Si l’on ne m’avait jamais découvert mon lymphome, vous n’auriez jamais pu lire cela.


Bien qu’il est très peu scientifique de ma part de dire que la musique a sauvé ma vie (merci à mon assurance-vie et 12 semaines de chimiothérapie), combattre une maladie, pire encore, un cancer, requiert énormément d’énergie mentale. D’où mon idée que la musique, lors de mon traitement, a été la bande originale de ma guérison.

Le 20 août 2016 n’a probablement pas marqué vos esprits, mais pour moi elle a été une journée de merde. Mais mon oncologue me rassure : ‘si vous devez avoir le cancer, ayez celui-ci’. Son aura réconfortante et sa barbe superbe (super barbe ? Superbarbe?) me mettent à l’aise, je fais donc confiance en son jugement. ‘Vous êtes jeune et paraissez en forme’, me dit il. Je me sens vieux et fragile. Lorsque je n’étais pas au travail (je suis prof, entouré d’enfants 12h par jour), il fallait que mon esprit s’occupe. J’écoutais la radio tous les jours, constamment. La musique devient ma ‘Keanothérapie’, solution maison et saine à tous les produits industriels toxiques qui s’induisent dans mes veines.

Accro à l’indie dans ma jeunesse, la musique était le pain quotidien de mon adolescence. Je parcourais tous les magazines sur lesquels mes mains pouvaient se poser, cherchant inlassablement des face B, des anecdotes, des nouveaux groupes à découvrir, des opinions sur les artistes déjà établis. Une fois, j’ai failli coller des pains à mon meilleur ami lors d’un différent à propos du meilleur album de Portishead. Les années ont épuisé ce jeune fanatique de musique et l’on, au fil de ma vie, rendu obsolète. Mais l’opportunité était trop bonne pour ne pas lui redonner une seconde jeunesse. Qu’avais-je donc à perdre ?

Un jour, alors que je buvais une bière tranquillement avec un groupe d’amis, l’un d’entre eux m’a proposé de rejoindre son équipe de journalistes pour un magazine musical. Une nouvelle étape pour ma Keanothérapie ? Peut-être bien. Qu’avais-je à perdre ? Focaliser mon esprit sur quelque chose d’aussi passionnant, inépuisable et chronophage que la musique. Rien à perdre, tout à gagner.

Mon traitement mental semble avoir eu l’effet escompté. Le 8 décembre, Dr SuperBarbe m’annonce que mon cancer a été guéri. Je l’ai serré dans mes bras. A ce qu’il parait, c’est comme ça que l’on salue son oncologue. Pour célébrer, je me rend à mon premier concert en tant que journaliste : celui de l’incroyable Kate Tempest. Elle aussi est une force de la nature.

Face à une horrible maladie, apprécier la beauté et la créativité d’autres être humains est une expérience incomparable. Mais ma Keanothérapie ne s’est pas arrêtée le 8 décembre 2016. La musique reste un traitement, un catalyseur d’émotions et d’énergies. Découvrir des artistes comme Desperate Journalist, Loyle Carner ou encore Man and the Echo reste une expérience salvatrice. La musique peut parfois détruire ses artistes, mais elle soigne tellement d’âmes en peine. Y aurait-il un meilleur traitement, docteur ? [John Kean – Bristol Live Magazine]

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