»La Peste et Le Choléra », le nouvel album des Tagada Jones est sorti il y a peu, on en a parlé avec Niko, frontman du groupe !!

Comment c’est passé cette tournée ?

C’est l’avant dernière date avec No One, quant à Tagada, on est dans un marathon car on a près de 90 dates sur l’année, donc on n’a pas encore fini, les 3 premières dates on les a fait sans eux, et après on en a fait 9 ensemble.  Ça s’est super bien passé car les deux groupes matchent super bien, ce sont deux groupes engagés, qui chantent en français et le public, se retrouve plutôt là-dedans. On n’a eu que des salles quasi complètes, aujourd’hui c’est la plus petite date car le coin de Marseille c’est le coin qui marche un peu moins pour le rock en général, mais sinon on a eu une moyenne de 1000 personnes chaque soir, ça a donc bien marché.

Après 20 ans d’activisme musical, avez-vous l’impression d’avoir été utiles ?

Oui quand même, car t’as pas mal de jeunes qui nous contactent via les réseaux sociaux ou qui viennent nous voir à la fin des concerts et qui nous disent «  merci, on sent qu’on n’est pas tout seul, on a l’impression d’être seul dans la vie de tous les jours, quand on écoute vos paroles, vos revendications, on se rend compte qu’on n’est pas tout seul ». De ce côté-là je pense qu’il y a réel soutien psychologique aux gens qui nous écoutent. Après on est une aiguille dans une botte de foin. Je suis quand même assez optimiste,  je me dis que si il y a des choses qui peuvent évoluer, ce sont les gens qui, ensemble, pourront faire bouger les choses. La preuve, le peuple a réussi à faire décapiter un roi en 1789 alors que sur le papier c’était impossible. Donc quand le peuple veut vraiment quelque chose et se bouge le cul, on peut y arriver. Après c’est pas forcément en allant dans la rue. Il suffit par exemple de revoir son mode de consommation, si les gens arrêtent d’acheter du coca par exemple, la boite va faire faillite, enfin au moins en France, mais s’il y a avait une prise de conscience mondiale ça marcherait pareil. Il faut vraiment que les gens ait un petit déclic et là il y aura des choses qui vont se passer.

Comment faites vous pour écrire de nouvelles chansons alors que rien ne bouge en France ? Tu n’as pas l’impression de chanter toujours la même chose ?

On aborde malheureusement souvent les mêmes sujets, c’est vrai. Ce n’est pas de gaieté de cœur. Souvent dans les interviews on nous dit «  vous êtes en plein dans l’actualité ». Oui mais, indirectement, nous en 20 ans on a toujours chanté la même chose, ça fait 20 ans qu’on chante ça. Là c’est peut être plus le contexte qui a changé autour de nous. C’est vrai que c’est un peu frustrant mais en même temps nous on a toujours été défenseurs des libertés et quand il y a quelques chose qui ne va pas, on met le doigt dessus et ce n’est pas de notre faute si les choses ne changent pas.

Pourquoi le choix du nom « La Peste et le Choléra » ?

C’est un nom que j’ai trouvé il y a assez longtemps, on s’était dit que ça ferait un bon titre d’album, ça va bien coller. Et quand on s’est rendu compte que la sortie tomberait en pleine période électorale, on a dit banco. A l’époque on pensait que ce serait Fillon / Le Pen, mais la donne a changé, mais Macron ou Le Pen c’est exactement la même chose. La pochette reflète bien aussi la situation, mais ça s’arrête pas à la politique car dans la vie de tous les jours les gens ont souvent besoin de faire le choix entre «  La Peste et le Choléra ».

Comment vous avez construit cet album ?

Un peu dans l’urgence en fait, mais ça c’est nous qui l’avons voulu. En fait, on a fait la tournée avec le Bal, on savait qu’après le Bal on prenait 6 mois de pause histoire de composer, enregistrer, à ça tu rajoutais quelques mois avant la sortie du disque et ça nous aurait fait presque une année sans tourner. Alors on a décidé d’aller direct en studio après le Bal, comme ça on se fera une pause de 3 ou 4 mois, et après on repartira en tournée tranquillement. Donc indirectement il nous a fallu composer ultra rapidement. On pensait prendre du temps pendant la tournée avec le Bal, mais en définitive tu sais comment c’est, tu finis les concerts tu fais la fête etc… et quand on rentrait chez nous on avait la flemme. En Juin a décidé de se réveiller un peu plus car on devait enregistrer en octobre. Alors on a fait ça à l’ancienne, pendant l’été, dans notre local de répète. Exit les pré-prod. Toute la phase pré-prod on en est revenu et à la fin tu as le résultat qui est sorti il y a quelques semaines.

Votre nouvel album,  » La Peste et le Cholera « , est dans l’ensemble plus punk que les autres. Pourquoi tous ces chœurs rajoutés ?

Dans le temps, dans Tagada on n’avait personne qui faisait les chœurs au sein du groupe. Là, on a deux personnes qui chantent de plus en plus. Alors on a composé en fonction de ce que les gens savent faire, et on s’est dit autant rajouter des chœurs. Et ça permet aussi de changer un peu la musique de Tagada. Mais pour la première fois de notre carrière, on a composé en sachant qu’on allait y mettre un max de chœurs.

En parlant de lui, comment a-t-il été accueilli par le public et la  critique ?

Ben pour l’instant plutôt bien. On est même surpris, il nous en reste 30 sur le merch, on a été obligés de le renvoyer en pressage car on est en rupture de stock dans pas mal de magasins. Mais je pense aussi que tout ça est lié au contexte. Il y a plein de gens qui se rendent comptent d’un seul coup que ce que on dit, c’est pas toujours des conneries. Et point de vue de la presse ça a l’air d’être pas mal.

Dès que vous montez sur scène, c’est toujours pour des lives de malades. Comment faites-vous pour être toujours au top ?

L’entrainement, comme un mec qui fait des marathons, des décathlons etc … Il y a des jours où tu es un peu moins en forme mais dès que tu montes sur scène, tu te transcendes et tu veux prendre et donner du plaisir, donc autant ne pas lésiner sur l’énergie.

Vous n’êtes pas fatigués de sillonner la France et l’étranger depuis plus de 20 ans ?

Non car on fait vraiment de la musique pour partager avec les gens. Chaque concert, chaque public sont différents. On est parfois habitués à des salles à force d’y jouer, mais le public, lui, change. Et on n’est pas lassés car il y a toujours cette communion avec le public et ça ça nous plait vraiment, cet échange.

 » Mort aux Cons  » est sorti quelques jours après le « pseudo » attentat de Paris. Tu penses que les gens ne se bougent plus le cul pour défendre leurs droits et leurs libertés ?

Oui je pense que les gens sont un peu… enfin les jeunes, sont souvent un peu plus moutons, la preuve il y a des choses qui arrivent à passer sans que plus personne ne dise rien. C’est un premier constat. Et le deuxième c’est qu’il y a beaucoup de gens d’extrême gauche qui vont voter extrême droite. C’est-à-dire que aujourd’hui le vote révolutionnaire c’est d’aller voter front national. Nous on voulait mettre en garde les gens car si Marine Le Pen essaie de dédiaboliser le FN, d’en changer la forme, le fond reste le même. Le jour où ils arriveront au pouvoir et ça j’espère jamais, on verra le fond ressortir sans aucun problème, il ne sera plus question de forme.

Avez-vous un message à faire passer aux français par rapport au monde politique actuel et au deuxième tour ?

Le choix de la semaine prochaine, il est clair.  C’est sûr que nous on vote anti FN, j’irai voter pour Macron comme on l’avait fait pour Chirac, à contrecœur mais voilà. Le gros problème c’est que s’il y a des votes blancs massifs, on risque d’avoir Le Pen qui passe. Même si moi j’aurais préféré voter blanc. Je comprends les gens qui votent blanc, ce qu’il faudrait c’est que le vote blanc soit reconnu, que le président qui sorte ne ne soit pas une personne mais le vote blanc. Mais à 20h00 dimanche, le vote blanc ne sera toujours pas reconnu donc ce sera Le Pen ou Macron. Mais il ne faut pas faire le jeu du FN et aller voter de force pour Macron.

Je te laisse le mot de la fin :

Ça fait toujours plaisir de faire des interviews. Nous on ne s’est pas construit à grands coups de dollars, de promo mise à fond sur le groupe. On vient de la scène alternative, underground. Toute cette faune qui peut exister dans tous ces médias, qui ne sont pas des gros médias, et qui servent à faire vivre des groupes comme nous. Et donc on remercie aussi les webzines, fanzines, qui ne s’intéressent pas à la culture de masse et qui nous permettent de nous exprimer.

 

Merci à Elodie ( Doweet ) Pierre ( L’Usine) Mathieu ( DRF Crew)

Photo: Charliie Kreitzer

 

 

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