Dans l’histoire de la musique que nous aimons ici, Jeff Healey est sans doute un des meilleurs artistes que le Canada ait pu porter jusqu’à nos oreilles. Guitariste de génie, à l’aise aussi bien dans le Rock, le Blues ou même le Jazz, il a disparu prématurément le 2 Mars 2008 des suites d’un cancer. Il avait 41 ans.
Aveugle, il aura marqué l’histoire par son style si particulier, la guitare posée sur ses jambes. Puis, emporté par la musique, il se mettait à danser sur scène, toujours avec la même aisance au bout des doigts. Cette aisance qui lui a valu très rapidement la reconnaissance des grands avec qui il a eu l’occasion de jouer : Eric Clapton, Stevie Ray Vaughan ou encore Marcus Miller et Dr John, deux artistes avec qui il a joué en 1988 une version tout simplement prodigieuse de « See The Light » sur le plateau de Jools Holland. Un grand moment.
Plus communément, vous avez pu entendre parler de Jeff dans le film « Roadhouse » avec Patrick Swayze, pour avoir largement figuré sur la BO, ainsi qu’une apparition dans le film, notamment lors de la bagarre dans le bar. Et comment ne pas évoquer la reprise de George Harrison, « While My Guitar Gently Weeps », qui a popularisé son art, bien au-delà des frontières du registre dans lequel il a majoritairement évolué ?
Quelle est donc notre surprise que celle de découvrir la sortie d’un nouvel album le 25 Mars prochain, pour ce qui aurait été le cinquantième anniversaire du regretté musicien.
Que trouvons-nous donc dans cet album ? Une production très loin de ce qu’on aurait pu trouver par exemple sur l’album « Feel This », sorti en 1992, avec un son de guitare avec beaucoup de chorus et un son un peu plus au fond des enceintes. Ici, il n’en est rien et on peut déjà remarquer un ensemble instrumental et vocal beaucoup plus présent.
Pour ce qui est de l’artistique, c’est du Jeff Healey, aucun doute là-dessus. On y retrouve ses influences, notamment un incontestable côté hendrixien dès le morceau d’ouverture de l’album « Daze Of The Night ».
La guitare est agressive, bousculée. Le jeu solide du musicien est tout simplement un plaisir à redécouvrir. Le morceau que je retiendrai particulièrement se trouve à mi-parcours avec le titre « Please », du Blues Rock moderne qui nous rappelle à quel point Jeff Healey reste actuel malgré tout.
Pour le reste, je n’ai pas repéré de grosse surprise. Le canadien fait ce qu’il savait faire et le disque s’inscrit, de ce fait, dans la complète continuité du travail engagé jusqu’à sa disparition.
Sans donc être une révolution, « Heal My Soul » raisonne comme un hommage à un homme de talent, parti bien trop tôt parmi les héros déjà au ciel. Les fans y trouveront certainement leur bonheur. Pour les autres, je vous invite tout d’abord à découvrir le best of de l’artiste sorti en 1998, qui revient sur l’ensemble de l’oeuvre de Jeff Healey, ainsi que les performances comme celles de Montreux, avant d’écouter ces 12 titres.
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