Ils ont hypnotisé la foule au Hellfest 2022, on a tenu à les rencontrer lors du Venoge en août dernier. Impossible de rester insensible au charme de Delila qui à chaque représentation fascine par sa prestance et sa voix. Avec Edgey, captivant, passionné et passionnant, ils forment la révélation live de l’année : The Last Internationale.

Aujourd’hui, vous avez tout d’un groupe de rock iconique. Avez-vous conscience d’être une vraie révélation pour beaucoup de gens ?
Edgey (guitare) : On a effectivement remarqué plus d’engouement sur cette tournée et sur les réseaux sociaux.

Delila (chant/basse) : Merci beaucoup ! Cela nous aide à continuer ! Sur scène je me sens tellement libérée que les gens le ressentent sans doute !

Cela signifie que lorsque vous n’êtes plus sur la route, une sorte de dépression post-tournée s’installe ?
Delila : Maintenant je sais comment gérer ça : j’ai arrêté de boire car je buvais beaucoup ! (rires)  Mais, en tournée, il y a tellement d’adrénaline et d’énergie, beaucoup de monde…

Edgey : On dirait une thérapie, on est en train de ‘’s’auto-analyser’’, là ! (rires) On aurait tendance à croire que plus le temps passe plus c’est facile, sauf que c’est plutôt le contraire. Quand on est sur scène, c’est un vrai sentiment de soulagement, on bosse dur juste pour vivre ça. Du coup, nous honorons davantage la foule et je pense que nous nous améliorons dans notre métier – du moins je l’espère. D’ailleurs, cette tournée est de loin la plus difficile que nous n’ayons jamais faite de toute notre vie !

Avez-vous des souvenirs qui vous ont particulièrement marqués durant cette tournée ?
Delila : On a vécu le pire en Italie ! Quand tu voyages, tout le monde essaie de t’arnaquer ! Mais on a aussi beaucoup de bons souvenirs, comme à Vérone où on a fait la première partie de Kiss.

Edgey : Tu l’as sans doute remarqué : le monde est devenu différent récemment, notamment après les confinements. Nous avons dû faire face à la malhonnêteté des entreprises de backline, de taxis, de compagnies aériennes… De nombreux festivals font en sorte que tu loues leurs services de taxi, et tu te retrouves à payer dix fois le prix ! Toutes ces choses s’additionnent ; même les flics te volent en Italie ! C’est trop ! À la fin du mois, tu réalises tout cet argent perdu. C’est ce qui rend les tournées très difficiles. Et puis, il y a l’industrie. Quelque chose s’est passé. Les gens sont plus lents que jamais, ils ne parviennent même pas à écrire des e-mails. J’ai l’impression d’être le seul à encore avoir un rythme normal, c’est fou !

Depuis le début, vous êtes soutenus par le grand Tom Morello. Comment le connaissez-vous ?
Delila : Un jour, il a tweeté à propos de nous et on s’est dit « Allez, on lui répond ! »! Après quelques échanges d’e-mails, il est venu à notre premier show au Satellite (L.A.) : il n’y avait personne ! Juste Tom Morello, avec son verre de whisky qui nous regardait au milieu de la salle !

Edgey : Mon estomac était retourné tellement j’étais stressé ! Puis on est devenu amis, il nous invitait pour les vacances, Thanksgiving… Il est l’une des raisons pour lesquelles nous faisons encore de la musique car Los Angeles m’a rendu malade. C’était tellement horrible que j’en ai encore des séquelles ! C’était à la fois la meilleure et la pire expérience de ma vie. Si je racontais tout, personne ne me croirait ! Il se passe beaucoup de choses en coulisses. Des vrais trucs de fous ! Kelis (ndlr : la chanteuse de « Milkshake ») en a parlé. On l’a prise pour une folle. Sauf que tout ce qu’elle décrit, Delila l’a vécu. Chaque mot qu’elle a prononcé aurait pu sortir de la bouche de Delila. Elle a vécu la même chose ! Ils lui ont donné un complexe à LA : elle pensait qu’elle était grosse.

Delila : Je ne pouvais même pas manger de pizza !

Edgey : Si elle avait le malheur de toucher à une pizza au restaurant, le management l’aurait lâchée ! « Si tu manges ça, je ne travaille plus avec toi ! ». Et on a vécu des trucs bien pires que ça !

Waow ! … Changeons de sujet… Je voulais en savoir un peu plus sur les thèmes que vous abordez, notamment l’écologie ou les sujets politiques. Est-ce que c’est difficile d’écrire à ce propos en 2022 ?
Delila : Notre album aborde divers sujets. Il y a plusieurs morceaux à propos des frontières et des réfugiés voyageant, en quête de rêve. Un morceau presque « metal » aux accents très lourds sortira bientôt. Mais revenons à la question de base ! Pour moi, le plus difficile de manière générale, est d’écrire une chanson, car on y injecte tellement de choses… Ce n’est pas facile de toujours mieux faire ou d’écrire un morceau qui a plus de significations que le précédent.

Edgey : C’est comme si quelqu’un te mettait un puzzle sous le nez. Oui, c’est à la portée de n’importe qui. Mais la question est : est-ce que tu peux rester assis devant, le regarder pendant des heures et déplacer les pièces jusqu’à ce qu’elles correspondent ? C’est une torture d’écrire une chanson ! Mais une fois que c’est fait, il n’y a rien de plus satisfaisant !

Toutes les bonnes choses ont une fin… Avez-vous quelque chose à ajouter pour conclure ?
Edgey : Je suis terriblement désolé ! Voilà mon message pour les lecteurs de Daily Rock. Je pense que le rock de manière générale a laissé tomber son public et cela me désole profondément. Nous devrions être anti-establishment, nous devrions être avant-gardistes, nous devrions repousser les limites, nous devrions nous unir et créer des mouvements, comme nous l’avons fait dans les années 70 ! Le vrai grand rock est né de l’unification, des différentes luttes. Les groupes ne se parlent même pas entre eux… Malheureusement, nous manquons de cohésion et de fraternité. On devrait s’entraider, mais ce n’est pas le cas.

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