L’histoire que je vais vous raconter, vous la connaissez déjà…largement avant l’avènement d’internet, de la musique que l’on trouve partout, qu’on écoute rapidement et que l’on consomme à la va-vite, il y a eu les années 60-70. Une époque qui a peu de choses à voir avec celle d’aujourd’hui : on copie, on reproduit, on contrefait, on plagie de manière discrète ou indiscrète en oubliant la signification de l’identité. Pour secouer ce monde qui ne tourne pas rond et pour ceux qui possèdent une culture musicale proche du néant, les parisiens de Moke’s nous proposent une séance de rattrapage.
Fondé à Paris et composé de membres issus de milieux musicaux différents, leur musique se veut passéiste et ils gagnent le pari d’un son électrique faussement énervé, simplement poussé par des mélodies intelligemment construites. Ils ramènent leur rock vintage résolument avant-gardiste, tout en regrettant cette période prometteuse qui a vu fleurir tant de talents. Le groupe s’ancre parfaitement bien dans l’air du temps et nous donnent sans le vouloir un bulletin d’information comme quoi les trentenaires n’écoutent pas que Linkin Park et Avril Lavigne (gros soupir).
Sans changer le cours de l’histoire du rock-rétro moderne, ils savent de quoi ils parlent et nous offrent ici cinq titres qu’il est urgent d’écouter. La qualité des compositions y est très homogène et les écouter, c’est revenir à une expérience originelle où l’amour du riff bien senti était primordiale. On pouvait craindre le stéréotype, la figure imposée mais on a l’impression au contraire qu’ils touchent à un filon inépuisable et qu’ils le travaillent avec justesse.
Leur ambition simple et démesurée est de restituer la dimension primitive et savante d’une musique qui est à la fois un moment d’histoire et un art vivant. Ce moment qui précède juste l’explosion punk 76/77. Cet EP ne doit pas être envisagé comme prétentieux ou comme pompeux, juste comme un bon vieil album de rock qu’il est. Mais encore fallait-il le faire avec talent. Et c’est là qu’interviennent ces quatre musicien(ne)s qui pourtant n’ont absolument pas pour but d’être l’incarnation même d’un Black Sabbath ou d’un Led Zeppelin mais qui avec ce côté nostalgique saura trouver une place de choix dans le cœur des amateurs de rock sincère et authentique et donnera un coup de bonus à vos playlists.
A signaler aussi la belle pochette, simple et complexe à la fois qui nous renvoie au côté passéiste du groupe, tandis qu’à l’intérieur…le son, le chant, les guitares, tout est juste parfait. Du heavy rock posé mais pas endormi avec une pointe sèche de stoner pour une pluie de fraicheur qui nous tombe dessus sans crier gare. Leur démarche honnête mérite un bon traitement et laisse entrevoir un potentiel énorme.
