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Chaque décennie est le théâtre d’une grande confrontation entre plusieurs visions du rock . Les sixites –seventies marquèrent le duel entre progressistes et conservateurs , les punks ne faisant que revendiquer le même retour aux origines que les blues rockers , en se contentant d’en accélérer le rythme. Les années 80 prendront la suite avec un duel acharné entre pop et métal, guimauve tout public à base de synthés, et rugissements instrumentaux de plus en plus violents.

Mais, dans tous les cas, le nihilisme avait gagné, qu’il soit dans les cries rageurs des heavy metals kids, ou dans les berceuses abrutissantes de Depeche Mode. Les cases n’avaient jamais été aussi restreintes, les sons si prévisibles, les albums si semblables.

Les années 80 , c’est le punk puissance mille , la sacralisation d’une formule populaire qui ne bougerait plus, peu importe l’artiste. « Born in the USA » sonne comme « Purple Rain » , qui lui-même a des airs de « Let’s Dance ». Et n’allait pas croire que les metalleux furent plus fin , la nouvelle vague de heavy metal britannique permettant à Judas Priest , Saxon , et Iron Maiden de remplir les stades, en suivant le même schéma tonitruant.

Non , la révolution , la vraie , elle vise désormais à retrouver l’originalité que le rock perdit dans les eighties. Pour cela, la classe de Nirvana, et plus tard des White Stripes , décide de revenir au minimalisme instrumental , flirtant avec une puissance viscérale proche des Stooges.

Car ,oui , l’héritage du groupe d’Iggy Pop était l’hôtel que ces jeunes sauvages des 90’s vénéraient , voilà donc pourquoi ils furent propulsés beaucoup plus rapidement sur le devant de la scène. Fan des Stooges depuis leurs débuts, les journalistes avaient déjà choisi leurs camps , et ne s’embêtaient même plus à parler de la seconde secousse que vivait le rock.

Formé en 1993 , les Flower Kings étaient les dignes héritiers d’Anglagard , groupe qui initia le retour d’une certaine virtuosité pop dès 1992. Mieux, Roine Stolt avait déjà fait ses preuve au sein de Kaipa , formation légendaire de la scène suédoise dont les albums sont devenus introuvables*.

Le prog n’a jamais eu très bonne presse auprès des amis de Rock et Folk, qui n’étaient pas prêts à saluer le succès de ce groupe fan de yes. La popularité des Flower King s’est faite contre eux , et ce qui ne devait être que le projet temporaire de Roine Stoilt est devenue un véritable groupe, après le succès du lumineux premier album.

Les disques s’enchainèrent, de quinze à peine vingt ans , avant que l’histoire ne s’arrête aussi vite qu’elle avait commencé. Sortie en 2018 , « Manifesto Of An Alchemist » était une mise en bouche, avant le grand retour dans ce vaisseau magnifique que constitue la musique des Flower Kings.

Alors qu’il manquait quelques musiciens sur « Manifesto… » , ils sont enfin tous réunit sur ce disque, sortie il y’a seulement quelques jours. Autant vous le dire tous de suite, cette dernière livraison, comme tous ses prédécesseurs, et l’une des plus forte marques de rébellion musicale de notre temps.

Quand je parle de rébellion, je ne décris pas les message pseudos politiques de milliardaires à casquettes, ou d’homélie écolo d’ « artistes » engagés. Je parle de cette capacité, qui devrait être presque obligatoire pour tout musicien qui se respecte , et qui consiste à faire abstraction des tendances de son époque.

Le mérite de Flowers King ne se situe pas dans une musique révolutionnaire , il ne fait qu’élargir un univers découvert par King Crimson et autres Genesis , mais dans le fait qu’il le fasse aussi bien aujourd’hui.

A une époque qui sacralise l’instant, le groupe de Roine Stoilt prend le temps de développer son propos, comme dans ces grands films qu’on ne produit que trop rarement. Les cœurs sont bien-sûr là, pour emmener l’auditeur dans des sommets space rock dignes du Floyd, mais la structure couplet/ refrain est réinventée à chaque titre.

Sa virtuosité, le groupe de Roine Stolt l’emballe dans une ambiance légère et insouciante. La guitare reprend une place qu’elle avait quelque peu perdu depuis les premiers disques. Le jeu , tout en restant rythmique donne parfois une touche franchement floydienne aux compositions, comme sur le très atmosphérique « Spirals ».

Mais c’est bien en fils de Yes que les suédois s’expriment, développant des ambiances solaires ou aquatiques que le groupe de Chris Squire n’aurait pas renié. De là, à dire que ce « Waiting For Miracles » est un nouveau « Tales Of A Topographic Ocean » il n’y a qu’un pas , mais « Waiting… » va plus loin que le monument décrié de Yes.

Avec ses virages inattendus, ses mélodies séduisantes sans être racoleuses , et son inventivité mélodique , il montre qu’une autre pop peut perdurer. Une pop inédite, ambitieuse, et dont l’écho se perpétuera pendant des années.

En bref , ce genre de disque représente la pop telle qu’elle fut à la grande époque , et telle qu’elle devrait toujours rester.

* Seul les disques récents , dont le sympathique children of the sound , sont encore trouvables à un prix abordable.

 

https://www.facebook.com/TheFlowerKings/

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