Pour les mecs de The Black Dahlia Murder (TBDM), ni la subtilité, ni la procrastination ne sont des qualités que l’on retrouve. Et pour ce 7e album (toujours chez Metal Blade), après un Everblack que la plupart des gens ont salué mais que j’ai finalement trouvé un chouilla en deça de « Nocturnal » ou de « Ritual » (Album vraiment excellent mais qui passe après deux sus-cités), un live qui m’a laissé sur ma faim (l’éternel débat des DVD/CD’s live trop courts …) et un EP qui tue, les américains ont mis les petits plats dans les grands, avec rien que Mark Lewis pour la production, lui qui s’était occupé de « Nocturnal », et l’ukrainien Daemorph pour la pochette, soignée, sympa, mais bien plus violente que les précédentes. On sent que les mecs ont voulu passer une étape, chose accomplie.
Peu de choses ont changé pour le groupe originaire de Détroit. Le point faible d’ « Everblack » avec ses quelques moments mid-tempo ont été effacés pour de la brutalité et du rentre-dedans pendant les 37 minutes de l’album, mis à part « Stygiophobic ». C’est épuré, et la durée de l’album va bien, on n’a pas la sensation indigeste d’un album de death metal trop long. Et il en faut de la digestion parce dès le titre d’intro « Receipt » et son successeur « Vlad, Son of the Dragon » on en prend plein la tronche. Les riffs sont là pour attraper les oreilles des auditeurs et de ne pas les lâcher, tel un pitbull qui te choppe un enfant dans une crèche.
La rapidité et la maîtrise, tant des musiciens que de ce bon vieux Trevor, qui tant sur ses modulations que sur son débit me fait dire que c’est l’un des meilleurs vocalistes du genre « death-melo-machin ». Les ponts et les breaks sont mieux placés, plus aboutis que sur les albums précédents, ils sont aussi plus redoutables, et ne cassent pas la dynamique d’un titre ou qui viennent comme un poil de couille sur la langue, comme sur « Abysmal » à 1’48 (Tu le sens pas venir le parpaing dans la face) et le cassage de nuque sur « Receipt » et sa première partie de solo à 2’14. Maîtrise qui s’explique par la stabilité du line-up depuis Everblack (surtout pour un groupe qui avait tendance à changer de membres comme Aborted par exemple), mais aussi la qualité elle-même des musiciens qui, sans être exceptionnels, font preuve d’un talent certain : par exemple, les mandales envoyées par le batteur Alan Cassidy, au jeu peu subtil mais qui convient parfaitement au groupe et à cet album avec un style écrasant (ce blast sur les 10 premières secondes d’ « Asylum »), ah, et un son surpuissant, ça aide aussi.
On a aussi à faire à des influences diverses. Trevor composant la plupart des morceaux et étant chroniqueur sur Metal Injection, ça peut aider pour aller piocher çà et là quelques influences. Il y a plusieurs passages dont l’ambiance fait penser à l’amour du groupe pour les films d’horreur et plus particulièrement d’Evil Dead. Je pense à « Vlad, Son of the Dragon », le morceau de clôture « That Cannot Die Which Eternally Is Dead » ou « Stygiophobic », plus lente et lourde, quelques notes plus symphoniques sur les titres « Receipt » ou « That Cannot Die Which Eternally Is Dead ». Seul le morceau « Re-faced » ne trouve pas grâce à mes yeux, me faisant penser à l’éponyme de leur dernier opus (« Everblack », pour ceux qui ne suivent pas).
J’avais adoré Everblack à sa sortie, le plaçant au-dessus de « Ritual ». Mon avis sur la précédente sortie de TBDM a un peu changé. Malgré tout, ces gars-là restent sur la même route, et surtout réguliers. Tant mieux, parce qu’on ne leur demande rien de plus. Mais attention, il ne faudra surtout pas tomber dans la routine. Même si avec un mec aux goûts aussi particuliers que Trevor Strnad aux commandes, il ne faut pas trop se faire de soucis. « Abysmal » est un bon album, et ravira les fans du genre, même si aucun titre ne sort du lot. Moi il me plaît. 37 minutes de violence plutôt fluide, le dahlia noir frappe fort en cette fin 2015. Et en plus avec la tournée qui s’annonce avec rien de moins que Benighted et Gorod qui sort l’un des albums death de l’année, on va être encore plus gâtés !
