De passage en Alsace en cette fin de tournée, nous avons pu discuter ouvertement avec le chanteur du groupe , Al Barr, de différents sujets: musique, politique, associatif… !!! Autant dire que le bonhomme a de quoi causer au vu des 30 min d’interview au lieu des 20 mn accordées.

 

DRF : Tout d’abord, Al, merci de nous accorder un peu de temps juste avant de monter sur scène pour les balances. Cet album est votre neuvième depuis le début de votre carrière en 1996, mais c’est le premier que vous enregistrez en dehors de votre zone de confort, c’est-à-dire en dehors de Boston. Tout d’abord pourquoi ce choix? Ensuite travaille-t-on de la même façon que lorsqu’on a l’habitude de travailler pas très loin de chez soi ?

Al : Cette décision est justement liée à ta seconde question. On avait ce train-train: aller en studio pour quelques heures, rentrer chacun chez soi pour s’occuper de ses enfants et de sa femme…enfin de reprendre une vie normale. Cela avait pour effet de causer une rupture dans le processus de création. Donc on a pris la décision de quitter cette zone de confort pour aller nous enterrer a 40 km en dehors de El Paso Texas, au milieu de nulle part dans un super studio. Du coup, on a pu travailler sans discontinuer et les seuls moments d’interruption étaient pour manger et se reposer. On se retrouvait donc comme dans un cocon !

DRF: Est-ce que le fait de vous retrouver 24h sur 24h ensemble a changé quelque chose au sein du groupe ou dans le monde de fonctionnement pour l’enregistrement ?

 Al : A mon avis tous les albums des DM sont différents bien que la patte est toujours présente, mais je pense que cette créativité en continue a donné lieu au meilleur album des DM à ce jour. Pour te dire, l’expérience a été si concluante que pour les prochains albums on fera de même. En ce qui concerne l’ambiance dans le groupe, le membre le plus récent est arrivé il y a 9 ans, moi il y a 19 ans et Ken qui a fondé le groupe, 21 ans. Donc beaucoup de groupe ne survive pas à cette longévité. Ce qui prouve qu’il y a une bonne ambiance et osmose entre les membres et du coup, se retrouver enfermés tous ensemble pendant un certain temps n’a posé de soucis à personne. Si DM en est là c’est grâce à chacun des membres du groupe.

DRF: Concernant votre musique, du pur Punk Celtique, on y sent quand même une petite influence de The Pogues. Ont-ils été une influence pour vous ?

 Al : Quand les DM ont commencé en 1996, ils étaient les seuls à faire ce genre de musique et ils n’étaient que 4 dans le groupe, sans tous ces instruments celtiques. Le terme de irich punk rock est venu du guitariste Rock Barton qui répondait cela à tous ceux qui lui demandait de définir le style musical du groupe. Ceci-dit nous respectons les Pogues qui étaient un groupe Irlandais qui faisait un peu de punk musicalement, mais ils en avaient pour sûr l’attitude. Je peux affirmer que ce style a été créé par les DM et je peux le dire sans soucis car je n’étais même pas le premier chanteur du groupe. Aujourd’hui on voit fleurir tous les jours des groupes faisant ce style de musique.

DRF:Mais faut il être absolument irlandais pour jouer ce style musical ?

 Al : Là encore, chez les DM tout le monde a du sang celtique dans les veines, pas comme la plupart des groupes qui se montent actuellement et qui sont américains. Pourtant là n’est pas la question. Le plus important c’est qu’ils aient la foi dans ce qu’ils font. Nous nous considérons aussi comme un groupe américain et nous ne tirons pas de profit ou d’avantage de nos racines.

DRF: Certains membres du groupe sont issus du mouvement Oï, que représente ce mouvement en 2017 ?

Al : Matt (batteur) et moi-même venons de ce mouvement-là. Je vois le monde aujourd’hui comme un père de 3 enfants qui est assez vieux pour avoir connu le mouvement punk quasiment à ses débuts. Lors de la seconde vague au début des années 80. A cette époque, la musique Oi¨et Street Punk étaient une mode, et la musique des  »Skinheads », venait de Grande Bretagne. Ce sont les médias qui ont détourné le mot  »skinhead » en en faisant un synonyme de racisme, car ils ont trouvé un certain nombre d’individus racistes arborant le même mode vestimentaire que les skinhead et tout vient de là. Mais tu verras que c’est incompatible quand tu sais que les racines de la Oï musique et le Ska sont en Jamaïque. Parmi les Skinheads des années 60 il n’y avait pas de lutte de races mais plutôt une lutte des classes. Pour moi, ce mouvement était un mouvement d’ouverture et non pas de replie sur soi. Et quand ce mouvement est arrivé aux USA via des groupes comme Agnostic Front, ils se sont toujours battus, noir et blanc, Skin et Punk contre le système. Mais c’est la presse qui a tout foutu en l’air, comme encore de nos jours.

DRF: Sur scène vous reprenez très régulièrement « TNT » d’AC/DC. Pourquoi ce titre?

 Al : Nous la reprenons en effet, mais pas que celle-ci. On reprend aussi « It’s a long way to the top ». En fait, nous sommes des fans inconditionnels de ce groupe, et d’ailleurs quand Brian Johnson a dit qu’il mettait un terme à sa carrière à cause de ses problèmes d’audition, il y a eu un vote en Australie pour savoir qui pourrait le remplacer. La première place disait que personne ne pouvait le remplacer par contre, je suis arrivé juste derrière, cétait dément! Je n’ai ensuite pas eu d’appel et sincèrement je n’y croyais pas non plus, mais c’était un honneur pour moi d’avoir été élu par le peuple australien comme celui qui remplacerait Brian.

DRF: Admettons que tu aurais eu le job, qu’aurais-tu fais ?

Al : Le groupe aurait voulu que je le fasse car cela aurait donné une nouvelle dimension aux DM. Cependant je n’aurais fait qu’une tournée car mon groupe reste quand même les DM. Le groupe avait besoin d’un chanteur avec une classe internationale comme Axl Rose.

Et bien que j’étais l’un des premiers à critiquer ce choix et à penser qu’il allait tout foutre en l’air,  je dois retirer tout ce que j’ai dis et lui tirer mon chapeau car il a fait un boulot extraordinaire. Je l’avoue,  j’avais tort.

DRF: On va parler un peu de politique si tu veux. On dit que la musique n’a pas de frontière mais que penses-tu de la politique que mène Trump en fermant les frontières, de manière, économique, sociale et même en visant ouvertement certains pays ?

Al : Si on doit parler politique il va falloir que je me prépare, je vais chercher une bouteille d’eau.(Rires).

Trump a pris le pouvoir alors qu’on était en tournée en dehors des US. Je suis donc les infos via les médias, mais je n’ai pas confiance en eux, je ne crois pas plus en Trump d’ailleurs. C’est toujours la même rengaine, même quand Obama est devenu Président. D’ailleurs en parlant de lui, je voulais juste faire un petit aparté. Tous les pays qui ont été banni par Trump, ont tous été bombardé par Obama, prix Nobel de la Paix, et pas une seule voix ne s’est élevée pour critiquer cela.. S’il y a autant de réfugier c’est tout d’abord car nous les avons bombardé tous les jours, et que ces malheureux en ont marre de voir mourir leurs proches.

Alors je ne suis pas pro-Trump, mais je dois admettre que c’est le premier président qui met à exécution ses promesses de campagne. Obama ou Clinton avaient le même point de vue sur l’immigration clandestine et les étrangers, mais eux l’ont fait plus diplomatiquement sans stigmatiser certaines nations, comme le fait Trump. Et c’est là son erreur. On ne peut pas mettre tout le monde dans le même sac. Regarde, la religion musulmane est la plus répandue sur Terre, si vraiment ils étaient tous dangereux et si on avait un problème avec eux, je pense qu’on le saurait depuis le temps. Mais ce n’est absolument pas le cas. Lorsque les médias font en sorte de vouloir nous faire peur à tout prix voilà ce qui arrive. Sache que moins de 8% de la population américaine a un passeport et donc ne voyage pas, ils sont  nourris par les messages de peur véhiculés par les médias. Et ces messages nous sont véhiculés  depuis le 9/11. On arrive à contrôler les gens par la peur. La musique comme tu l’as dit n’a pas de frontière et c’est ce qui nous sauvera et nous unira. C’est pour cela que je continue à en faire. Tant qu’il y aura des gens pour se battre, il ne pourra pas mettre à exécution tous ses projets, car notre système ne le permet pas. Notre système en est là car Obama a augmenté le pouvoir du président, car il voulait passer ses lois au détriment du Congrès dont il n’avait pas le soutien. Maintenant Trump va en profiter. Comme je te l’ai dit je suis père de 3 enfants et je voudrai qu’ils grandissent dans un monde meilleurs, même si tous ceux qui parlent d’amour sont assassinés, comme le pasteur Martin Luther King, Ghandi, ou encore John Lennon. Peut-être que tu ne me reverras plus après avoir déballé tout cela !!

DRF: Dernière question, Ken (Bassiste) et les DM en général, êtes fortement impliqués dans une fondation appelée Claddagh Fund. De quoi s’agit-il exactement ?

 Al : Le groupe a toujours prôné l’entre-aide entre les gens. Que ce soit obtenir un billet pour un fan qui voulait aller à un de nos concerts sold out, à quelqu’un qui a besoin de sous pour une opération qu’il ne peut se payer. Chaque fois qu’on nous a demandé d’intervenir pour une entreprise charitable nous l’avons fait. Cette fondation a été créée parce qu’avec le succès du groupe nous ne pouvions plus intervenir directement comme nous le faisions auparavant, mais nous pouvons le faire maintenant au travers de cette fondation. Du coup, la Fondation profite de la popularité du groupe et peut récolter de plus en plus de fond. Par exemple, le lendemain de l’attentat du marathon de Boston, nous avons mis en vente des T-shirts dont les fonds seraient dédiés aux familles des victimes et en moins d’une semaine nous avions réunis 400 000 $. Cela a pu être distribué rapidement car nous avons le contrôle du système. Cette Fondation nous rappelle d’où on vient, que la fraternité et l’entre-aide est toujours possible à partir du moment qu’on le veuille. Je ne veux pas que les gens nous regardent en disant que nous sommes devenus des rockstars et que l’on se fout du reste du monde. Alors on intervient dans différents cas, comme le viol d’enfants, ou les retour des Vétérans de guerre et actuellement nous luttons contre les fléaux de la drogue pour éviter les morts par overdose. 53000 personnes sont mortes l’an dernier d’overdose. Ce n’est pas rien! 

On manque d’humanité actuellement, des familles quittent leurs pays car ils sont bombardés, ou y a-t-il de l’humanité pour le peuple palestinien, ou y a-t-il de l’humanité pour les refugiés ? C’est comme tu le dis, une humanité sélective, mais nous ne pouvons pas trier qui on doit aider. Malheureusement, notre système politique est corrompu et ce n’est pas près de s’améliorer. Si Bernie Sanders était passé, les choses auraient pu s’améliorer, mais que ce soit Clinton ou Trump il n’y en a pas un pour rattraper l’autre.

Pour conclure cette Fondation représente l’état d’esprit du groupe. Cette main tendue aux nécessiteux est possible, et cela nous permet de nous regarder tous les jours dans la glace et de nous dire que l’on fait quelque chose de bien et d’utile, non seulement grâce à la renommée du groupe, mais aussi grâce aux fans qui se retrouvent dans notre mode de pensée.

Merci à Roger ( Replica )

 

NK

 

http://www.dropkickmurphys.com

 

http://www.claddaghfund.org

 

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