Paléo a fait son grand retour cette semaine et a offert un petit lifting au terrain. Parmi les nouveautés, Belleville, une scène entièrement dédiée à la musique électronique. Focus sur un festival dans le festival.


“Daniel Rosselat est allé à Tomorrowland en Belgique et il est revenu avec des étoiles plein les yeux. Il disait: ‘il nous faut une scène qui ne soit pas juste simple et basique, mais une scène avec son propre décor, sa scénographie, son univers’” raconte Mathieu Monnier, programmateur du Paléo. Ainsi s’est concrétisé un projet que l’équipe du festival avait en tête depuis quelques années.

Une scène qui ne fait pas les affaires du rock

À l’annonce de la programmation, les fans de rock se sont forcément posé la question, au moins pendant un court instant: et pourquoi pas une scène rock? Allons-nous voir moins d’électro sur les autres scènes et donc plus de rock ou d’autres styles? Des questions assez vite balayées par Mathieu Monnier: “On crée la programmation selon les opportunités qu’on a. On aimerait avoir plus de rock, mais on a besoin d’un nom fédérateur et on est loin d’avoir tous les artistes qu’on voudrait.”

Il explique aussi qu’à Belleville, l’électro dit “grand public”, l’electronic dance music (David Guetta, par exemple), n’est pas représenté. Il y aura donc toujours des DJ sur les autres scènes, au détriment d’autres styles. S’ajoute à cela la réalité économique: le rock est moins vendeur aujourd’hui.

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Juste là, le portrait de Belleville n’est pas très réjouissant. Et pourtant.

Déjà, la scène est magnifique. À mi-chemin entre un soleil, un tournesol ou un crabe avec une couronne (c’est selon l’appréciation des festivaliers), on la remarque depuis le parking avec ses couleurs criardes. À la nuit tombée, ce sont les LED qui se chargent de faire impression. Les lumières s’animent, en rythme avec la musique, créant un véritable spectacle. C’est comme pour KISS en début de festival, on s’arrête pour voir le show, même si on n’est pas fan de la musique.

Le spectacle lumineux de Belleville a émerveillé le public du Paléo. ©Alessia Merulla

“On est un festival généraliste et on sait qu’on a plein de publics différents. Donc pour attiser la curiosité et faire en sorte que les gens s’intéressent et découvrent les différents courants de la musique électronique, il fallait quelque chose qui en jette” explique Mathieu Monnier. D’autant plus que cette programmation électro n’avait pas été dévoilée lorsque les billets ont été mis en vente. Il fallait donc aller chercher un public qui n’était vraiment pas venu pour ça.

Et ça marche ! Chaque soir, il y a certes les connaisseurs qui pogotent devant la scène. Mais il y a aussi celles et ceux qui sont attirés par les lumières, qui s’arrêtent “juste deux minutes, pour voir” et qui finissent par se trémousser. En plus, d’un DJ set à l’autre, on passe parfois du coq à l’âne. Sur une semaine de festival, même les plus réticents y trouvent quelque chose à leur goût. 

“C’est reparti pour un tour”

La musique électronique au Paléo, c’est une histoire de longue date. “Ça a commencé début 1990 avec la scène techno de Détroit” se remémore Mathieu Monnier. À l’époque, c’était un genre de niche. Au fil du temps, le Paléo a vu cette musique évoluer, se diriger vers des sons plus “populaires” pour atteindre le haut de l’affiche et réunir des dizaines de milliers de personnes sur la Plaine de l’Asse.

Mais en dehors de l’electronic dance music, les genre plus “pointus” de la musique électronique restent méconnus des non-initiés. C’est justement ces genres là que Mathieu Monnier, qui avait carte blanche pour la programmation de Belleville, a choisi de mettre en avant. 

Billx est l’artiste qui a enregistré le plus de spectateurs sur la scène de Belleville. © Alessia Merulla

Et c’était un pari gagnant! “On imaginait que ça allait prendre une année pour que les gens adoptent vraiment cette scène mais dès le premier soir c’était un super succès!” a déclaré Jacques Monnier, lui aussi programmateur du festival, lors de la conférence de presse de clôture. S’il avait apparemment été question de changer chaque année le style de musique représenté à Belleville, avec cette réussite, ce n’est plus d’actualité. “On peut vous confirmer qu’on repart pour un tour l’année prochaine” a annoncé Michèle Müller, responsable communication et presse du Paléo. Et Mathieu Monnier d’ajouter: “L’affluence sur certains concerts extrêmes, comme Billx, donne envie de se diriger vers des artistes plus pointus pour 2023.”