Attention ce disque contient un solo de flute !
En pleine période grunge, mon groupe préféré était crânement Mother Love Bone que peu de personne connaissait. Je plaçais en second, les STP. Ce que j’aime chez eux, c’est leurs influences jazz, glam, punk, psyché, le tout mélangé avec beaucoup de chien. Ces musiciens ultra talentueux et maudits avaient à leur tête un camé(léon) écorché vif dont la morgue et la détresse me touchaient quand il hurlait cette phrase magnifique ‘I am I am I said I’m not myself, but I’m not dead and I’m not for sale’. Scott Weiland est mort il y a quatre ans. Le reste du groupe tente le coup avec le chanteur de Linkin Park, qui se suicide. Ils débauchent ensuite Jeff Gutt et se font cracher dessus malgré un bon album en 2018. Pour exorciser tout ça, plus 2-3 ruptures amoureuses et une crise existentielle, ils sortent le mélancolique et acoustique ‘Perdida’. Créer quelque chose de beau à partir de la douleur. Des ballades de poche (‘From thee well’) ou de cocktail lounge galactique (‘Years’) se disputent le podium. ‘She’s my queen’, très pure comme une sorte de mantra ponctué par du marxophone. Des instruments peu entendus sont à l’honneur comme la flute, le violoncelle, la guitarron. La plus belle de l’album est la valse aux sonorités slaves, voire napolitaines ‘Miles away ‘ : elle donne envie de prendre sa guitare et sortir tout ce que l’on garde sur le cœur pour dire simplement ‘Tu me manques terriblement’. Cet album est saturnien mais pas sombre ni dégoulinant, juste un constat de chagrin qui dure mais avec lequel on apprend à vivre, parsemé parfois de touches de légèreté et d’espérance. Leur unplugged de 93 était une petite merveille ; ‘Perdida’ ne le fera pas oublier, car il lui manque un peu de hargne. Un disque sur la perte, décrite avec classe, sans sensiblerie ni violence, juste cette douleur diffuse et l’espoir, toujours l’espoir. ‘If I could stop time, it’s the last thing I’d do. Just to savor the essence of echoes of you’. [FS]


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Note :4,5