Avec ses allures de Cavern Club de Liverpool version romande, La Parenthèse dégage une atmosphère particulière, une ambiance calfeutrée, tamisée, très intime, idéal pour accueillir des prestations artistiques ! l’établissement fondé en 2008 dans le centre de Nyon peut se targuer d’avoir vu passer dans son antre un nombre considérable d’artistes de tous bords puisque la scène peut à la fois servir de support à des pièces de théâtre, à des expositions mais surtout à des concerts avec énormément de musiciens ayant fait leurs armes au sein de ce lieu si singulier ! En attendant d’y voir jouer les nouveaux Beatles, nous avons pu nous entretenir avec Benjamin Zumstein, gérant de la Parenthèse pour une discussion centrée sur cette période interminable qui met le milieu culturel à rude épreuve.


Comment allez-vous et comment vivez-vous la situation actuelle?

Nous avons fermé début mars 2020 pour une réouverture de 2 soirs en septembre avant une autre fermeture. La situation est très difficile car nous avons quand même certaines charges à payer. Au niveau du booking, debooking et rebooking, je crois que nous avons fait plus de 200 changements; nous tablons maintenant sur un retour si tout va bien avant la pause estivale avec comme décision de faire jouer des groupes CH.

Avez-vous reçu des aides et en êtes-vous satisfait ? Est-ce que vous vous sentez soutenu et appuyé ?

Nous avons reçu le crédit COVID (10% du CA) ainsi que les aides au loyer du canton de Vaud (1 loyer en mars et 40 jours en novembre/décembre). Nous attendons la réponse à notre dossier cas de rigueur du canton. C’est très compliqué pour tous les domaines; nous avions l’impression d’être les parents pauvres mais nous avons été pro actifs avec des meetings avec la ville de Nyon ainsi que la région de Nyon pour expliquer la situation, la gestion à l’interne de la crise ainsi que nos sentiments quant à une réouverture hypothétique. Nous remercions ces deux institutions pour leur écoute et leur aide. Nous avons aussi discuté des aides annuelles avec le comité afin de mettre en place un think tank pour la saison prochaine; les aides reçues et non utilisées lors de cette saison vont être en déduction de notre prochain budget.

Craignez-vous que la pandémie dure plus longtemps que prévue ? Comment est-ce pris en compte ? comment vous organisez-vous en conséquence ?

Nous pensions pouvoir ouvrir en mars 2021, mais rien n’est moins certain avec les derniers chiffres ainsi que ceux de nos pays voisins. L’organisation est bicéphale avec une sarl qui gère le bar, la patente, les salaires et l’association les charges des concerts. C’est plutôt au niveau de la sarl (qui soit dit en passant paie aussi pour l’association quand elle est en positif) que cela devient très compliqué. Nous avons fait un prêt interne afin de pouvoir voir venir les prochains mois mais au-delà nous allons dans le mur même avec une réduction drastique de nos charges. Nous saluons et remercions au passage notre propriétaire Tony et Mimi Lerch (le fondateur de Caribana) car ils ont aussi fait beaucoup afin de réduire au maximum nos coûts.

L’arrivée prochaine des vaccins peut-elle jouer un rôle important à l’avenir dans l’organisation de grands événements ? Et y a-t-il un risque que le vaccin devienne obligatoire pour les grand concerts ?

Je ne pense pas pouvoir répondre à cette question n’étant pas épidémiologistes. Une étude sur le terrain en Espagne montre un risque faible de contagion mais les sujets étaient négatifs… Pour ce qui est des grands concerts après une vaccination massive, les études doivent encore être menées. Une obligation de se faire vacciner n’est pas dans la loi en Suisse. Les organisateurs vont-ils imposer un passeport de vaccination ? Ledit vaccin sera-t-il effectif contre les nouvelles souches ? beaucoup de questions et très peu de réponses.

Vous vous êtes engagés sur des dates précises en 2021, avez-vous prévu des alternatives (des plans b ou c…) s’il vous est impossible d’organiser vos événements dans les conditions habituelles ?

Oui nous avons continué de prendre des dates en 2021. Le plan B avec les mesures sanitaires ne nous permet pas de faire un concert ( moins de 10 personnes présentes) et surtout de gagner notre vie (enfin juste rentrer dans nos frais); en effet ouvrir pour perdre encore plus d’argent n’est pas un choix cohérent. Nous parlons avec les autres associations de la région pour des concerts en extérieur pour par exemple d’inauguration d’une œuvre d’art dans la parc Gübler à Nyon avec Hapax 21. Le festival les Hivernales veulent aussi nous aider lors de cette journée. Nous remarquons une envie de tous de se serrer les coudes et avancer ensemble; nous pensons que cela va ouvrir d’autres perspectives et offrir au public de nouvelles possibilités dans les prochaines années.

Quels seront les conséquences à long terme de cette crise pour vous ? Et pour l’industrie musicale en général ?

La culture est bien plus qu’un divertissement c’est un art de vivre. Nous faisons le dos rond afin de pouvoir passer cette crise mais ce ne sera malheureusement pas possible sur le long terme. L’industrie musicale souffre énormément bien qu’en Suisse et ailleurs d’ailleurs les artistes ont aussi un autre travail alimentaire, travail également et souvent négativement impacté par cette crise. Nous parlons de concerts et artistes, mais c’est aussi des techniciens, des sociétés comme Hyperson pour la matériel, des agents, des bookers, des barmaid et barman, de la sécurité, du nettoyage. Tout ce petit monde qui œuvre pour la musique et l’art en général passe des moments catastrophiques. C’est souvent des dizaines d’années qui finiront pour certains en peau de chagrin. C’est triste de voir une industrie comme celle de la musique, chère à toutes et à tous, qui se meurt.

Comment voyez-vous l’avenir ? Peut-on toujours se lancer dans des projets ambitieux ?

Comme expliqué plus haut, les grands paramètres ne sont pas de notre ressort; c’est une question d’urgence sanitaire. Quant à des projets ambitieux, pourquoi pas mais encore faut-il pouvoir survivre.

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