A en croire les rock critics, le second album serait fichtrement le plus difficile. Manuel Gagneux, tête (libre-)pensante de Zeal & Ardor, n’a cure des idées reçues. Certes, il n’a pas pu compter sur l’effet de surprise que contenait son premier méfait et qui avait séduit la planète metal. Mais dès l’intro, l’auditeur est mis au parfum: il faut compter cette année encore sur le collectif le plus énigmatique d’Hellvétie.
Si ‘Devil is Fine’, du propre aveu de son architecte sonore, contenait quelque remplissage, ce n’est plus le cas ici même si le compact compte seize pistes. ‘Gravedigger’s Chant’ (70’000 vues sur YouTube en 3 semaines) laisse augurer le meilleur: un chant habité, un piano qui n’aurait pas dépareillé chez Jack White, des chœurs faussement angéliques, des percussions vaudou, le tout sur un rythme mid-tempo qui ne fait qu’accentuer la lourdeur du propos: la mise en bière d’un corps.
La suite est un voyage initiatique qui nous invite tour à tour sur les bords du Mississippi et aux confins des fjords norvégiens. Blues et gospel se taillent la part belle, soutenus par un mur de saturation qui défonce tout et des riffs souvent frénétiques. Les refrains, tels des mantras puisés dans la littérature occulte (notamment la goétie), sont systématiquement répétés à l’infini, dans un crescendo hypnotique, poussant l’auditeur à la conversion.
Au final, ce ‘Stranger Fruit’ est un disque qui s’écoute au casque pour en saisir toutes les nuances de black. Un fruit défendu dans lequel mordre à pleines dents n’est pas péché, mais au contraire un acte rédempteur, et qui se termine là même où il a débuté: dans la mort (avec le splendide ‘Built on Ashes’). Parce que nous ne sommes que poussière.

www.zealandardor.com

Note : 4/5

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