1971, dans un décor verdoyant, 150,000 hippies sont venus assister aux performances de groupes hallucinants, sous la surveillance attentive d’une armée de biker patibulaire. Non je ne me suis pas trompé de date , et l’événement que je viens de vous décrire n’est pas le festival Woodstock, ou le début du catastrophique concert d’Altamont.

Nous sommes en Angleterre, sur la fertile colline de Glastonbury, qui réunit la crème de l’underground anglais. On peut y entendre Gong déployer ses décors hallucinés , Hawkwind embarquer le public dans ses délires paranoïaques, et les Pink Fairies balancer leur tonitruant rock plein de distorsions.

Au milieu de tout cela, un Bowie qui commence seulement à trouver sa voie débarque en tenue de dandy excentrique. Entre deux rock sombres, tirés du trop peu connu « The Man Who Sold The World » , Bowie fait découvrir l’album qui constitue son premier pas vers la gloire, « Hunky Dory ».

C’est donc un Bowie en pleine construction qui cherche à séduire les hippies ce soir-là, tant les titres de « Hunky Dory » contiennent la classe et la finesse glam qui feront sa gloire quelques mois plus tard. Il n’est donc pas étonnant que, après avoir dévoilé des performances issues de la période funk puis berlinoise de l’artiste, l’industrie du disque se penche sur son retour sur le festival anglais en 2000.

L’événement avait une forte portée symbolique, une façon de boucler la boucle plus de vingt ans après la naissance de sa légende. On a ainsi eu droit à une campagne de publicité implacable, décrivant cette performance comme « le meilleurs concert d’un artiste à un festival ». Cette affirmation péremptoire oublie un peu vite les exploits des Who à l’Isle de Wigh, et quelques prestations entrées dans l’histoire un soir d’été à Woodstock. Mais le coté symbolique de cette date était plus qu’attirant.

De plus, la setlist est impressionnante, et nous propose un véritable voyage dans la carrière de l’artiste. Comme pour faire un autre clin d’œil au passé, la guitare lourde d’Earl Slick semble convoquer le fantôme de Mick Ronson.

Cette puissance fait des merveilles sur les titres les plus radiophoniques de sa carrière, comme sur « Let’s Dance », et sa superbe intro bluesy. Elle donne aussi un coup de fouet au passage funky, comme ce « Stay » boosté par une série de solos minimalistes.

Du coté de la voix, Bowie continue de s’affirmer comme un des chanteurs les plus séduisant du rock, impression confirmée par son interprétation impressionnante de « Life On Mars », sans doute la meilleure qu’il ait produite. Les choses se compliquent sur «Station to Station ».L’homme a quelques difficultés à poser sa voix, le groupe cherche le bon tempo pendant quelques secondes, puis tous prend forme sur les premiers crescendos, comme si la vieille magie s’était juste permis un petit caprice.

Elle recommencera sur « Heroes », tube ultime de Bowie, où la lourdeur des riffs d’Earl Slick produisent une intro grasse et irritante. Heureusement que le refrain, doté de distorsions plus supportables, est propulsé par un Bowie impressionnant de classe.

Puis, après que Nirvana en ait fait un tubes acoustique, Le caméléon pop rappel qu’il reste l’auteur de « The Man Who Sold The Word » , à travers une version tout en finesse électrique. Ajoutez à cela le stonien « Rebel Rebel », et les hymnes glams que sont « All The Young Dudes » et «Ziggy Stardust», et vous obtenez le noyau dur d’un live impeccable. Ces derniers titres sont joués dans une version très respectueuse de l’original, mais avec assez de conviction pour emporter la mise.

Conscient d’avoir réussit son coup, le dandy anglais referme sa prestation sur une version presque hard rock de «I’m Afraid of Americans », perle méconnue issue de son inégale discographie récente.

A défaut d’être aussi historique qu’annoncé, « Glastonbury 2000 » est une excellente célébration de la carrière de Bowie, et sans doute un de ses meilleurs lives.

http://glastonbury.davidbowie.com/

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