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Notre époque donne la parole à n’importe qui , offre l’opportunité au grand public de se prendre pour Lester Bang, en prenant juste le temps de balancer deux lignes assassines sur un site de ventes en ligne. Le phénomène a pris une telle ampleur que Rock et Folk en a fait un article il y a plusieurs années, nous donnant un aperçu de ces « perles » péremptoires.

Le problème est que, si les jugements négatifs sont utiles pour cerner la vision du rock que propose les quelques blogueurs français , qui effectuent un travail aussi formidable que peut reconnu, sur des sites comme Amazon il se résume à un simple travail de sape.

La série d’attaque dont fut victime Beth Hart eu au moins le mérite d’interroger le lecteur sur sa vision du blues, genre que la belle pratique depuis quelques années avec une finesse assez éloignée de la verve de Janis Joplin, éternelle icone du blues féminin. Sortie il y a peu, son dernier live ressuscitait une vision plus cool du blues, un feeling langoureux servi par une guitare ressuscitant le fantôme de Mike Bloomfield, alors que Beth Hart entretenait des mélodies grandiloquentes que n’aurait pas renié BB King.

Le disque était foncièrement rock, la guitare y tenant un rôle prépondérant, en faisant oublier l’absence d’un Bonamassa partie creuser le sillon du hard rock. Comme pour beaucoup de virages radicaux , « War in My Mind » commence par un titre apte à rassurr les fans. Boogie blues survolté s’ouvrant sur des cœurs gospels, « Bad Women Blues » permet à Beth Hart de prendre le costume de la femme fatale, salope magnifique qui inspira aux pionniers du Mississipi leur plus beau blues. On saluera au passage ce riff, qui résonne presque comme un adieu à un rock puriste que Beth ne répétera pas sur la suite de l’album.

Le piano prend rapidement la place de la guitare, qui se contente de soutenir discrètement la mélodie de « War in My Mind », la ponctuant de notes percutantes qui sont autant de respirations entre deux transes langoureuses. Quant Beth hausse la voix, c’est pour emporter la douceur vers des sommets plus enivrants, la guitare et le synthé montant avec elle dans une longue transe nostalgique. Le procédé n’est pas neuf , Led Zeppelin ayant déjà produit ce genre d’ascension musicale, mais la bluesmen a remplacé l’épique explosion finale par une séduisante envolée lyrique.

Plus dépouillé encore, « Without Word in the Way » , est une simple ballade au piano d’une pureté émotionnelle émouvante. Oui , comme annoncé sur la pochette , le piano est au centre de ces titres , la guitare ne servant le plus souvent qu’à garnir ses mélodies d’une finesse rythmique qui augmente la puissance de ses mélopées. Arrivée à maturité, Beth Hart développe une variété musicale qui justifie largement son statut de « futur du blues ». Les cœurs gospels de « Let It grow » renouent avec la splendeur trop méconnue du gospel rock de Don Nixx, et ce n’est pas un petit compliment.

Après un tel ascenseur émotionnel, « Try a Little Harder » est une pause jazzy bienvenue, d’autant que la performance vocale de la chanteuse est toujours aussi lumineuse dans ce registre plus léger. Puis on repart dans des contrées plus douces. Sur « Sister Dear » , les notes tombent comme les larmes que semblent illustrer le chant habité, et les violons ont pris la place de la guitare électrique pour emmener le titre au nirvana. Un monument à la gloire du feeling et de l’inventivité des grand héros de la musique américaine, voilà ce qu’est ce disque. « Spanish lullabie » s’affirmant ensuite comme un véritable rock de mariachi doté du charme de la belle Espagne.

« Rub me for luck » renoue avec la puissance contenue de « War on my mind », cette splendeur allant crescendo sans jamais exploser dans un chaos libérateur, comme si sa beauté était déjà un aboutissement. Et puis , avec un producteur comme Rob Cavallo , il était impossible que la bluesmen ne s’aventure pas sur les terre de la pop. Elle s’y essaie donc avec classe sur sugar shak , mélange de rythmique carrée et de refrain irrésistible que n’aurait pas renier Fleetwood Mac.

Lorsque les dernières notes de l’album résonnent, on comprend pourquoi ce disque provoqua une série de commentaires aussi assassins. Certains voient le blues comme leurs grands-pères voyaient le folk, et voudraient préserver une formule qu’ils pensent immuable. Leur caste avait hurlé au blasphème quand Dylan sorti sa guitare électrique , elle s’insurge ici contre cette musicienne qui fait clairement tout pour toucher le grand public. Elle agit ainsi comme une femme jalouse qui ne voit que l’outrage qu’elle pense subir.

Pourtant, ce disque se dévoile un peu plus à chaque écoute , sa variété épanouissant aux oreilles des auditeurs les moins bornés. Et , si Beth Hart est la reine du blues, c’est bien parce qu’elle est une des rares artistes capable d’atteindre ce niveau de fraîcheur.

 

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