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15 années à porter haut et fort les couleurs du pays occitan. Retour sur le parcours des Goulamas’k avec leur chanteur.

DRF : Goulamas’K ça veut dire quoi ?
Fred : Alors c’est un nom occitan, ce sont les personnes habitant Nîmes qui traitaient les miséreux de Lozère, le département juste au-dessus, qui venaient pour les vendanges. Et c’est resté comme ça dans la langue d’oc, quand une personne mange comme un porc, est mal habillé ou fait de la mécanique ben c’est un gros dégueulasse. En fait on est le commando des gros dégueulasses.

DRF : Contez-nous un peu le parcours des goulamas ?
Fred : Cela a commencé pour de vrai en 99, à l’époque on était un simple groupe de punk, j’étais le batteur et maintenant je suis le chanteur des goulamas. On a arrêté avec l’ancienne équipe car il y avait une sale histoire et les sales histoires ça ne fonctionne jamais bien. Derrière on est reparti avec une nouvelle équipe et de nouvelles bases, cela a donné ce côté ska punk revendicatif.

DRF : Alors, en 2010 vous sortez « avi de tempesta ». En quoi est-il différent de l’époque de votre premier album « le kri des cigales » ? Qui était déjà très attrayant.
Fred : Au départ sur « le kri des cigales » on était deux chanteurs avec Philou. Et quand tu es sur la route tu n’as pas de vie de famille, patin couffin. C’était donc le premier album qu’on a enregistré avec un seul chanteur. Quand tu as l’habitude d’être deux et d’avoir deux manières de dire les choses il faut savoir s’adapter. Maintenant il y a Yannick notre tromboniste qui veut bien chanter aussi parfois, alors je lui laisse de la place histoire de ne pas prendre la scène à moi tout seul.

DRF : Vous avez une pléthore d’instruments dans votre groupe, comment choisissez-vous tel ou tel pour un morceau plutôt qu’un autre ?
Fred : Si c’est le joueur de l’instrument traditionnel qui emmène la mélodie on va suivre ce qu’il fait. Si c’est le bassiste ou le guitariste qui nous disent « tiens moi j’ai trouvé telle ritournelle » et c’est tel ou tel instrument qui s’y colle le mieux on choisira celui-là. Maintenant il nous arrive de les mélanger également, car les tonalités collent parfaitement bien aux morceaux. Ça enrichit les morceaux.

DRF : Vous chantez beaucoup dans plusieurs langues régionales, vous êtes des fervents défenseurs des traditions culturelles régionales ? Est-ce des choses que vous revendiquez dans vos textes ?
Fred : On a monté les goulamas pour ça. On en parlait dans les bistrots en buvant l’apéro et on se disait qu’on devait aller plus loin. On savait ce qu’on avait dans la tête et dans le cœur. On a donc monté le groupe pour parler des problèmes politiques, sociaux et culturels. Mais aussi de ce problème de perdre une langue, il n’y a aucune raison de perdre cette langue.

DRF : Alors on fait une parenthèse pour parler actu politique avec le rapprochement des régions, est-ce que vous pensez que les langues ou patois locaux devraient être réintroduits dans nos écoles par exemple dans ces fameux temps de périscolaire ?
Fred : On nous a enlevé notre langue régionale de manière brutale, je n’aimerais pas qu’on la réintroduise de la même manière. Mais je ne vois pas pourquoi on apprendrait à nos enfants de maternelle à parler anglais et pas le Provençal. Ce n’est pas un problème pour les enfants de cet âge, ce sont de vraies éponges. Tout ce qu’on leur donne ils le prennent. C’est une grosse connerie de dire que nos enfants sont surchargés. Tout ce qui est bon pour nos enfants ils le prennent. À nous de le rendre bon et que ce ne soit pas une difficulté supplémentaire pour eux. Moi je suis papé, ma petite fille a quatre ans. Je lui parle constamment en occitan, mais des petites choses, à compter les marches en montant l’escalier. Mais sans s’en rendre compte elle le refait, c’est une manière simple et douce de le faire. Il faudrait que ce soit remis en place de manière douce et intelligente.

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DRF : En 2014 vous sortez un album live crédité de neuf chansons inédites. Est-ce un réel bonus ou est-ce des chansons susceptibles d’être dans votre prochain album ?
Fred : elles ne seront pas dans notre prochain album. On avait déjà fait un live et on s’est dit on ne va pas faire un live tous les deux albums sinon les copains et les copines ils vont avoir l’impression d’avoir acheté le même album. Alors on est resté sur ce principe de live et on a mis neufs titres inédits. On a rajouté la « bella ciao » qui n’avait jamais été enregistrée nulle part. Le prochain album sera composé que de nouveaux morceaux.

DRF : Vous en êtes aujourd’hui à votre 5e album auto-produit : dégoût du business musical ou volonté personnelle ? Si vous étiez passé par un label vous auriez peut-être eu plus de reconnaissance à l’instar de vos confrères des Ramoneurs de Menhir ? C’est une réelle volonté d’indépendance ?
Fred : oui et Non. Oui car on est comme ça en fait. Le premier album « le Kri des cigales » on l’a fait en coproduction avec les Skalopards Anonymes et si c’était pour faire cela on pouvait très bien le faire tout seul. Quand tu commences à faire de la musique tu ne connais pas le système de la musique et son business. Une fois que tu as mis le pied dedans ou tu es complètement indépendant et quand il arrive quelque chose c’est sous ta responsabilité. Ou alors il faut que ce soit une grosse machine qui te prenne en charge et là tu perds une certaine liberté. Alors pour l’instant, vu que la grosse machine n’est pas venue taper à la porte, on ne sait pas. Mais moi je vais avoir 52 ans je n’ai pas envie de me poser des questions, car ce qu’on fait on l’aime et je ne baisserai pas mon froc pour un peu plus.

DRF : Vous êtes des nostalgiques de la Gameboy, pourquoi un travail avec Rémy Gaillard ?
Fred : Ça c’est les jeunes, moi avec 52 ans ce n’est pas mon truc. C’est marrant et puis là on l’a fait avec la fanfare des Goulamas.

DRF : Parlez-nous un peu de la Fanfare des goulamas
Fred : La fanfare des Goulamas a été créée pour que l’on puisse être intermittent du spectacle. Avec les Goulamas’k on n’avait pas assez de dates. Forcément vu notre parti pris, engagements politiques, notre défense des langues occitanes et en général, ben forcément tu ne vas pas jouer partout et tu n’as pas assez de date pour y prétendre. Alors on a créé la fanfare et on a pensé que là où les Goulamas’k ne pourront pas aller, la fanfare y aura accès. En contrepartie on fait une fanfare un peu rock avec la « Bella ciao » notamment. Même si ça fait 16 ans qu’on tourne avec les Goulamas’k ça ne nous permet pas de vivre.

DRF : J’ai entendu dire que les Goulamas’k s’essayaient à l’électro avec « Les diables de la Garrigue » c’est quoi le concept ?
Fred : Ça c’est un projet qui est fini pour l’instant. Mais rien n’est définitif. C’était trop lourd. On avait un gros char, il nous fallait 7 heures de montage, 5 heures de démontage pour 1h30 de spectacle. On est arrivé à un moment où l’argent réservée à l’art de rue était en diminution et on privilégiait les grosses structures, comme Royal Delux. Mais c’est toujours dans nos têtes et ce n’est pas mort on verra ce qu’il se passe.

DRF : Donc deux groupes et demi, une tournée des familles, vous trouvez du temps pour écrire le prochain album ?
Fred : oui bien sûr. Personnellement il n’y a pas un jour où je n’écris pas. En fait j’ai quitté l’école j’étais en 3e j’étais une vraie branque et à 30 ans j’ai découvert que la branque ce n’était pas moi mais eux qu’ils n’avaient pas su me faire découvrir ce qu’il y avait de meilleur en moi. Et depuis j’écris sans cesse.

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DRF : Allez, des questions à la con pour finir : Quel est ton premier souvenir musical ?
Fred : je dirais une fête du Parti Communiste et c’était Charlebois, c’était le jour de Allemagne Hollande en finale de la coupe du monde j’avais 12 ans.

DRF : Le premier album que vous avez acheté
Fred : C ‘était « O Gringo » de Lavilliers

DRF : Les futurs projets du goulamas ?
Fred: là on enregistre, on va faire un clip vidéo et le prochain album pour l’année prochaine.

Merci à Christophe de l’opportunité, merci à Fred des Goulamas’k de sa disponibilité, et merci à Eric pour les photos.

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