Séquelle de Folk
Séquelle de Bluegrass

S’achevait la tournée du plus important groupe québécois de sa génération, pour deux dates, dans un Mtelus déjanté et assoiffé. Depuis déjà dix ans que je tiens cette chronique entre les pages du Daily Rock Québec, et sans contredit, le groupe que j’ai le plus souvent couvert ou mentionné, avec une pluie d’éloge, est les QRBP. Et ce, même si je ne suis pas le plus grand fan de leur œuvre. Leur apport, et les transformations engendrées à la scène musicale, sont plus grands que ce que nous pouvons imaginer. Tout comme les Cowboys Fringants deux décennies plus tôt, la culture minoritaire francophone d’Amérique du Nord, en restera marquée au fer rouge. C’est plus qu’un simple groupe de musique, c’est une métamorphose socio-culturelle profonde et marquante qui laissera sa trace dans la neige (mon pays c’est l’hiver), pour les générations subséquentes.

En ouverture, le groupe Petunia a tenté de réchauffer une salle à moitié pleine. Ce fut une tâche ardue, même si leur style Country aurait pu convenir pour ce type d’événement, le public qui les découvrait a semblé être un peu déconcerté face aux compositions trop léchées à leur goût. Ce fut tout de même pour plusieurs, une agréable découverte d’un groupe à surveiller.

Les troubadours de Bad Uncle et leurs comparses du Cirque de la Gorgone ont suivi avec un spectacle qui n’a laissé personne indifférent. Les performances de cirque ont captivé l’auditoire du tout au tout. Ce même auditoire qui pourtant était venu entendre de la musique s’est laissé prendre au jeu. Certaines performances de cirque ont carrément fait s’éteindre le plancher de danse alors que tous les yeux étaient rivés sur les performances. Par moments sexy, trash, artistique ou plus classique, chacun des artistes a ajouté sa touche au spectacle pour rendre l’ensemble totalement absorbant. À la limite, ceci pourrait faire foi d’une certaine critique constructive, les performances de cirque sont parfois venues obnubilées les chansons. Je n’ai malheureusement ce matin pas grand souvenir des pièces interprétées ni d’aucune mélodie, mais je me souviens parfaitement bien de l’homme fort qui s’est fait lancer des dards dans le dos. Ce fut très agréable et surprenant mais peut-être que le dosage est à revoir. Et pour ajouter en précision, le constat que j’ai fait du premier spectacle semble avoir fait l’unanimité au sein de la production puisqu’un certain réaménagement, plus que bénéfique, eut lieu pour la deuxième soirée, alors qu’on a tenté dans la mise en scène de remettre un peu plus le groupe en avant-plan. Ce fut, dans l’ensemble, plus que captivant. On souhaite ardemment que l’expérience puisse se renouveler ce qui aura comme conséquence de créer un meilleur amalgame entre les performances de cirque et les chansons d’une incroyable efficacité d’un groupe d’expérience de la scène locale. Les programmateurs de festival en recherche d’événements marquants et originaux devraient se garrocher là-dessus.

Les Québec Redneck ont pris d’assaut la scène devant un public en liesse pendant deux heures sans interruption. Même si la foule était un peu plus restreinte lors du deuxième spectacle, l’ambiance fut tout aussi chaotique que le premier soir. Les «gawas» se sont fait entendre bruyamment tout au long de la veillée principalement lors des performances des plus grandes pièces du groupe Chu ben plus cool sua brosse, T’as-tu tué et Pantera Artic Cat Triple 800 entre autres. Ils enchaînent succès après succès avec une cohésion digne des plus grands noms de la musique. Les punks d’antan se sont professionnalisés et sont devenus une machine de guerre inébranlable et inéluctable. Le groupe est tellement efficace que c’en est déconcertant. Les apartés menés par JP LePad Tremblay m’ont semblé moins vulgaires qu’à l’habitude; moins de sacres, moins d’invitation à la débauche, etc., ce qui a mon sens est un point positif même si ça fait partie de la proposition artistique et qu’on s’y attend. QRBP est bien plus qu’un groupe festif qui donne soif et donne envie d’essayer la mescaline. La proposition, tout en étant moderne, en est une du terroir, bien enraciné au sol, dans sa culture et dans sa langue.

Texte: David Atman

Photo d’archive

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