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Dans les années 70 et 80, en dehors du son en lui même, le rock était aussi une affaire d’attitude, qu’elle soit rebelle, androgyne ou les deux à la fois. C’est en ce sens que vont éclore bon nombre de groupes qui seront sans le vouloir l’incarnation d’une certaine jeunesse dépourvue de tout opportunisme. On peut citer parmi eux les Velvet Underground, les New York Dolls (avec un peu plus tard les Heartbreakers de Johnny Thunders), T-Rex, David Bowie, Roxy Music…
Maintenant que vous voyez où je veux en venir, il me parait important de préciser qu’il ne faut surtout pas se tromper sur la marchandise, Strange Kicks vaut bien plus que la case nostalgie dans laquelle on chercherait hâtivement à le ranger. Sugar Sugaar n’a pas à ma connaissance d’équivalent en France…son rock fougueux, flamboyant et maniéré n’ayant d’égal que sa poésie perfectible et ils possèdent un son qui leur confère une grâce contribuant au charme et à la magie de cet album.
Un charme qui opère dès les premières notes et une magie qui repose sur la combinaison de moments légers et efficaces avec des mélodies à la fragilité touchante. Sans chercher la formule gagnante à tout prix, ils cultivent à travers les onze titres qui composent cet opus une imparfaite perfection, jouant sur la réjouissante futilité d’un son rétro, pour mieux nous séduire avec des compositions subtiles et patinées par un décalage artistique qui n’appartient qu’à eux.
Les membres du groupe n’ont peur de rien et l’audace paie…ils font délibérément le choix d’une orientation musicale désuète et l’opération séduction est en marche. Au passage, ils ne commettent aucun outrage et les chansons s’enchainent parfaitement pour nous consumer tout naturellement de par leur capacité à s’imprimer directement dans notre inconscient. L’action thérapeutique n’est pas à démontrer et Strange Kicks s’impose en fin de compte comme le parfait manifeste d’un rock sans complexe et la forme de dépendance qui résulte de son écoute en signe l’éternelle actualité.
Fatalement attachant et tout en nuance, le trio parisien s’affirme avec une maitrise sans faille et assume un côté vintage qui promène l’auditeur dans une époque féconde en projet artistique. Après une telle démonstration, il devient légitime de se demander si cette musique est vraiment hors du temps et passée de mode. Pour finir, une citation d’un confrère (dont j’ai oublié le nom) qui disait à propos d’un album du Velvet Underground : Le posséder sans même l’écouter suffit au bonheur !

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