Si le nom d’Émile Bourgault reste encore méconnu du grand public québécois, ce dernier connaît une montée fulgurante sur la scène musicale. À peine âgé de 20 ans, l’auteur-compositeur-interprète s’est vu déjà couronné de deux prestigieux prix dans la dernière année, en 2023, en remportant le concours Ma Première Place-des-Arts et celui du Festival international de la chanson de Granby. C’est le 5 avril 2024 qu’il lance son premier album complet intitulé Tant mieux.

Réalisé par Félix Dyotte (Evelyne Brochu, Pierre Lapointe, Chinatown), Tant mieux est un mélange de pop, de folk et de rock imprégné de mélancolie, mais aussi de soleil printanier. L’ambiance s’annonce léchée avec Juillet, qui démarre l’album avec entrain et légèreté. Déjà, on est frappé par la maturité artistique du jeune artiste originaire de la Rive-Sud. S’enchaînent des chansons munies de lignes mélodiques solides et soutenues par des arrangements organiques particulièrement bien garnis auxquels on compte des instruments à cordes, des guitares électriques et acoustiques, du piano droit et même de l’orgue. Une variété de style émane de tous ces instruments. On se laisse charmer par l’air de bossa-nova sur L’alinéa, ou bien par J’imagine, qui par le rythme de batterie et ses chœurs procure une petite touche Motown qui en fera chanter et danser plus d’un. Soulignons la présence du saxophone, interprété par Florence Beauquier-Léger, qui s’impose carrément comme une accroche jusqu’à en devenir indissociable des chansons qui en bénéficient, assez pour évoquer Gerry Boulet et son célèbre disque Rendez-vous doux. De même que sur la pièce Nœud coulant, balade rock aux effluves des années 1970 et d’Offenbach, qui piquera la curiosité des nostalgiques du groupe légendaire.

La deuxième partie de l’album se veut plus épuré, plus sombre. On se laisse émouvoir par le très joli duo avec Sofia Duhaime sur Nos amours cimetières, dont les timbres de voix opposés, accompagnés du piano droit, s’harmonisent à souhait. Cet élan, moins dense, se transpose aussi sur L’oreiller tout comme sur Tant mieux (pour toi). D’une voix douce, feutrée et éraillée, Émile Bourgault chante avec délicatesse et élégance, il signe l’entièreté des paroles sur huit des dix pièces. Il marie son écriture poétique avec le joual et quelques jurons échappés qui détonnent, mais cela ne nuit pas à l’ensemble. Car, de toute évidence, les chansons laissent entendre que le finaliste des Francouvertes 2022 fût bercé de culture francophone et que l’esprit de la chanson québécoise, traditionnellement parlant, s’incarne dans la démarche artistique du jeune auteur-compositeur-interprète.

Il y a dans les dix pièces de Tant mieux une fébrilité et des idées bien canalisées qui font de l’œuvre sa plus définie. Par les influences québécoises qu’il dégage, ce premier album complet démontre que Émile Bourgault possède l’âme d’un rockeur dans la peau d’un chansonnier.

4/5

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