20 années de High Tone : que retenir de ce chemin parcouru ?

Beaucoup de liberté, beaucoup d’aventures, beaucoup d’expérimentations et  … l’aventure de faire par soit-même. On a eu plein d’amis et de partenaires au long de notre carrière mais si on devait retenir quelques choses c’est vraiment d’apprendre à travailler tous ensemble.

Pendant 3 ans vous avez tourné avec Dub Invaders  une entité différente de High Tone, quel est l’apport de cette expérience dans la musique de High Tone ?

Je pense que quelque part dans la musique de Hig Tone il y a toujours eu une envie de son un peu extrême et le sound system est très proche de cette ambiance un peu extrême. Nous depuis qu’on a 18, 19 ans, en allant à Londres et d’autres villes, on a découvert  cette scène sound system qui nous a toujours attiré. Après de par notre posture de groupe live , on a tâtonné. Moi et Twev on a longtemps joué en selector ou en dj set, puis certains se sont mis à faire des lives machines dub, prêts pour jouer sur des sonos.Il faut se rappeler qu’il y a 15 ans en France il y avait très peu de sonos, maintenant il y en beaucoup plus et (rire) on espère avoir un peu contribuer à ça. Mais je vais me répéter mais ça reste vrai, c’était très récréatif et une expérience libératrice sur notre musique. Et il y a eu le fait de travailler son son un peu individuellement, ce qui est toujours très bénéfique quelque part à nos projets.

Pourquoi après tant de temps d’absence , prendre le parti de sortir un album avec des invités plutôt que de faire un album de High Tone à part entière ?

En fait les deux sont concomitants, c’est-à-dire qu’on a un album de prêt , mais pour une certaine forme de temporalité on va dire. Et puis la nouvelle équipe de management nous a soufflé dans l’oreille d’inviter la nouvelle génération et de faire ces remixes. Ca nous va bien et ça marche bien avec le début de notre nouvel album. Donc dans l’ordre on a dit on sort la compil de remixes. Après il y a deux autres intérêts à cela, déjà on s’est occupé de nos archives afin de refiler les bandes pour les remixeurs. C’était intéressant , instructif et c’était bien de le faire . Tu vois 20 ans de musiques , on s’est rendu compte qu’il y avait des trucs assez sympa c’était bien les fouilles archéologiques et puis il y a ce côté réinterprétation qui nous branchait.

Pourquoi une sortie en novembre chez ogd et en mars dernier une réédition chez jaring ?

After Work, la nouvelle équipe avec qui nous travaillons est née avec la génération PAnda Dub et ce sont des personnes qui ont toujours travaillé en gratuit, quand ils nous on proposé le projet avec les artistes du giron, car quasiment tous ceux que l’on retrouve sur la compil sont proches d’After Work ou sont issus de connexions et tout le monde a la même philosophie de la gratuité, nous on en parlait depuis longtemps donc on a vite été partant, en plus ça simplifie pas mal de problème, et puis c’est aussi pour l’amour du dub !! Jaring te permet d’être un peu plus structuré, elle a l’habitude de sortir du vinyle , là où ODG en sorte un de temps en temps, leur truc à eux c’est vraiment de faire du gratuit et de toucher des artistes dans ce même esprit, et c’est surtout aussi parce qu’il y avait une demande.

Tu disais que vous étiez entrain de sortir un album?

Il y a un album dans les tuyaux qui sortira en début d’années prochaine. Il a été écrit sur plusieurs périodes. Au départ c’est partit d’un projet , de scénarisé notre musique pour un spectacle d’art numérique, qui au final n’a pas vu le jour. Mais c’est la première fois qu’on faisait ça , écrire une histoire, une musique de spectacle et de composer en face des tableaux qu’on avait écrit et commencer à écrire à ce moment-là. C’était aussi une belle expérience à vivre.

Vous êtes parti en tournée en Chine, comment vous avez trouvé la scène et le public chinois et qu’avez-vous rapporté musicalement dans vos bagages ?

Nous la Chine on y va depuis 2003. Nous a vu le pays un peu s’ouvrir, on a suivi toute l’évolution du pays. Après c’est ce que je dis, à chaque fois que j’y vais je redécouvre ce pays, si tu laisses deux ans, les mutations vont tellement vite. Après faut pas avoir d’idées trop surfaites sur le lieu. La dernière fois qu’on y a été on a fait une résidence et on a enregistré avec une chanteuse qui sera sur le single du prochain album, elle s’appelle CHACHA elle vient de Shangai et on a enregistré aussi avec trois artistes musiciens traditionnels. Sur le prochain High Tone il y a toute partie Chino – musicale si je puis dire

High tone a tout au long de sa carrière allié musique et visuel , en 20 ans les technologies ont considérablement évoluées , comment avez-vous fait évoluer votre approche visuelle ?

Justement on était parti très ambitieux avec les arts numériques, mais on n’a pas réussi à le produire, dans le sens à trouver les fonds. En terme de contenu pour nous c’était très important qu’il y ait des artistes plasticiens, vidéastes etc … qui contribuent à ce travail, mais une fois qu’on a mis tous les chiffres en places et  le projet on a vu que c’était compliqué. Le projet est écrit mais il ne verra pas le jour sur cette tournée. Donc oui on s’est intéressé énormément aux nouvelles technologies, mais pour l’instant on est à fond sur un travail de lumière. Au final il y a énormément de sobriété j’ai envie dire, en ne rajeunissant pas on essor. Comme dans notre musique il y a ce côté minimal et bien dans le côté visuel on a essoré les artifices pour arriver à quelques chose qu’on espère plus simple mais du coup plus efficace. Enfin ce sont les retours qu’on a pour l’instant.

Ca fait un bail qu’on n’a pas eu le droit à un petit clip de High Tone et l’expérience dvd je ne vous en parle même pas …. C’est quelques chose que vous allez refaire ?

Oui il y a un clip qui a été tourné pendant notre séjour en Chine qui va voir le jour un peu avant l »album et qui illustrera la musique de CHACHA. On est assez content du résultat il y avait une super ambiance sur le projet. Et pour le DVD on en revient à la question sur la chronologie des événements . Nous on a fait une pause de 3 ans car pendant 15 ans on a été le nez dans le guidon, on faisait les choses de manières empiriques, on ne se rendait même plus compte parfois pourquoi on faisait les choses. Pendant trois ans chacun a fait des projets, moi j’ai fais un projet au Mali et en France qui s’appel « Midnight Reveur » et beaucoup d’autres aussi, d’autres ont fait des BO et après on a refait Dub Invaders. Au moment de reprendre, Anthonin le clavier a arrêté , alors on s’est posé énormément de questions sur le sens, pas de ce que l’on allait faire mais de ce qu’on avait déjà fait.  On a retrouvé un espèce de puzzle de 15, 17 ans de route, qui ne nous a pas déplu bien au contraire, de là on est partit pour écrire le spectacle d’après, ce qu’on était et ce qu’on avait envie de raconter. Globalement une musique métissée … à travers les réflexions entre musique moderne et musique ancestrale voire pourquoi on avait samplé tel ou tel son, dans un sens on a un peu disséquer l’ADN d’High Tone. Donc le DVD on aurait voulu mais on n’y est pas arrivé techniquement, structurellement, on n’a pas forcément eu trop de temps.

Un album énorme avec un autre duo énorme Brain Damage … est-ce qu’un jour il y aura une suite à High Damage ?

Moi j ‘écoute avec tellement de plaisir les albums « Zen Tone », le « High Damage », le « Impro Dub », j’ai beaucoup plus de recul et de facilités à écouter ces disques là plutôt que ceux de High Tone, je ne peux pas les écouter ou très peu. Je suis trop critique, mais ça m’arrive de tomber dessus dans des endroits insolites et de me dire  » ha oui on est pas complètement  … ». On dit  » il faut rester son meilleur critique » et parfois je le suis un peu trop. Est-ce qu’il y aura un High Damage 2 je ne peux pas te dire. On a donné goût à Martin des rencontres musicales, il a enregistré en Jamaïque en Colombie avec Harrisson Staford, donc c’est déjà bien.

Si certains groupes font des tournées anniversaires d’album est-ce une chose que feriez pour par exemple Opus Incertum ?

En 2020? Par la suite j’aimerais bien que High Tone est une temporalité pour faire des créa où on jouerait qu’un album avec un invité par exemple. Je ne suis pas du tout passéiste mais je trouve ça bien de refaire une création plus spontanée et faire évoluer la musique. Après tu ne sais pas ici les gens aiment cet album mais en Chine par exemple ça peut être un autre. On a été dans la première ville dans laquelle on a joué il y a bien longtemps et quand on y rentré on est tombé dans un bar où les mecs connaissaient une bonne partie de notre disco par coeur alors que la dernière fois qu’ils avaient vu High Tone c’était en 2005. C’est parfois fou des trucs comme ça.

Quel est la part d’influence du rock dans la musique d’ High Tone ?

On peut déjà dire que notre dub est un peu musclé. Après moi je suis un fan de John Bonham voilà (rire) mais après elle est énorme, on s’est tous connu très jeunes, comme Twelve après, mais on a écouté énormément de groupe des années 60 et 70. Effectivement peut-être que dans les groupes des années 80 90 on a moins de référence, même si on a des choses qui nous ont bien bien botté. Mais après cette part d’influence elle est balaise, mais ce côté rock il va être plus réinterprété à la manière de Massive Attack ou Portishead, dans la culture sample de quelques guitares. Il n’y aura pas de rythmique comme Zenzile peuvent faire où tu ne sais plus vraiment si c’est du dub ou du rock. Tu trouves encore ceci dans le Rubadub mais chez High Tone  il y a des gros moment de cymballes ou de guitares plus ouvertes.

Quelle est la question que tu aurais aimé que je te pose? Tiens c’est quoi le projet en Afrique ?

Ca s’appel  »Midnight River ». En 2010 je sortais d’une grosse période tunelle avec High Tone, où on lorgnait sur les fins d’album très dubstep très vénères, c’était une période de ma vie beaucoup trop dark. Je suis parti au Mali pas pour faire un gros truc rythmique, je suis parti avec des nappes, des petits sons des petites rythmiques mais pas de basse pas de synthé vénère. Je voulais de la Kora de la flûte du balafons et du chant mais  pas un truc énervé et je suis tombé sur une chanteuse qui tournait avec Rokia, c’était chanté tout doux mais avec un volume à la malienne juste fou.  Au début je ne pensais pas partir aussi loin, je voulais faire un album avec des featuring et en définitive j’ai renvoyé  5 morceaux à cette chanteuse, elle m’a sorti 5 trucs juste super biens et du coup je fais des tournées avec eux. C’est un projet monté avec un dessinateur et cela va faire maintenant 10 ans qu’on bosse avec eux.

Quel est votre plus vieux souvenir sonore ?

J’ai deux réponses: le bruits des feuilles chez moi et la sonnerie de l’école.

Quel est le dernier bon livre que vous ayez lu?

« Ok.  En dehors de la zone de confort « qui est un travail journalistique sur Massive Attack et la scène de bristol que mon copain Nico ex vidéaste de High Tone m’a prêté et je le remercie car ça commence bien

Quel est le dernier bon album que vous ayez écouté ?

« Baloji » un rappeur belge d’origine Congolaise je suis en apnée dedans depuis 3 mois. J’ose même pas en parler tellement je suis sur le cul, les mots me manquent et je pense que c’est ça la force de la musique quand tu n’arrives pas à mettre de mots.

Le dernier mot ?

Ecoute sur une journée de concert il est parfois difficile de trouver du temps pour rencontrer des journalistes donc je te remercie beaucoup.

Photo de Joris Couronnet Lyon photographe

Merci à fanny ( Neoules crew)et à Dino !

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