En mars 2019, Uli Jon Roth célèbre son cinquantième anniversaire de carrière en sillonnant les routes de l’Amérique du Nord d’est en ouest. Une célébration d’une carrière très riche, que ce soit avec Scorpions ou avec Electric Sun et même son matériel solo. Uli Jon Roth a pris le temps de nous résumer ces cinq décennies, de sa Sky Guitar, de son amour pour la musique et du violon, instrument qui influença sa carrière de manière significative.


50 ans de carrière…wow.  Il y a plus de 50 ans quand tu as commencé à gratter la guitare, t’imaginais-tu être encore amoureux de cet instrument encore maintenant?
Non, pas du tout. Il y a 50 ans, je ne pensais pas si loin. Je ne voulais que jouer de la musique. Je ne pensais jamais en faire une carrière, ni même en jouer aussi longtemps. C’est juste arrivé ainsi.

Tu as ta propre guitare qui s’appelle la Sky Guitar. J’ai lu que tu avais conçu cette guitare pour que son son se rapproche le plus possible de celui du violon.C’est un peu fou pour un guitariste de rock !
Exactement. C’est ce que je voulais faire avec la Sky Guitar. C’est une des plus belles choses qu’il y ait dans la musique. La musicalité de l’instrument, les émotions que le violon apporte. C’est vraiment le plus bel instrument de musique qui soit. Et la plus belle musique qui soit a été composée pour le violon. J’ai été dès mon jeune âge très attiré par les concertos pour violons, etc…. Brahms, Tchaikovsky, Mendelssohn, Mozart, etc… J’ai étudié tout ça, ce qui m’a emmené à aimer la guitare.

Si tu revenais à tes 13 ans, choisirais-tu le violon à la place de la guitare?
Non, pas du tout. La guitare est ma destinée. Le violon n’est pour moi plus une histoire d’amour magique. La différence entre les deux est que la guitare n’a pas été explorée à son plein potentiel encore. Mais le violon oui. Alors j’aime mieux explorer les nouvelles facettes de la guitare. Il n’y a plus rien a découvrir du violon. Son histoire à des centaines d’années comparativement à la guitare électrique qui n’en a qu’une soixantaine. Il y a encore tellement de choses à découvrir de la guitare électrique. Il y a toujours des idées qui me viennent en tête.

Avant de fonder Electric Sun tu étais dans Scorpions. Est-ce que Electric Sun était déjà dans ta tête pendant ton séjour avec Scorpions?
Oui, beaucoup même. Je composais beaucoup de musique pendant mon séjour avec Scorpions et je savais que la musique que je composais n’était pas dans le créneau de Scorpions. C’était donc la principale raison pour laquelle j’ai quitté Scorpions. Ce n’était pas non plus de la musique commerciale, donc je savais que je ne jouais pas au même niveau qu’eux. Mais c’était où mon esprit était dans ce temps-là, tu sais….

Ta vie aurait changé certainement si tu étais resté avec eux non?
Bien sûr! Et ça aurait bien pu arriver, car j’ai quitté de mon propre gré. Plusieurs personnes m’encourageaient à rester avec eux tout en faisant des albums solos. Maintenant je pourrais le faire, mais auparavant je ne voyais pas comment faire les deux en même temps, je me devais d’avoir mon attention à 100 % pour Electric Sun.

Qu’aurait été Scorpions avec toi maintenant?
C’est évident que Rudolf (Schenker) aurait quand même composé des classiques comme ‘Rock you like a hurricane’ et moi les solos, mais j’aurais évidemment composé plus de chansons du style ‘Sails of Charon’. Le parcours et le succès de Scorpions était tracé d’avance. J’aurais pu travailler sur Electric Sun et faire de la musique commerciale avec les Scorpions sans problème.

Ce que j’aime avec Scorpions c’est que même avec leur énorme succès ils continuent de sortir tout de même du nouveau matériel. Écoutes-tu le nouveau matériel ?
Oui j’ai écouté le nouveau matériel et il est vrai que c’est excellent. Avec moi ça aurait sûrement sonné différemment, mais tout de même en gardant la touche du groupe. Klaus (Meine) a tellement une voix reconnaissable parmi les autres !

www.ulijonroth.com

Entrevue et traduction: Laurent Lépine pour Thorn of ROCK et Daily-Rock Québec.