Eh oui ! Alors que Coroner était un pilier du thrash helvétique dans les années 90, une pause de quatorze ans a remis les compteurs à zéro. Les Zurichois reviennent en 2025 avec leur sixième album « Dissonance Theory » et un nouveau batteur.

Nous voici en compagnie de Coroner, le meilleur groupe de thrash suisse !

Tommy : C’est surtout une question de goût. Certains pourraient dire que Celtic Frost ou Samael sont les meilleurs groupes suisses. Après, c’est vrai que Celtic Frost et Samael sont des groupes dark, mais nous sommes plus thrash.

Votre premier album est sorti en 1987, le dernier en date souffle ses 32 bougies, et maintenant vous sortez « Dissonance Theory » (oct. 2025). Comment cet album s’est-il créé ?

Oui, ça fait 32 ans depuis le dernier album, car le groupe a eu un hiatus de quatorze ans ! Nous nous sommes reformés en 2011, juste pour faire quelques festivals et une petite tournée. Nous avons fait cela pendant deux ans et ensuite Marky nous a dit qu’il souhaitait quitter le groupe, qu’il en avait assez. Deux ans, c’est assez pour passer de bons moments sans en être dégoûté. Ron et moi discutions justement de refaire un album, mais Marky ne voulait pas, il avait peur que cela affecte notre réputation et a donc quitté l’aventure.

En 2016, nous avons signé un deal avec Sony Music et Century Media. On voyait bien qu’il y avait une forte demande de la part des fans, et d’autres labels ou managements nous faisaient de l’oeil. Tout le monde attendait un album ! Mais ce n’était pas le bon moment, les aléas de la vie nous ont mis des bâtons dans les roues. Des proches sont morts. Mon père est mort. Le père de Ron est mort. Je suis passé par un divorce, etc. Et puis, il y a eu la pandémie. J’ai mis mes priorités sur des choses différentes. J’ai construit un énorme pedalboard, qui était bien trop lourd pour le prendre en tournée ! Je pense que j’ai aussi pas mal procrastin.

Tu sais, quand tu dois sortir un album, surtout après toutes ces années, c’est un grand poids à porter. Le principal problème était que j’avais un travail à temps plein. Passer une journée entière en studio à enregistrer des groupes, ça ne te donne pas envie de rester dans ton studio pour écrire des trucs pour toi. Quand je rentre chez moi, je n’ai pas envie d’écouter du metal, ni même d’y penser. Ma femme écoute du metal, je ne supporte pas ça ! (rires)

 
Un jour, j’ai pu prendre du temps pour moi, je suis parti seul en montagne et Diego m’a rejoint quelques jours plus tard. On avait une semaine pour faire quelque chose. Ensuite, chacun des musiciens a dû prendre du temps pour venir en studio et enregistrer ses parties. Et surtout, on voulait faire le meilleur album possible.

Qu’est-ce qui est le plus important pour toi lorsque tu composes un album ?

En termes de production, je savais très vite ce que je voulais, un son et une production moderne, mais ça doit être fait correctement. Donc ma vision était un son moderne avec une approche plus rétro. Je pense que cet album a ça en lui. Nous avons pris beaucoup de temps pour enregistrer, on cherchait vraiment à ce que le son et le rythme soient parfait. C’est peut-être ça qui fut le plus important pour moi.

Tu as un titre préféré sur ce nouvel album ?

Ce n’est pas une question facile. Pour moi, tout l’album est une seule entité. Quand le label m’a demandé de choisir deux singles, j’ai détesté cette idée, je voulais que les gens voient cet album comme un tout. Malheureusement, c’est ainsi que fonctionne l’industrie musicale.  Mais si je devais en choisir un seul, je dirais « Renewal », parce que c’est le premier morceau que j’ai composé et le dernier fini. Pour le reste, c’est comme si les parents préféraient un enfant à l’autre. Ce serait bizarre.

Diego : Tu as raison, cet album est un voyage. Tu découvres des mondes, des univers, des ambiances, et c’est ça qui est important. Que l’album soit compact, complexe, c’est ça qui est le plus important. Je ne peux pas te dire si je préfère ce morceau plutôt qu’un autre, je n’écoute pas cet album comme cela, je l’écoute les yeux fermés ;  je démarre et finis mon voyage.

Ron : Vous avez tout dit. Cet album est un voyage.

J’ai vu les statistiques sur YouTube pour les deux clips, « Symmetry » et  « Renewal », qui totalisent environ 500’000 vues au total. Que pensez-vous du soutien que vous recevez des fans ?

Tommy : C’est absolument fou ! On savait qu’on avait quelque chose de bien, parce qu’on a pris du temps et qu’on a travaillé dur.


Ron : Je n’ai jamais pensé qu’il allait être si bien reçu ! (rires). Les réactions et les critiques sont excellentes. C’est clair que quand tu sors quelque chose tu te dis toujours que c’est bien, mais pas à ce point. C’était une surprise pour nous, on était assez tendus et un peu nerveux à l’idée de réussir notre come-back comme nous le voulions.

 
Lequel de ces deux clips a été le plus difficile à réaliser ?

Les deux ! Nous avons filmé en hiver, en Pologne, et il faisait froid. Nous devions rester là, dans une salle sans chauffage, en t-shirt à essayer de jouer les doigts gelés. Et puis nous avons eu un énorme problème. Alors que les deux clips étaient presque terminés, le label nous a demandé si on avait utilisé l’I.A. On en avait aucune idée et les réalisateurs n’ont pas pu nous donner de réponse satisfaisante, donc on a dû tout recommencer à zéro. C’est cela qui nous a donné l’idée d’un monde post-apocalyptique.

Après, faire un clip n’est pas facile. Tu dois refaire les mêmes choses des dizaines de fois, changer d’endroit, tout refaire instrument par instrument. On a même fait un clip dans une boulangerie où il faisait terriblement froid !

Vous venez de Zurich et avez vu la scène metal helvétique évoluer. Comment la trouvez-vous ?

Il y a une scène, mais on s’en fiche. Il y a d’autres groupes, comme Samael, ils font leur truc, nous faisons notre truc. Je ne pense pas à la scène suisse, mais à la scène mondiale.

Quel est votre pays préféré en matière de concert ?

Il y en a tellement. La France, on aime bien, la Grèce, le Brésil et même l’Italie aussi. La nourriture est très bonne là-bas. C’est un beau pays et les fans sont géniaux. Les fans sont la chose la plus importante pour nous.

Vous allez partir en tournée tout prochainement. Comment vous sentez-vous ?

On se réjouit de présenter cet opus. On a l’impression que c’est notre premier album et, d’une certaine façon, c’est vrai. On a pris de l’âge, nous sommes des personnes différentes. De plus, on a plein de choses de prévues, surtout avec notre label qui nous pousse vraiment à faire ce que nous voulons. On a quelques festivals qui sont déjà confirmés comme le Rock Hard en Allemagne, Alcatraz, Brutal Assault, … Et quelques dates aux USA aussi.

Diego, comment c’est de jouer avec Tommy et Ron?

Diego : Ce sont d’excellents musiciens, un peu trop doués à mon goût ! (rires) Mais cela signifie aussi un challenge permanent. Le nouvel album est relativement technique, donc je dois me surpasser au quotidien. « Dissonance Theory » est un album extrême, rapide, technique, avec plein de changements de polyrythmie, des ambiances… Pour un musicien c’est incroyable car tu peux tout développer.

Et pour vous, qu’est-ce que ça fait d’avoir Diego dans le groupe ?

Tommy : On se sent super bien, même si Marky était un super batteur, il avait son propre style qui était intéressant. Avec Diego, c’est différent, car nous sommes amis de base, il a aussi enregistré pas mal de fois dans mon studio, et il s’est bien approprié mes folles idées. Pour moi, le batteur est la chose la plus importante d’un groupe, donc il était essentiel d’avoir quelqu’un comme Diego.

Vous avez un message à faire passer à vos fans ?

On espère que les lecteurs auront le même plaisir d’écouter l’album que nous de le faire. Je veux dire, ce n’est pas de la musique « fast-food », l’album n’est pas accessible au premier abord et pour le comprendre, il faut s’asseoir et l’écouter attentivement, ce n’est pas une musique à mettre en musique d’ambiance.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.