Je dois avouer, j’ai trente ans et le mouvement Riot Grrrl me fait toujours rêver. C’est peut-être que j’ai toujours aimé écouter et voir des groupes avec des femmes sur scène, que j’aime le punk ou que j’ai une attitude un peu à la sauce  »fuck you » malgré mon phlegme naturel. Alors quand on me propose un livre tout frais sorti de la presse dédié entièrement à la naissance, la mort et l’héritage laissé par les groupes de Riot Grrrl, on ne me le demande pas deux fois.
Ce livre repart véritablement aux origines du mouvement, puisé dans le punk. Lorsque l’on parle de punk dans la fin de années 80, on parle de baston, de se démonter la tronche dans une fosse tandis qu’un groupe joue sur scène et trouve ça rigolo. Bref, ça ne laisse pas beaucoup de place aux gens venus véritablement écouter la musique pour son côté cathartique. Le punk, pas si ouvert que ça ? C’est là qu’un petit groupuscule décide de jouer des coudes et de montrer leur majeur à la scène punk, qui se veut libérée, néanmoins tout en isolant complètement les gens qui… veulent être libre de faire ce qu’ils veulent. A travers les pages de  »Riot Grrrl », on assiste à la naissance des groupes phares comme Bikini Kill, Bratmobile, Heavens to Betsy ou encore plus tard Sleater-Kinney.

Mais on ne parle pas seulement de groupe : on parle du mouvement, de ses détracteurs (même au sein du mouvement!) et de tout ce qui arrive lorsque l’on estampille quelque chose de punk de DIY. C’est ce qui fait la force de ce livre, qui se lit d’une traite. On remarque bien vite que le mouvement riot grrrl, que ce soit à travers les Pussy Riot ou même avec la très controversée Miley Cyrus, est un imaginaire toujours présent. Les Spice Girls l’auraient-ils complètement tué, ou rendu public, et dès lors présenté aux yeux du monde comme un phénomène d’actualité. Car le mouvement Riot Grrrl a plus de trente ans et est, pourtant à bien des égards, encore bien présent dans le monde de la musique. Le rock est, et a toujours été, un style musical sexiste et genré, dans un moule difficile à déformer. Dès lors, l’autrice Mathilde Carton nous laisse avec cette pensée : doit-on être Riot Grrrl même à l’heure d’aujourd’hui ? Miley Cyrus chantant  »Rebel Girl » au Superbowl est-il un pet dans l’eau, ou est-ce le symptôme que le mouvement est en train de reprendre du poil de la bête, simplement avec plus de paillettes et une crinière digne de Beyoncé ? Affaire à suivre, et livre à dévorer.

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Note : 5/5