Combiner des éléments inattendus pour créer un univers unique. Le crédo musical de  »The Atlas Underground » sorti voici trois ans par Morello, conspiration sonique comme il aimait à l’appeler, pouvait à merveille être illustré d’un hippopotame ailé, créature puissante et surprenante à la fois. Rebelote aujourd’hui avec juste un petit  »Fire » en plus dans le titre de l’album, et cette fois un hippo devenu éléphant et ses ailes celles d’un papillon. On oserait voir dans cette transformation en direction des lépidoptères une évolution vers une forme de légèreté. C’est pourtant par le feu que le guitariste a passé son travail.

Et là où son œuvre initiale se dévoilait être une entreprise ambitieuse avec ses collaborations, entrechoquant rock et hip-hop avec les basses de la musique de danse électronique, pour les douze titres présents ici, la puissance sauvage est le maître mot. Comme si d’enregistrer ses riffs sur son téléphone portable, pour les partager avec les artistes invités à collaborer (de Chris Stapleton, à Bring me the horizon, en passant par Dennis Lyxzén, Mike Posner, ou Damian Marley), n’avait permis le plus souvent de n’en garder que la partie la plus ardente. Surnage tout de même quelques moments de pure grâce comme ce  »Driving to Texas » avec son piano nu, son rythme doucereux et la voix aérienne de Sarah Barthel du duo new-yorkais Phantogram.

Et surtout évitons de parler de la reprise peu inspirée de  »Highway to Hell » d’AC/DC aux côtés Bruce Springsteen et Eddie Vedder (zut j’en ai tout de même parlé…). Parlons plutôt de cet ovni technoïdo-électronique de près de neuf minutes ( »On the Shore of Eternity »), de son beat hypnotique, de ses guitares lumineuses, qui mettent un terme à l’aventure de manière magistrale. Et restera heureusement cette impression que derrière la fureur et la puissance on sent que le gaillard n’a pas calculé, juste voulu retrouver le plaisir du partage, et un moyen jouissif de faire de la musique, de faire du rock surtout. [YP]

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Note: 3/5