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DRF: ENSLAVED est né en 1991, quel regard portez-vous sur le parcours du groupe ?

Grutel : Je pense que nous avons fait du chemin depuis 91, mais là encore ce fut une très belle période. La scène est devenue totalement différente, spécialement ici en Norvège, c’était très petit et très Underground. Quand on a commencé, il n’y avait pas d’internet, de téléphone portable. Les seuls moyens de communication que les groupes avaient à leur disposition, c’était les Fanzines, les lettres, les mix tapes et les coups de téléphone. Malgré tout ça, en 92, on a réussi à trouver un label pour nous signer après le sortie de notre EP : « Yggdrasill ». La musique que nous avions composée à l’époque était plus dure, plus primitive, plus brute. Mais, vous pouvez entendre les traces d’une progression plus avant-gardiste, même sur les premiers enregistrements. C’était l’univers d’Enslaved au début et nous ne sommes jamais revenus en arrière. Nous n’avons pas envie de nous répéter, alors on préfère avancer et s’ouvrir à de nouveaux horizons. Le mot clef est développement, constamment développé. Nous avons toujours osé être originaux et ça a payé, ça nous a donné le respect et la crédibilité au niveau de la scène musicale. Nous avons beaucoup changé depuis le commencement, mais nous sommes toujours Enslaved et nous avons toujours le cœur à l’ouvrage.

DRF: Vous sortez votre 13ème album  » In Times « , comment et pourquoi avez-vous écrit cet album et de quoi traite-t-il ?

Ivar : Il a été écrit en Novembre 2013 et Septembre 2014, enregistré en septembre 2014, mixé le mois suivant et finalisé en Novembre 2014.
Il a été enregistré dans trois studios différents à Bergen. Suite à cela, on a voulu aller à l’extérieur dans la forêt de « Valevåg » pour y enregistrer des sons naturels et apporter quelques petites touches expérimentales. Le mixage et le mastering ont été faits au Fascination Street Studios, Ørebro Suède.

Pourquoi avons-nous fait cet album est une bonne question. Je suppose que nous pensions que les gens l’aimeraient, le label le pensait aussi, il pensait même que les gens l’achèteraient. Mais, la raison la plus profonde pour laquelle nous avons écrit cet album, je ne la connais pas. Pourquoi diable non ? On s’est dit « buvons quelques verres et écrivons un album ».

Après, c’est plus un thème pour l’album qu’un concept-album. D’ailleurs, celui-ci est déjà révélé dans le titre. C’est à propos du temps et du temps au sens très large. Le temps comme une entité physique, le temps où nous existons psychologiquement : le passé, « le présent » et l’avenir, le temps comme un ingrédient mythologique, le temps comme des portails magiques, le temps comme un consolateur et une source de crainte …

DRF: Qu’avez-vous voulu faire de mieux que sur  » Riitiir » ?

Grutle : Tout bien sûr ! Mais, nous avons été vraiment satisfaits de la façon dont nous avons enregistré « Riitiir », donc nous avons essentiellement essayé d’affiner un peu la méthode. Avant les enregistrements de « Riitir », nous avons décidé de retourner enregistrer en live pour la première fois depuis beaucoup d’années. Nous avons enregistré les batteries, la basse et la guitare rythmique d’Ivar, le tout simultanément.
Nous avons fait ainsi pour essayer d’ajouter une approche plus organique et dynamique aux choses. Donc, il est enregistré en live dans le studio et cela ressemble beaucoup à un vrai groupe ! Nous avons décidé d’utiliser cette formule et maintenant nous connaissons les pour et les contres de ce mode d’enregistrement.

DRF: Tu t’occupes de l’intégralité de la composition ou tu laisses libre court à la créativité commune?

Ivar : Je suis responsable de toutes les compositions, tandis que le reste du groupe participent aux arrangements quand c’est nécessaire par rapport à leur chant. Cependant, je développe les compositions dans une direction qui s’adapte aux styles des autres types et ce de plus en plus; ainsi, il y a de moins en moins de vœux pour des modifications, quand je présente de nouvelles compositions.

D’autre part, ce n’est pas que je ne laisse pas tout le monde contribuer; c’est « une scène ouverte, si quelqu’un d’autre veut essayer d’ écrire quelque chose – on le considérera de la même façon comme mes compositions: à tout moment, quelqu’un peut protester s’il pense que mes chansons ne se tiennent pas à notre ligne de conduite dans ce cas c’est lui qui apportera l’idée. J’évalue certains points, nous avons décidé collectivement que ma création était la plus proche de ce que nous considérons comme « le son Enslaved ».

DRF: Pourquoi avoir choisi d’enregistrer dans deux studios différents ?

Grutle: Eh bien, il y a en réalité cinq lieux d’enregistrement différents (rires). La raison principale est que nous voulions une GRANDE pièce pour des enregistrements Live et « Herbrand » et le « Ice’s studio » sont beaucoup trop petits pour de tels enregistrements. Deuxièmement, j’aime enregistrer mes chants en co-production avec IverSandøy’s. Le studio, tandis que le « Herbrand » et le « Ice’s » jouissent de leurs contributions dans leur propre studio.
Ivar a enregistré le synthé et des guitares principales dans son propre studio. Ivar et le Iver ont enregistré des effets sonores, le chant, les chœurs etc… A l’intérieur et à l’extérieur de ma maison de campagne personnelle aussi, dans les bois.

DRF: Parle nous de la pochette. Dans un premier temps, j’ai trouvé ça poétique, un peu comme la pochette du dernier Pink Floyd  » The endless River » ?

Merci beaucoup. Bien qu’il ait une signification légèrement différente de « The Endless River » (superbe album d’ailleurs). La couverture est une vision de notre musique et des paroles et dans l’autre sens à cet égard, la musique est la bande sonore de la pochette. Il y a beaucoup d’allusions dans les paroles penchant vers les symboles qu’on retrouve dans l’illustration. C’est un titre ouvert, tout comme « le temps » est un thème très ouvert. Mais, je ne serais pas grossier vis-à-vis des fans, des passionnés qui aiment à interpréter ce qu’ils voient. C’est tout ce que je dirais ici et maintenant ! Aimez les mystères ! Disons juste qu’il contient les sujets de mythologie, des runes, la vie, la mort, la psychologie, la magie et la perte.

DRF: Ça fait maintenant 10 ans que le Line-up de Enslaved est stable, ça permet d’être beaucoup plus créatif et appliqué sur l’élaboration de votre album ?

Oui ! C’est exactement cela en fait. Quand vous avez travaillé aussi étroitement que nous l’avons fait sur six albums, quelques sorties à côté, des centaines de concerts et fait tout le tri des fixations bizarres; vous développez non seulement un fossé solide, vous définissez une dynamique au sein d’un groupe. Mais, vous développez aussi une compréhension profonde, vous savez comment les autres pensent la musique – en particulier, la musique que vous tous jouez ensemble.
Ceci me permet de composer de la musique que je pense être bonne et espère relever les défis pour aller dans ce sens.

DRF: Comment as- tu vu évoluer la scène norvégienne Black Metal depuis tout ce temps ?

Ivar: Je dois être honnête et dire que je n’ai pas vu beaucoup de développement, plutôt la stagnation et au mieux quelques mutations intéressantes. Pour moi, « De Mysteriis Dom Sathanas » et « une Flamme dans le Ciel du Nord » sont TOUJOURS les œuvres de maître et personne ne s’est rapproché de ces classiques. Bien sûr, il y a des pro des spectacles sur scène, les vrais fous, les true, plus sataniques que jamais, mais où est l’évolution musicale dans le Black Metal ? Maintenant, la Norvège a un groupe « ancien » qui fait toujours du réel Black Métal et innove dans sa musique en allant toujours un peu en avant : Taake. Le reste n’est pas du Black Metal et n’en a jamais été (comme Enslaved). Des groupes se séparent puis se reforment juste pour des raisons financières. D’autres reviennent pour être pris artistiquement sérieusement, ou essayent simplement de devenir des groupes à succès commercial. Mais, ils y réussissent rarement.

DRF: Est-ce que Enslaved a été considéré à tord comme un groupe de Black Metal car au vu de « In times  » si je prend la carrière du groupe en cours de route, je me dis que c’est plus du Métal un peu Black et très prog ?

Nous n’avons jamais été un groupe de Black Métal et nous n’y aspirons pas. Alors, tu as raison dans un sens en admettant qu’on se donne le titre de groupe de Black Métal. D’ailleurs, le Black Métal n’est-il pas l’assemblage de beaucoup de styles ? Si nous devions nous catégoriser nous opterions pour « Extrême Métal ». Le Métal Extrême est l’influencé autant par le Black Métal que par le Prog, mais je ne nous qualifierais d’aucun des deux. Si les gens veulent nous étiqueter Prog, c’est bon, mais c’est tout de même étrange de se faire cataloguer. Comme si on disait, on fait du « Smart Métal » ou quelque chose dans le genre (rires). La personne qui se proclame intelligente, l’est très rarement.

DRF: Vous allez certainement venir en Europe, vous avez des festivals de prévus, des dates en France ou en Suisse ?

Grutle : En 2015, on viendra ça c’est sûr. Les premières dates seront au Canada et aux États Unis, puis il y aura les festivals tant en Norvège qu’en Europe. En automne, nous visiterons l’Europe et je pense la France. Mais pensez à contrôler notre page Facebook

DRF: Actuellement, il y a quoi dans votre lecteur MP3 ?

En ce moment, je ne l’utilise pas mais dernièrement, il y avait : City Boy (Angleterre) Saft (Norvège) et Banco Del Mutuo Soccorso (Italie).

Enslaved

Merci à Hugo

 

 

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