nouvel album ? Je jette un œil dehors, et je m’aperçois que la pluie a fait son apparition. Mais qu’importe la mauvaise humeur soudaine des cieux, le public répond bien présent pour les Allemands de Caliban. Et avec raison. Quelle puissance, quelle énergie. Andreas Dörner a du coffre, et il nous le montre avec brio. Le leader allemand demande un ‘circle pit. Les fans ne se font pas prier, malgré la boue naissante, de promptement lui obéir. Le combo germanique déroule, et nous permet de rentrer pleinement dans l’ambiance métallique de cette deuxième journée de festival. Atmosphère lorgnant quelque peu vers le black metal, avec Tyrmfar sur la seconde scène. Encore des régionaux, et c’est très bien. Je vous le dis d’entrée, j’ai adoré les capacités vocales du chanteur. Dommage que ce soit son dernier concert avec la formation valaisanne. Bon vent à lui, et d’ores et déjà bienvenue au prochain. L’ensemble du combo paraît un peu fébrile en début de set, et peine à rentrer dans le concert. Après quelques titres, la précision vole la place à l’approximation. Quentin à la batterie conduit très bien le groupe. D’ailleurs son bassiste, bien en avant dans le mix, lui emboîte le pas. C’est sur ces solides fondations, que les guitares n’ont plus qu’à poser leurs inspirées lignes mélodiques. Encore un groupe qui nous prouve la bonne santé du metal valaisan. L’hexagone s’invite à Monthey grâce aux légendaires No One Is Innocent. Les Français et leur groove métal engagé font pogotter la place. Du Rage Against The Machine version Molière. Ils font honneur à leur dernier album en date, Frankenstein, paru en mars de cette année. On lève le poing contre ces crevures de politiciens et ça fait un bien fou. Kemar se dépense, et nous avec. Un vrai moment de communion entre public et musiciens. Certains festivaliers devaient être encore dans la pensée du Seigneur, lorsqu’en 1993, No One Is Innocent fut fondé. Pourtant, cette musique semble trouver un écho parmi cette plus jeune génération. Génial, et intemporel ! Au tour des Danois de Cold Night For Alligators. Mais comme il fait chaud et que la nuit n’est pas encore tombée sur la plaine montheysanne, ce concert ne manquera pas de mordant, loin s’en faut. On tombe là sous les crocs d’un groupe mélangeant djent et metal progressif. Un style très proche des Français de Kadinja par exemple. Quelle technique ! Les allergiques aux mesures impaires en prennent pour leur grade. Chaque individualité sur scène fait preuve d’une grande maîtrise de son instrument. Pour un groupe de ‘prog’, les titres restent assez courts et tout de même accessibles. Leur bonheur de jouer ici en Suisse est palpable. Mais le public ne suit pas et certains désertent la tente. Trop technique, trop élitiste peut-être. Quoi qu’il en soit, c’est une merveilleuse découverte que le festival nous offrit là. Les Anglais de Tesseract investissent la grande scène. Leur style pourtant très proche de Cold Night For Alligators, attire cette fois-ci la foule. Daniel Tompkins nous informe que le groupe est rentré la veille de New-York, et qu’ils ont un peu le décalage horaire dans la tronche. Mais je vous rassure, on ne va pas du tout s’en apercevoir. Je suis subjugué par le niveau musical des ‘British’. Les batteurs se régalent probablement à l’écoute de Jay Postones. Un style tout en groove et en polyrythmies. Ajoutez à cela un son de batterie à tomber, et l’orgasme musical est proche ! Amos Williams à la basse, nous offre un jeu ultra fluide et efficace, que ce soit au plectre, aux doigts ou en ‘slap’. La complémentarité des guitaristes finit d’asseoir l’époustouflante prestation du groupe. Super concert ! C’est à 22h tapante que Promethee commence son show. De la pure folie, disons-le d’entrée ! Leur hardcore ultra agressif fait mouche. Le public répond avec entrain aux injonctions du leader Joshua de foutre le bordel. Quel charisme ce chanteur. Il remplirait aisément l’espace d’une scène bien plus grande. Baptiste Meier : est-ce que ce nom vous rappelle quelque chose ? Si la réponse est non, c’est que vous ne m’avez pas lu attentivement et qu’il vous faut remonter cette chronique jusqu’au tout premier concert du vendredi. Ce batteur ultra versatile qui en début de week-end nous interprétait une musique pop, c’est mué en un redoutable batteur de metal. Blast-beat et double pédales métronomiques ne semblent être qu’un détail pour lui. Les guitaristes peuvent s’appuyer sur lui et ne penser qu’à leur jeu de guitare. Seul ombre au tableau de leur show, le jeu de lumière hyper sombre, noyé par un écran de fumée, qui m’empêche de vraiment voir les musiciens évoluer sur scène. C’est un choix du groupe que je trouve dommage, mais ceci n’engage que moi. On le dit sans trembler, Promethee, un concert de titan ! Place ensuite au folk-métal des Zurichois d’Eluveitie. Ce n’est pas tous les jours qu’ils viennent en Romandie, alors autant en profiter. Après un quasi-total changement de line-up en 2016, les voilà plus stables, plus posés, et plus confiants, notamment grâce au joli succès de leur dernier album ‘Evocation II’. Je sens d’ailleurs que la cohésion de groupe est de retour. Je les avais vus lors du Rock The Ring de Hinwil en 2015 puis à l’Irish Festival de Sion en 2016, pour des concerts que je qualifierais de catastrophiques. Heureusement, ce soir, l’unité du groupe est là. La set-list est variée et nous virevoltons entre moments énergiques et moments plus émotionnels, notamment grâce à un superbe chant A Capella de Fabienne Erni. Le nouveau batteur Alain Ackermann insuffle un vent nouveau, notamment grâce à ses influences jazz et funk. Il nous gratifiera d’un solo de batterie ni trop long, ni trop court, mettant en exergue ses rudiments de caisse-claire qu’il a dû travailler comme un malade. Notons l’absence du bassiste qui fut remplacé par une bande son. Ce qui ne change pas en revanche, c’est le son. Pardonnez-moi cet excès de nervosité, mais putain, n’est-il pas possible de baisser le volume des guitares et de la batterie, pour que l’on entende le violon, la flûte ou encore le Hurdy Gurdy de Michalina Malisz ? Oui, c’est faisable ! Pourquoi ne pas le faire alors que ces instruments traditionnels font partie de l’ADN du combo d’outre-Sarine ? C’est dommage et tristement récurrent. Il ne faudrait pas prendre Eluveitie pour des lanternes, ni prendre tous les ingés son pour des lumières ! La formation prend congé de son public avec le désormais classique ‘ Inis Mona’. Rupted a pour mission de clôturer le festival. La tente se veut bien garnie pour leur prestation, et cela fait plaisir à voir. Je n’ai pas pu assister à la totalité de leur concert, et de surcroît, je ne me permettrais pas d’émettre un avis. Mais j’en suis persuadé, mission acceptée et honorée.

Une nouvelle belle édition de l’Irreversible Festival. Le choix des organisateurs de proposer deux soirs bien distincts entre pop et metal fait définitivement la force de cet évènement. Ce festival est à taille humaine et doit à mon avis le rester. La proximité entre artistes et public est un atout majeur. Un comité d’organisation aux petits soins dans tous les domaines, ainsi que des bénévoles dévoués et souriants, donnent à cette manifestation un côté très attachant. Quel titre pourrait-on écouter en pensant à l’Irreversible Festival ? The show must go on, sans hésiter !

Meilleurs concerts du week-end : j’ai aimé Tesseract pour leur virtuosité et Charlie Winston pour sa générosité.

Moins bon concert du week-end : Catherine Ringer à cause de son jeu de scène sur-joué et de sa musique restée coincée dans des sonorités dépassées.

www.irreversiblefestival.ch

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