Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, Corrosive Elements c’est qui, c’est quoi?

RACHID : Le groupe est né en 2005. On voulait se faire plaisir et le but était de jouer du Death Thrash, bien old school. On ne s’est pas trop éloigné de ça au fur et à mesure des années. Même si on essaie d’amener d’autres influences : du hard rock, du heavy métal ou du punk. Ca reste malgré tout très Thrash Death, fin 80 début 90. 

On a, comme de nombreux groupes, subi beaucoup de changements de line-up et nous avons eu la chance que chacun apporte sa pierre à l’édifice. On est encore là, 11 ans après, et nous sommes contents car nous sommes allés plus loin que ce l’on pensait faire à la base.

Votre line-up actuel est stable depuis combien de temps?

RACHID : Il est stable depuis 2015. Depuis le changement de bassiste qui est désormais notre ingé son. On reste en famille.

Niveau production, vous avez un EP (Chaos Unleashed) et un album (Toxic Waste Blues), sur la longueur ce n’est pas énorme?

BRICE : Non mais les différents problèmes de line-up y sont pour beaucoup.

RACHID : Et puis, nous avons eu des changements de vie. Certains points ont fait que nous avons du faire un break de deux ans et demi. Et puis d’autres projets et quelques soucis internes…

BRICE : Et un petit hiatus de 2 ans pour retrouver nos marques…

RACHID : Quand nous sommes revenus, nous étions sur la même longueur d’onde: optimiser l’énergie. Et il y a eu des opportunités …

Comme le Hellfest en 2016, par exemple?

BRICE : Le Hellfest, oui, c’est ce qui a plus ou moins relancé le groupe. On a sorti l’album et le Hellfest est devenu l’objectif. On a fait des concerts et puis le Hellfest, c’était le gros truc. On a été sur la même scène que Katatonia et Paradise lost,

C’était excellent pour nous. Ca a passé hyper vite. On a fait 30 minutes. 30 minutes de bonheur.

RACHID : On a partagé l’affiche avec des supers groupes. Super souvenirs. 

On a des goûts très éclectiques et, malgré ça, on se retrouvait à certains concerts. On a été voir des groupes de stoner, des vieux groupes Thrash, on s’est fait plaisir.

BRICE : On est cinq bonhommes avec différentes influences et goûts et on arrive à se retrouver.

C’est vrai qu’il y a des différences d’âges assez marquées au sein du groupe?

BRICE : On est les 2 plus vieux là, 35 et 37 ans.

RACHID : Nous sommes les plus old school. Les autres sont plus ouverts. Ce n’est pas que nous soyons fermés mais ils ont une plus grande ouverture d’esprit, vers des styles plus modernes. Ils sont plus ouvert au noise, au hardcore. Des choses que nous n’écoutons pas. Ils aiment la nouvelle scène, la scène alternative. Moi, je suis plus de la scène alternative des années 90. Ce qui se fait maintenant, je suis largué.

BRICE : Moi je suis un vieux con de thrasher des années 90, c’est vraiment mes influences.

Du coup, niveau compos, tout le monde participe où est-ce réservé aux vieux schnoques ???

RACHID : Jusqu’à présent, ça a été surtout moi. Je voulais garder un certain esprit. J’arrive avec des « squelettes ».  Je n’impose pas un morceau complet parce que je ne suis pas guitariste. Il va donc falloir qu’à un moment les gratteux corrigent les riffs. On fait les arrangements tous ensemble, tout le monde met la main à la pâte.  Je pense que, pour le prochain, ce sera plus collaboratif.

Et puis, deux ans avec un line up stable à bouffer des dates, je pense qu’on va bien s’éclater pour le deuxième album.

Le fait d’être en région parisienne (je connais un petit peu les difficultés pour avoir accès à des locaux de répètes) ne vous empêche pas de répéter régulièrement?

RACHID : Avant on avait un créneau fixe. On l’a toujours, en secours. C’est bien de sortir de ses marques pour se préparer pour la scène. Surtout comme aujourd’hui où tu as des timings hyper serrés. Il faut que tu saches t’installer rapidement. Jouer sur un matos sur lequel tu n’es pas à l’aise. Sinon, on a la chance d’avoir un home studio. C’est un luxe en région parisienne. On est tous maximum à une demi heure les uns des autres. Ca se gère bien. Même si, depuis peu, notre bassiste est parti vivre au Mans.

BRICE : On communique beaucoup aussi. 

RACHID : Il y a aussi des différences dans les rythmes de vie. Certains sont parents, d’autres en début de vie professionnelle, on arrive à bien s’organiser, c’est ce qui fait que ça marche super bien.

BRICE : On s’entend super bien. On parle tous. C’est un groupe vraiment soudé. Il y a, bien entendu, des tensions, c’est normal, ça fait partie du truc, mais on arrive toujours à se retrouver. Il y a une super cohésion.

Avec l’expérience que vous avez, ça permet peut-être de poser les choses plus simplement?

RACHID : Ils nous apportent le côté téméraire quand, des fois, on leur dit : «Tu es sûr? ». Ils nous ont fait faire des concerts avec des groupes qui ne sont pas forcément de notre scène. On était un peu réfractaires et puis, finalement, ça nous a ouvert. On a pu découvrir des groupes, garder contact avec certains et c’est génial, ça nous fait découvrir d’autres perspectives.

En terme de projets, évidemment continuer à promouvoir l’album?

RACHID : Je pense que nous sommes à la fin. On finit l’année avec la promo de l’album et on va se mettre vraiment sur la composition pour faire le deuxième album assez vite.

BRICE : Il nous reste deux dates, deux petits festivals. Après, ça va être de la composition en vue du deuxième album, on aimerait bien le sortir en 2018, c’est l’objectif. On a des idées, il faut que tout se mette en place.

RACHID: Tout le monde a des idées. Tout le monde est prolifique. Il faut juste qu’on définisse la ligne directrice.

En discutant avec les autres membres du groupe, j’ai appris qu’il y aurait, peut-être, une tournée en Algérie?

RACHID : C’est un projet qui n’est pas encore tout à fait finalisé mais qui s’annoncent bien.  Je suis issu de cette scène là. Ca fait 14 ans que je vie en France mais, il faut savoir, que j’ai commencé la musique là bas, il y a plus de vingt ans. C’était la fin des années de terrorisme. On avait besoin d’un exutoire, d’exister, besoin de se lacher. On a trouvé le métal qui nous a permis de sortir des sentiers battus. C’est ça qui nous a aidé à passer le cap. J’ai fait le choix de venir en France. Je voulais continuer la musique et je suis content parce que ça tourne plutôt bien.

BRICE : On a, d’ailleurs, fait quatre dates avec un groupe de potes algériens, LELAHELL.

RACHID : Je connais le leader depuis une vingtaine d’années. on est en contact et on a d’autres projets. Personnellement, je veux vraiment apporter quelque chose à la scène locale. Donc, il y a beaucoup de projets qui vont être divulgués au fur et à mesure. Le but est surtout d’apporter un coup de projecteur sur eux parce qu’il n’y a aucune couverture médiatique. Il y a bien eu un article sur un journal, mais c’était ponctuel. Il faut savoir que les metalleux, là-bas, ne sont pas branchés politique. Ils veulent juste vivre tranquille, vivre leur passion… Le problème, c’est que les médias, quand ils décident d’en parler, c’est tout de suite : « Vous en êtes où par rapport au pouvoir? Comment vous vous situez? ». Bah non, moi je veux juste être tranquille. On a passé dix ans à ne pas vivre. Tu sortais le matin avec le risque de ne pas rentrer le soir à cause des attentats. Malheureusement, on commence à le vivre en Europe.
Nous l’avons vécu, il y a une vingtaine d’années. Ca a été très très difficile de garder une vie normale. Avoir des passions, des hobbies, c’était juste du luxe.
Les algériens veulent vivre tranquillement. Plus de problèmes. Quand ils finissent le taf, pouvoir se détendre, aller voir un film, ils n’ont pas envie de faire de politique.

C’est toujours : les mosquées, les femmes voilées, les mecs avec la grosse barbe. Les intégristes. Il y en a, on ne va pas se le cacher. Mais il y a des gens normaux qui sont démocrates et qui ont des idées très ouvertes, très modernes. On ne les montre pas parce que ça ne fait pas parti du folklore, pas sensationnel…

Petite anecdote. On avait été interviewé par Tracks. Ils avaient fait un dossier sur le métal algérien. Ils sont venus où on habitait. On était étudiant. On avait le luxe d’habiter dans un appart entre potes, tous les membres du groupe, c’était pratique. Au bout d’un moment, le journaliste me dit, « je suis déçu, j’ai l’impression d’être dans un squat de punks à Londres plutôt que d’être dans un pays du Maghreb, je vois pas où est le couscous »

Vive les idées reçues! On leur a servi des bières. Ils étaient surpris. Mais, celui qui veut boire de l’alcool, il en boit, c’est tout. Il faut sortir le dimanche, il faut arrêter avec les idées reçues. Il ne faut pas regarder la télé, ça abrutit!

Au niveau de ton état d’esprit, ça t’arrive de transcender ça au travers de Corrosive Elements ? Est-ce un moteur?

RACHID : Corrosive Elements est une continuité de cet état d’esprit que j’ai toujours eu depuis que je suis capable d’avoir une réflexion personnelle, une réflexion propre et dans Corrosive Elements, on partage la même chose.

BRICE : On partage les mêmes envies.

RACHID : La religion est souvent critiquée dans le metal. Mais ce n’est pas la religion qu’il faut voir comme ennemi, c’est plutôt les gens.

BRICE : C’est ce qui reviendra dans les textes du le prochain album.  Ce sera une critique de la société, pas de la religion.

RACHID : Il ne faut pas chercher de prétextes quand les gens sont cons. Ils sont cons, c’est tout. Ce que je veux dire : on n’a pas de religieux dans le groupe. On s’en fout. Ca ne fait pas parti de nos priorités. On respecte ceux qui pratiquent et qui n’emmerdent pas les autres. C’est personnel la religion, voilà!!!

Brice, c’est toi qui écrit tous les textes ?

BRICE : Non, sur le premier album, je suis arrivé au milieu de la composition. Les 3/4 des textes étaient écris. Sur le prochain, je serai un peu plus présent. J’ai pas mal écrit en amont. Ne manque plus que la musique pour mettre tout ça en place.

RACHID : Les textes seront très humanistes.

BRICE : Ouais. Et puis, un petit peu : réveillez -vous! bougez-vous le cul! Indirectement, sans les nommer, il y aura des petits clins d’oeil à l’actualité, tu vois ce qui se passe en ce moment. Quand tu regardes BFM, il y a de quoi faire. Juste faire la part des choses sur ce qu’on nous montre, ce qu’on nous dit.

Dernière question, nous n’avons pas abordé le sujet de la bière Corrosive Elements. D’où est venue cette idée?

BRICE : Je suis un grand amateur de bière, de bonne bière. J’étais un peu sceptique. Je l’ai goûtée et j’ai dit un grand ‘OUI’. Elle est vraiment bonne. C’est Thomas Becket qui la fait. C’est une bière fabriquée par des brasseurs en Bourgogne, elle est excessivement bonne, goûtez-la.

Alors qu’elle soit bonne, c’est une chose, mais pourquoi une bière? Quand tu viens au concert, le cd, il tient dans la poche. Le t-shirt, tu peux le prendre sur toi. Mais la bouteille de bière, tu la mets où?

BRICE : On donne des sacs (mdr)

RACHID : Nous, c’est vraiment pour le côté collector. Et puis, c’est une bière qu’on a choisi, qu’on a goûté. On sait que c’est une asso qui est derrière, une asso qui se nomme PYHC. Des bons gars. Ils l’ont fait avec les Witches avec qui on a joué quelques fois. Il y a eu Slave One aussi. Le truc, c’est qu’on ne va pas la vendre par correspondance. C’est ce qui nous plaît. C’est le côté contact avec les gens après nos concerts.

Eh bien merci d’avoir répondu à mes questions et à bientôt. 

Merci à toi et au Daily Rock 

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