Renonçant définitivement au thrash metal pour embrasser un post-metal en suisse allemand, les Singinois de The Burden Remains signe (encore) un renouvellement réussi pour leur quatrième album.

Je me souviens de vous avoir vus sur scène lors du Kilbi Festival en 2019. Déjà, vous chantiez en suisse allemand. Il s’agissait de morceaux qui figurent sur ce nouvel album ?

Tommy Schweizer (chant, basse) : Plus que ça : c’était le nouvel album. On venait de terminer la musique et le film – car il y a un film qui l’accompagne. On voulait se rendre en studio immédiatement après le festival, mais on a eu quelques problèmes…

Des problèmes ?

Ouais, ce n’était pas de gros problèmes : le batteur avait des examens. Il ne se sentait pas en mesure de consacrer plus de temps pour le groupe, ce qui a repoussé notre entrée en studio au mois de décembre, au lieu de juillet comme prévu initialement. C’est pour ça que l’album ne sort que maintenant. Mais en vérité, on était tous heureux de ne pas enregistrer directement parce qu’on était fatigués, après avoir mis sur pied un aussi gros projet.

Est-ce qu’il y a eu des changements entre le Kilbi Festival et l’enregistrement?

Non, en fait on en avait pas la possibilité, parce que le film colle parfaitement aux battements par minute. Ça nous contraint à tous jouer avec un métronome sur les oreilles.

Parle-moi du film alors, qui l’a fait ?

Il s’agit d’une équipe de tournage appelée « Exit ». Le directeur vient d’Ueberstorf, un petit village à côté de Wünnewil, où on a grandi. On ne le connaissait pas personnellement, mais on avait un ami en commun. Je crois que les autres viennent de plus loin, de Zurich ou de Lucerne.

Donc sous la suggestion de votre connaissance, vous le rencontrez ?

Exactement, on va le voir, tous les quatre, et on lui présente notre projet. A cette époque, on avait déjà une grande partie du concept, de la vision de ce qu’on voulait faire. On lui explique ce qu’on voulait faire musicalement, on lui dit de quoi vont parler les paroles, et on lui demande si il est intéressé à faire un film pour accompagner l’album. Il a immédiatement manifesté son enthousiasme, et après en avoir parlé avec son équipe, ils nous ont envoyé des idées.

Vous l’avez écrit avec cette équipe ?

Non, pas vraiment. Nous nous sommes avant tout occupés de la musique, et le film, c’était eux. On a balancé quelques idées au début, mais ils ont changé beaucoup de choses. Quand on a vu le résultat pour la première fois, on s’est dit que c’était un truc de fou, que c’était un peu bizarre. C’était vraiment leur interprétation de notre musique, et c’est super.

Je pense que c’était la bonne manière de procéder parce que ce sont eux, les experts, en matière de vidéo. Nous, on s’y connaît en musique surtout. Le domaine visuel, c’est leur domaine. Et c’était de vrais artistes, hyper alternatifs. Le film est très subtil, le message n’est jamais clair. Et après notre concert au Kilbi Festival, beaucoup de gens sont venus nous parler du film. Et c’est bien de voir que les images leur stimulent de nouvelles pensées, les poussent à réfléchir.

Et ça vous a coûté quelque chose ?

Euh… Oui, beaucoup d’argent. Cet album est peut-être le plus cher qu’on a jamais sortis.

Et l’album, à quoi il ressemble ? S’agit-il, comme du film, d’un unique long morceau ?

Dans un certain sens oui parce qu’on arrête jamais de jouer, pendant 45 minutes. En live, on joue ainsi aussi les morceaux dans le même ordre, parce qu’on veut jouer avec le film diffusé derrière nous.

La thématique qui couvre l’album, c’est le dualisme, ou plutôt les dualismes. J’entends par-là deux idées qui s’opposent, il y a par exemple l’individualisme et le pluralisme, la religion et la science, ou, très simplement, le bien et le mal. Toujours dans un conflit qui n’exclut pas une certaine complémentarité. A l’image du yin-yang si tu veux, mais je ne veux pas tomber dans un lieu commun. Chaque chanson en aborde un nouvel aspect, moins sous la forme d’une histoire que d’un axe.

Mais ce dualisme ne se limite pas aux paroles, on a essayé de l’intégrer à la musique en alternant les moments forts et les moments calmes. Fort, calme. Il y a de longs passages où il n’y a quasiment rien – quelques frémissements de percussions sur des vibrations de drone – et ça, pendant deux ou trois minutes. Le premier single qu’on a dévoilé, « I de Fluet verhaut », est typiquement un exemple d’accalmie, alors que le titre d’ouverture est extrêmement violent. Le résultat ressemble au graphe d’une fonction sinus – et c’était vraiment ce qui apparaissait sur les bandes audio dans notre salle de répétition !

Quant au cosinus, c’est le film ! Lorsque nous jouons très fort, les acteurs du film regardent dans l’objectif et ne font pas grand-chose. Ils fument, peut-être. Mais ils restent immobiles. Et donc le public est concentré sur la musique. Tandis que lors de nos retombées, il y a des choses qui se passent à l’écran, comme dans le cas du single dévoilé avant la sortie.

Tu as utilisé le « nous » pour les paroles, tu les a donc écrites avec votre guitariste, Thomas Jenny ?

Hum. Oui et non. Ahem. Non. Pour être honnête, c’est plutôt Jenny qui les a écrites. Normalement, on le fait à deux. Mais cette fois, c’était plutôt lui – j’ai écrit quelques lignes mais il les a réécrites.

Tu l’as bien pris ?

Oui, sans problème. Déjà, la thématique du dualisme vient de lui. C’est un intellectuel, très calé en philosophie, il s’y connaît mieux que moi. Et en plus, on chante en allemand, et c’est son domaine (Thomas Jenny est diplômé en études germaniques et enseigne l’allemand, ndlr), même si c’est du suisse allemand. Il lui vient des pensées que je n’aurais jamais pu concevoir. C’est un expert de la langue allemande. Il cherche à créer des images, des métaphores. Tandis que moi, lorsque j’écrivais mes paroles, surtout si elles étaient personnelles, je voulais que les gens les comprennent. S’ils ne comprennent pas mon message, pourquoi écrire des paroles ?

Le changement de langue n’est pas anodin. Ma langue maternelle, c’est l’anglais. C’est pourquoi sur les précédents albums, je me sentais davantage capable d’écrire des paroles bien fichues, et on les écrivait à deux avec Jenny. Mais on a remarqué que personne ne nous faisait de remarques sur les paroles ! Les gens évoquaient la musique, l’énergie, ou n’importe quoi d’autre, mais jamais un commentaire sur les textes. Tandis que nous, on était assez fiers de nos paroles, on avait pris du temps pour les rédiger.

Mais franchement, dans le metal, les paroles c’est pas si important non ?

Tout à fait ! Beaucoup de groupes choisissent d’ailleurs de s’en passer. Mais pour nous, elles étaient importantes ! Le passage au suisse allemand est une manière de les mettre en évidence. Et ça a marché:s les gens ont tout de suite réagi. Après le concert au Kilbi Festival, le premier truc que les gens mentionnaient, c’étaient les paroles ! C’était une réaction inédite.

En toute honnêteté, j’ai aussi un peu de la peine avec les gens qui écrivent des paroles en anglais sans une bonne maîtrise de cette langue. Leurs textes sont nuls ! « Die ! High ! Sky ! », des trucs du genre… Leur grammaire est à la ramasse, leur accent est hyper prononcé. Je leur demande : « Mais pourquoi choisis-tu l’anglais ? », et eux de répondre : « Pour moi, c’est plus facile d’écrire des paroles en anglais. » Je hausse les sourcils : « Personne va croire ça. »

Peut-être le choix du suisse allemand était un manifeste à l’attention de ces groupes, pour les encourager à écrire dans leur langue. Si les paroles comptent pour eux, qu’ils écrivent dans leur langue. Enfin, dans le metal, il y a peu de groupes qui se risquent à chanter en suisse allemand. Et on s’est dit : « Pourquoi pas ? »

Je vois plusieurs arguments. Il y a par exemple, pour le problème du dialecte. Faut-il chanter en bärndütsch ou en züridütsch?Et n’y a-t-il pas un complexe, vis-à-vis du suisse allemand, qui ne serait pas assez « noble » pour des textes de musique ?

Oui, on était pas certain que ça fonctionne. J’ai écrit au début quelques paroles en suisse allemand, des broutilles, que j’ai tenté de chanter dans mes différents registres : growls, voix de tête, etc. C’était un test, juste pour voir comment le suisse allemand allait sonner. On a enregistré et on se l’est écouté : ont suivi de longues discussions. Et ce n’était : « Ah ouais c’est cool, on y va. » On avait des doutes : « Est-on sûr qu’on a envie de risquer ça ? »

Et c’est du « seislertütsch », le dialecte très particulier de votre Singine natale ?

Alors non. Même si c’est Jenny qui a écrit la plupart des paroles, et qu’il est singinois, c’est moi le chanteur, et je ne parle pas le seislertütsch : mon père est zurichois, et ma mère est américaine. Dans la vie courante, je crois que je parle plutôt le bernois. Mais quand je traîne avec des gens de Fribourg, j’ai des mots de seislertütsch qui me viennent, qui disparaissent quand je suis à Berne, où j’habite. Je ne le fais pas exprès. Il me reste cependant une poignée de mots que je prononce toujours en seislertütsch. Comme « i gugge » – au lieu de « i luege », (« je regarde », ndlr), « ay » et « wùy » au lieu de « abe » et « ufe » (« en-bas » et « en-haut », ndlr).

Enfin, le fait est que je ne pouvais pas chanter dans ce dialecte et rester authentique, je devais trouver ma direction. Alors Jenny a écrit des textes en seislertütsch, que j’ai ensuite repris en… « Tommydütsch ». C’est pas vraiment du bernois. On a eu de grosses discussions avec Jenny sur la prononciation de tel ou tel mot. En général, c’était Jenny qui l’emportait, parce que c’est un nazi de la grammaire : « Tu dois le chanter avec « i » ! » Des discussions qu’on aurait jamais pensé avoir.

Même si c’est rare, vous n’êtes pas les premiers à risquer le suisse allemand en musique. Aviez-vous des artistes en tête en écrivant les paroles ?

Je ne pense pas. Je n’écoute jamais de Mani Matter, par exemple (le Georges Brassens bernois, ndlr). J’ai de l’estime pour sa musique, mais je ne l’écoute pas régulièrement. J’adore en revanche Sophie Hunger. Ah… C’est possible que dans ma tête, je pensais un peu à Sophie Hunger. Mais plutôt parce que je trouve génial qu’elle se risque à chanter en bon allemand, en suisse allemand, en français et en anglais. Et tout ça sur un album. Pourquoi pas, tiens ? Je trouve très cool

Tu te verrais chanter en français, un jour ?

Pourquoi pas, oui ! Avant ce projet, j’avais l’idée de faire un album qui aurait renfermé les quatre langues nationales. Mais le problème – peut-être que le français aurait marché pour moi – mais en italien, je suis pas du tout à l’aise. Ça aurait été fake. Il nous aurait fallu des experts, qui nous auraient écrit les paroles, avec qui j’aurais fait un coaching vocal avant d’enregistrer. Mais on a eu peur que ça ne fonctionne pas, et on en resté au suisse allemand.

Jenny ne cache jamais son affection pour Sólstafir, un groupe qui a choisi l’islandais, une langue à priori ni noble, ni mélodieuse, ni fédératrice, pour porter leur musique. Est-ce que ça a été une caution ?

Je n’en jurerais pas, mais c’est possible, vu que, comme tu dis, Jenny est un grand fan de Sólstafir. Mais le fait que nos albums sortent en même temps, c’est une coïncidence. Mais une chouette coïncidence.

Peut-on encore vous considérer comme un groupe de thrash metal ?

Non. C’est officiel, The Burden Remains n’est plus un groupe de thrash metal, et encore moins de old-school thrash metal, étiquette qui nous a longtemps collés à la peau. Même à l’époque de ‘Fragments’, qui était déjà très progressif. Et même après des concerts ! Des gens du public venaient nous voir et nous félicitaient : « Ah, old-schoold thrash, c’est super, j’adore ! » Je me demandais parfois s’ils avaient vraiment écouté la musique. Les metalheads, quoi, … On les adore.

Mais si tu veux nous donner un titre maintenant, je crois que ce serait du post-metal. Si tu fais attention aux arrangements, on est peut-être plus progressifs que « post », mais on est prudent avec ce terme parce que tout le monde pense immédiatement à Dream Theater à leurs solos virtuoses à rallonge – et c’est pas du tout ce qu’on fait. Mais Mastodon est aussi progressif, dans un sens.

Le metal me paraît un genre plutôt conservateur. La nouveauté est souvent accueillie froidement et on encourage plutôt les petits groupes à imiter des valeurs sûres plutôt qu’à se distinguer. Est-ce que tu penses que c’est un problème ?

Oui, clairement. C’était par exemple pour nous beaucoup plus facile d’avoir des concerts lorsqu’on faisait du thrash metal. Lorsqu’on a fait notre précédent album, ‘Touchstone’, avec un orchestre, les labels nous disaient, comme pour ce nouvel album : « C’est vraiment cool ce que vous faites, mais c’est pas notre musique. » Alors on leur demandait : « Mais c’est quoi votre musique, alors ? » Et eux de répondre illico avec un genre : thrash, black ou death. C’est très carré.

Donc essayer d’innover, si on songe aux concerts, ou aux ventes de cd, c’est un problème, peut-être. Mais en termes de satisfaction personnelle, c’est génial. Je crois que tous les quatre sommes satisfaits de pouvoir monter des projets originaux, et de bien les faire, quitte à faire moins de concerts.

Ça ne vaudrait pas la peine de tourner définitivement le dos à l’étiquette « metal », genre de niche conservateur, pour vous ouvrir les portes des galeries d’art et autres lieux artsy où l’audace serait davantage récompensée?Ulver a risqué le pas.

C’est possible qu’un jour on arrête de faire du metal. Peut-être le prochain album. Peut-être dans vingt ans. Mais pour nous ce qui compte, c’est ce qu’on a envie de jouer. On jamme, on improvise, jusqu’à ce qu’on trouve un but, une direction, qui nous plaise. Et peut-être qu’arrivés à la fin, on remarque : « Ah mais c’est plus du metal ! » Mais on ne se dira jamais au début : « Ok, cette fois, on a plus envie de faire du metal. »

Sur ce nouvel album, ‘fluid’, on a par exemple des claviers. Il y a dix ans, on aurait jamais osé, on aurait trouvé vraiment trop kitsch. C’était le truc à ne pas faire, dans le metal. Mais ici, on a d’abord commencé à travailler avec un moog, un synthétiseur modulaire qui produit des sons ondulatoires, et puis on s’est dit qu’on avait besoin de quelque chose de plus, et on a risqué la présence des claviers. Mais c’est rien de kitsch ! C’est surtout des accords, un mur de son plutôt que des lignes mélodiques.

Tu n’as pas peur d’avoir offensé les dieux du metal ?

Oui, peut-être, Odin doit être déçu de nous. Et Satan aussi. (rires) Donc oui, c’est possible qu’un jour on renonce au metal, mais c’est aussi d’où on vient, là où on a grandi. C’est dans notre sang. Je crois qu’on écrira toujours des morceaux avec de la disto, où je peux crier, qui se prêtent au headbang.

Vous ne risquez pas de devenir « des rockeurs de dimanche » si vous vous enlisez dans le rythme d’un ou deux concerts par année ?

A ce sujet il faut dire que nous ne sommes pas tous du même avis, au sein du groupe. Certains auraient envie de jouer davantage, d’autres considèrent que faire un concert par année, c’est ok. Notre but est avant tout de faire de la musique, d’être des artistes, de créer quelque chose plutôt que de le présenter. Il faut aussi dire que Philippe, le guitariste, s’est marié il y a un mois et a eu un bébé. Je viens moi-même de me marier et ma femme va accoucher d’un jour à l’autre au moment où je te parle. Donc nos vies évoluent. Et si on a pas assez de concerts avec Burden, moi je vais me chercher d’autres projets. Il y a eu le Metalikids (un concert-spectacle de metal pour les enfants avec d’autres membres de la scène de hard du coin, ndlr), j’avais mon projet solo Amarello, pour lequel j’ai recommencé à composer. Et si ce n’est pas dans la musique, c’est dans le sport : l’année passée je me suis mis au hockey, cette année, c’est le kayak, à côté de la capoeira pour laquelle je suis passionné. Nos vies ne sont jamais ennuyeuses, il n’y pas de vide à combler, ce qui fait que même si l’on n’a pas de concerts, la satisfaction est toujours présente.

Les quatre, vous jouez ensemble depuis quoi, … vingt ans ?

Seize ans je dirais.

Gérer un groupe, c’est aussi difficile que gérer un couple ?

Hum. Franchement, je crois que c’est pareil. Et c’est pas parce que je veux dire qu’on est des filles de temps en temps, surtout quand il s’agit de discuter. Mais comme dans un couple, il y a des fois où, en rentrant chez toi, tu es décidé : « J’arrête ! A la fin de ce projet, je me casse ! » Ça m’est arrivé quelques fois. Et je sais qu’aux autres aussi. Et c’est la même chose avec ta copine, et regarde-moi maintenant : je suis marié. Et encore maintenant ! Il m’arrive de me demander ce que je fous-là, pourquoi je vais avoir un bébé alors que je pourrais être célibataire et m’amuser à droite à gauche. Mais c’est normal, des pensées comme ça. Et finalement, on roule plutôt bien ensemble, qu’il s’agisse de ma femme, Franziska, ou de Burden. Et je le dis en connaissance de cause, parce que je me suis impliqué dans plein d’autres projets avec plein d’autres musiciens, sans jamais retrouvé l’alchimie que j’ai avec les autres membres de Burden.

Tu as passé plus de temps de ta vie avec le groupe que sans le groupe. Qu’est-ce que ça représente pour toi ?

Rien dans ma vie ne m’a jamais procuré autant d’émotions, d’énergie, de frustrations aussi, et de satisfaction. Remontons dans le temps : chaque étape nous a complètement submergés. La première démo – à 16 ans, on en revenait pas, on tenait un vrai cd dans nos mains ! Puis l’EP, avec une production bien meilleure, puis un premier album, fait dans des conditions professionnelles, avec un artiste mexicain et des ventes jusqu’en Russie ou en Amérique du sud, … On arrivait pas à y croire. Puis le concert sur quatre scènes pour ‘Fragments’. Puis l’album avec un orchestre. Et maintenant un disque en schwyzerdütsch avec un film. C’était chaque fois des situations incroyables qui ont accompagné notre croissance en tant qu’artistes. Et c’est une immense source de fierté, même s’il y a plein de groupes qui ont plus de succès.

Vous considérez donc comme des artistes ? Je pense que beaucoup de musiciens de la scène metal ne prétendent pas faire de l’« art ».

Oui, alors dans ce cas-là je crois qu’on est plus des artistes que de vrais metalheads.

Mais lorsque je vous parle, je n’ai pas l’impression que vous prenez la grosse tête pour autant.

Hum. C’est peut-être notre personnalité. Je crois qu’on a acquis cette réserve en remarquant très tôt que ce qu’on faisait ne nous amenait aucun succès (rires) On a vraiment aucun succès, absolument aucun. Alors oui, on a eu quelques chouettes concerts. Celui avec l’orchestre avait fait salle comble, mais c’était à Fribourg : c’est notre ville ! Ça ne compte pas, idem pour la première partie de Megadeth, aussi à Fribourg. Ça nous apprend l’humilité : même si on met énormément d’énergie dans ce qu’on fait, même si on prend le temps de réfléchir à ce qu’on y met, on ne vend pas de cds. Mais on continuera quand même.

FICHE CD 

Nom de l’album : fluid

Label : Tertium Non Datur Records

Website : www.theburdenremains.com

Note : 4.5/5