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FIT FOR AN AUTOPSY – Puissance et modestie

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À l’occasion du Rock the Lake festival, nous avons eu la chance de recevoir le chanteur et le guitariste de Fit for an Autopsy, quelque instants après leur performance sous un soleil de plomb.

L’interview commence avec un chanteur affamé sous le regard amusé de son acolyte.

Joe, vous ne mangez pas avant le set ?

Joe: Non. 4 heures avant un concert je ne mange plus rien. Sinon je vomi tout sur scène.

C’est déjà arrivé ?

Joe: Oui, il y a 9 ans et je me suis dit “plus jamais”. Depuis je ne mange plus rien avant un concert. C’est contraignant parfois, mais c’est une règle que je respecte. En revanche, là je pourrais manger n’importe quoi.

C’était pas trop dur avec la chaleur ?

Joe: On a fait beaucoup de festivals en été donc on est habitué. Aujourd’hui, il faisait particulièrement chaud, le soleil est ressorti pile pour notre concert. Je me suis dit “Évidemment ça tombe sur nous”. Au moins on a la climatisation dans nos loges.

Pour avoir parlé avec d’autres groupes américain, on peut observer une certaine différence de culture musicale. Comment la ressentez-vous ?

Joe: Les Européens adorent le metal. Notre audience aux USA est un peu plus pointilleuse, mais depuis qu’on a fait plusieurs concerts et plusieurs projets, ils sont devenus plus tolérants. Il n’y a pas de doute, le public européen est plus ouvert d’esprit. Même s’ils ne vous ont jamais vu, vous leur demandez de sauter, ils sautent. Vous leur dites “Horns Up” et ils le font. En Amérique, il faut vraiment travailler pour ça.

Pat: Personnellement, je joue dans plusieurs groupes, je tourne depuis la fin des années 90 et je suis totalement d’accord avec Joe. Certes, l’Europe est plus ouverte, mais les Américains sont plus gâtés. On tourne beaucoup en Amérique, il y a plus de grosses tournées américaines. Quand on arrive ici, les Européens ont faim de nouveautés. Ils ont des groupes européens, certes, mais quand un groupe américain vient, c’est différent. Les Américains sont aussi plus chanceux. Ils ont plus de concerts, plus de tournées, plus de merchandising qu’ici. C’est toujours intéressant de venir en Europe. Mais plus que tout, comme ils sont moins gâtés, ils ont plus envie de découvrir de nouvelles choses.

Joe: C’est vraiment agréable parce que, même s’ils ne savent pas vraiment comment ça se passe, ils se doutent que c’est très compliqué de tourner. Obtenir les visas, voyager en bus, réunir de l’argent et tout ça.

Pat : Je ne compte pas le nombre de fois où on nous a dit “merci d’être parti de chez vous, de venir d’aussi loin”. C’est très touchant. On n’entend pas ça aux Etats-Unis.

Joe: Quand on fait ce genre de tournées, on doit parfois éviter certains endroits parce qu’on doit y aller plus tard dans d’autres conditions. Donc ça nous permet d’aller jouer dans des petites villes où ils n’ont pas beaucoup de gros concerts ou de groupes comme nous. Donc quand on arrive ils sont genre “Avant tout : pourquoi ? Et ensuite : merci !”

Vous avez sorti un EP en avril 2023, «The Agression Sessions», qui renvoie à votre ancien EP de 2016, «The Depression Sessions». Aussi en collaboration avec Thy Art is Murder. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Joe: “Depression” était plus émotif, sentimental. “Agression” est plus énervé, agressif. On a vraiment sorti les crocs pour celui-ci. On a retravaillé avec Thy Art, qui sont parmi nos meilleurs potes.

Pat: L’idée derrière ces EP est de travailler avec d’autres groupes pour faire plein de choses positives. Il y a beaucoup de compétitions étranges au sein de la musique. “On est plus gros que ce groupe”, “on est mieux que ce groupe”, “qui joue en premier”, “qui aura le plus d’argent” etc. … L’idée derrière ça, c’était en quelque sorte de créer une communauté. On a fait le premier avec The Acacia Strain et le dernier avec Malevolence, mais ce sera toujours nous et Thy Art. Will Putney (Fit for an Autopsy) et Andy March (Thy Art is Murder) sont venus avec l’idée de créer cette culture qui est moins dans la compétition et plus dans la collaboration. On aimerait en faire autant que possible avec le plus de groupes possible.

Joe: C’est bien de pouvoir mettre notre égo de côté. Avec Thy Art is Murder, il y a pas de question d’égo. Parfois des embrouilles et c’est normal, mais pas de conflit. On cherche à travailler ensemble, comme un seul groupe ou un collectif.

Pat: Il y a quand-même une compétition amicale. Quand on travaille avec un groupe comme Thy Art, qui sont très méticuleux, ça nous pousse à aller plus loin.

Comment faites-vous pour composer vos morceaux ?

Joe: Will est le compositeur principal.

Pat: Durant les derniers enregistrements, on était principalement en tournée. Will écrivait beaucoup à la maison et nous envoyait des mails avec les idées de structure, des exemples de riffs. Quand on rentrait, avec Tim et Blue (Peter Spinazola) on allait en studio.

Tim et moi on fait les leads et les solos, Blue compose la basse, puis Joe s’occupe des paroles. Will et moi on discute beaucoup des lyrics. Enfin, surtout de l’idée qu’on veut derrière les morceaux et le thème des chansons. Puis après Will et Joe discutent des détails. C’est comme ça maintenant, parce que Will reste le compositeur du groupe mais il ne tourne plus avec nous. Lui et moi, on est les derniers membres originaux du groupe et c’est pour ne pas “perdre Will” qu’on a engagé Tim. Il est vraiment très bon. Tu lui donnes un riff et il revient avec un album. Il nous pousse toujours à nous surpasser avec plein de compositions qui semblaient impossibles à faire au début et finissent par être réalisées.

Joe, combien de temps ça t’as pris pour atteindre un tel niveau au chant guttural ?

Joe: Je dirai 20 ans. Mais je pense que je m’améliore de jour en jour. Je suis loin d’être le meilleur. Je suis confiant de mes capacités et je suis bon dans ce que je fais, mais je peux toujours faire mieux. En tant que musicien, on arrête jamais de progresser. Chaque album est comme un test pour savoir jusqu’où on peut aller. Will m’aide beaucoup à repousser mes limites. Parfois je dois quand-même lui dire “Mec, je suis juste une seule personne. Je dois pouvoir faire tout ça en live”. Je veux garder les choses les plus authentiques possible. Je me concentre beaucoup ces derniers temps à véhiculer des émotions avec ce groupe et à mon avis on y arrive bien.

Pat: Joe était déjà bon quand il est arrivé, mais Will l’a vraiment poussé à s’améliorer. J’ai pu observer ça en studio, il a vraiment apporté quelque chose avec ce côté émotif. Voir ce qu’il fait, c’est vraiment impressionnant.

Joe: Le plus drôle quand j’enregistre avec Will, c’est qu’il pense arriver avec quelque chose de très dur à faire. Et quand il voit que j’y arrive facilement il se dit “Merde… c’était vraiment bien! ” Comme notre reprise de At the Gates, «Under a Serpent Sun» il m’a dit qu’on allait devoir prendre au moins 3 jours pour travailler dessus car il voulait vraiment que je le fasse comme il faut. Je lui ai dit “Tu as peur? Moi pas du tout!”. On a enregistré pendant 50 minutes. J’ai fait une prise complète et quelques autres pour doubler les voix.

Pat: Quand on a enregistré «The Depression Sessions», il y avait cette reprise de Nine Inch Nails. Comme une machine, Joe sait copier les autres quand il le faut. (Joe : Merci Jim Carrey). Je pense que s’il est aussi bon, c’est parce que personne ne lui a jamais dit “tu n’es pas capable de faire ça”. Sa mère l’a toujours soutenu dans tous ses projets, c’est sûrement pour ça qu’il est comme ça. Pour la reprise de NIN, il était très confiant et nous disait “Tout le monde qui fait du chant peut faire ça”, et sur le coup je me disais “Oh F** You mec !”. Et puis quand j’ai écouté, il y a eu un moment où je me suis demandé “Est-ce qu’on a juste doublé la voix originale ? ”. Je ne savais pas comment il allait s’y prendre mais je savais qu’il allait vraiment bien le faire.

Comment vous préparez-vous avant un concert ?

Pat: On a chacun notre petite routine. Comme Joe qui ne mange pas avant un concert par exemple.

Joe: J’essaie de rester le plus calme et relaxé possible étant donné que je vais sortir beaucoup d’énergie sur scène.

Pat: Moi, je suis toujours occupé. Je gère tout ce qui est business, je suis souvent au téléphone donc je m’assure de toujours prendre au moins 25 minutes pour me vider la tête. M’échauffer à la guitare, m’assurer que tout est en ordre et puis monter sur scène. Parfois on n’a pas cette chance. Le bus nous pose juste avant de devoir commencer à jouer. On n’est pas un assez gros groupe pour avoir une équipe technique complète. On doit encore porter nos propres caisses et s’occuper de beaucoup de choses.

Qu’avez vous pensé du Rock The Lakes ?

Pat : On n’est pas compliqué comme groupe. Du moment qu’on joue, on est content. Donc on était ravis de pouvoir jouer pour la deuxième édition de ce festival. On a d’ailleurs été le tout premier groupe à avoir confirmé notre venue au fest. Le staff est super, la scène est magnifique, les stage-hands étaient tops et connaissaient nos morceaux, les managers ont cartonné. Je pense qu’avec les années, si les gens adhèrent au festival et que les groupes en parlent, ça va devenir un évènement majeur. C’est super beau, il y a un grand lac et tout le monde est sympa. Joe a la bouche pleine (son catering venait d’arriver) mais je suis sûr qu’il est d’accord avec moi. [Valérian Burki & Hiromi Berridge]

www.fitforanautopsy.co

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