Depuis plus de quarante ans (eh oui, c’est dingue !), Rash Panzer distille un rock à la fois punk et pop et célèbre l’année 2023 par un nouvel album au titre prometteur : Liberation ! J-Jay, le chanteur du groupe, est venu dans les locaux du Daily Rock pour nous régaler des secrets de fabrique : ne bougez pas !



De 1979 à 2022, sacré bout de chemin pour le groupe ! Comment qualifierais-tu l’ensemble de ce beau parcours ?


C’est un parcours accidenté. Très long. Beaucoup d’expérience avec beaucoup de personnalités différentes. Des musiciens fantastiques. Beaucoup de galères aussi. Puis ces dernières années, j’avais l’impression qu’on était un peu maudits. Pas par le public, mais parce que les choses ne s’alignaient pas. Et puis là, finalement, on se retrouve avec une formation qui est top, la même avec laquelle on a enregistré le « Back on the Rock », une formation de copains surtout.

Pourquoi « Liberation »?

Au départ, je voulais l’appeler « Twenty Twenty » tellement j’ai été traumatisé, non pas par la maladie en elle-même, mais par la gestion des autorités. La panique des médias aussi, la panique chez les gens. C’était comme si tout le mauvais côté de ces êtres humains, entre guillemets, reprenait le dessus. Cette folie du besoin de pouvoir : « je vais vous expliquer que je vais vous faire du bien. Vous allez voir, c’est pour votre bien. Restez tous enfermés, c’est pour votre bien »… Et donc j’avais envie de vraiment mettre l’accent là-dessus. On m’a déconseillé, et puis Thierry, le batteur, est venu avec cette idée. « Et pourquoi on ne prendrait pas un des titres d’un des morceaux ? » That’s what is all about : libérons-nous, mais pas seulement nos chaînes, de tous ces pouvoirs, mais également au niveau spirituel, on a peur de quoi finalement ?

J-Jay, raconte-nous comment tu es tombé dans la musique ?

C’est quand on est un petit garçon en primaire à l’école des Charmilles. Ce qui va te toucher le plus, c’est d’attirer l’attention de tes petits camarades. Et plus particulièrement des camarades féminins. Un jour, j’ai chanté et j’ai mes petits camarades qui m’ont dit : t’as une belle voix, tu chantes bien ! Et là, ça fait quelque chose. J’écoutais beaucoup de variété française à l’époque. Et puis, un jour, j’ai découvert Led Zepplin avec « Black Dog ». Et là, j’ai été complètement fasciné.

Meneur de bande, j’ai convoqué tous les copains pour faire un groupe pour la fête de fin d’année. Moi, j’avais un micro en Lego, le batteur avait fait ses fûts avec des barils de lessive. Et puis le guitariste c’était un gros machin en carton et on a commencé à faire un playback sur « Black Dog » de Led Zepplin. Et là, tout le monde hurlait même la prof, ils devenaient complètement fous ! Quand tu vis quelque chose comme ça, tu ne peux pas rester indifférent. Et quand tu as un malheur d’être du signe du lion et d’être légèrement égocentrique, tu te dis tiens, c’est peut-être un moyen de se mettre en valeur.


Pourquoi le choix du chant ? Parce que je me suis dit que je n’ai pas besoin de bosser vu que j’ai une belle voix et que ça va passer tout seul. Et ça c’est un piège. C’est le piège à cons parce que c’est l’instrument qui est le plus proche de toi, de ton corps, de ta personne. Et donc il suffit d’un petit problème d’humeur, de contrariété et tout ça peut tout casser. Mais il me fallait ce piège pour me dire maintenant tu vas bosser. Parce qu’au départ je suis un gros fainéant, faut le dire.

Comment qualifierais-tu le style de musique de Rash Panzer ?

À l’époque, le mot hard-rock était le plus proche et évidemment, on avait besoin de faire un petit distinguo pour faire les malins, fallait attiser la curiosité des gens. On a appelé ça le Power rock.  Hier soir, on en discutait entre nous. Somme toute, c’est du pop, c’est du pop rock. Je me suis dit ça pourrait être du classic rock.

En général, quand on dit qu’on fait du classic rock, c’est qu’on fait des morceaux qui sont déjà connus. C’est donc plutôt des reprises, c’est des morceaux qui ont acquis une certaine stature, une certaine notoriété. Donc c’est pour ça que je ne l’utiliserais pas trop, mais c’est assez classique comme rock. On est entre le blues et le metal.

Qu’est-ce qu’il y a de nouveau dans cet opus ?

Il y a douze titres sur le CD et en téléchargement et on a fait un vinyle également. Le producteur a eu une seule exigence, c’est qu’on en mette que dix et non pas douze pour qu’on ait vraiment une belle reproduction du son. On a travaillé donc sur ce projet avec Serge Morattel, le producteur qui a le Rec Studio et qui est un type fantastique. Il est non seulement un excellent ingénieur du son et producteur mais aussi un grand psychologue. C’est un groupe de copains qui nous a mis sur le sur le coup Random Play.

Dans l’album, il y a beaucoup de morceaux qui sont toujours dans mes révoltes politico philosophico existentielles, des choses un petit peu plus intimes, un petit peu plus sensuel. On a un morceau qui a un côté un peu plus metal. Et là, on a déjà sorti un premier clip avec Rock on qu’on a réalisé avec le concours d’un jeune réalisateur. Il va également être là pour le deuxième clip qu’on fera.

On est toujours un peu dans cette fantasmagorie rock’n roll. Donc on veut faire rire, on veut faire rêver, on veut amener de l’émotion aux gens. On a des titres qui sont un peu plus pop, punk. Et ça, c’est le troisième clip si tout va bien, qui devrait être produit par Cactus Productions. C’est un morceau qui s’appelle « Reason ». C’est une personne à la Mister Bean qui rate tout ce qu’elle entreprend.

Et puis on a essayé d’avoir une assez grande variété. Un autre morceau qui a aussi un peu cette connotation, peut-être un peu punk plutôt génération X, tu sais, façon Billy Idol et qui s’appelle « No Way ». C’est un hymne à l’écologie qu’on avait écrit en 2013. Donc souvent on garde ces morceaux. Renato, alias Renator Dani, qui est le guitariste et compositeur du groupe et re-digère jusqu’à ce qu’on arrive vraiment à trouver la bonne quintessence de la composition.

Quel message le groupe a souhaité faire passer ?

Libérez-vous, libérez-vous de toutes les emprises qui existent, de tout ce qu’on a dans la tête à partir de notre naissance. On n’y peut rien. Nos parents mêmes n’y peuvent rien. Et puis la société est la société, et ce qu’on en a fait aujourd’hui, C’est à dire le fait de vivre en société, c’est une chose, mais on a dicté des règles et au quotidien, on a de la peine à s’autodéterminer, à être notre propre souverain. Et ça, c’est quelque chose qui me travaille particulièrement. Mais ça veut dire aussi qu’on va retrouver ça à d’autres niveaux, au niveau de notre vie de couple, notre vie amoureuse, nos orientations, nos goûts, nos opinions, les opinions politiques. Aujourd’hui, on est dans une autre dimension.

Je veux dire, tout ce qui n’est pas dans la doxa, dans la ligne, est fasciste. Je n’ai jamais entendu ce mot autant de fois. C’est bizarre, c’est plutôt les fascistes qui raisonnent comme ça ; on a réussi même à inverser le sens des mots. Mais oui, j’aimerais juste que les gens ouvrent les yeux en ouvrant les oreilles. On ne leur demande pas d’aimer ce qu’on fait. Ce qu’on aimerait surtout, c’est de déclencher la curiosité, l’interrogation, l’intérêt.

Si l’album était une couleur quelle serait-elle ?

Comme tu vois, je m’habille en noir sauf mes chaussettes que je ne montrerais pas aujourd’hui, mais elles sont justement très colorées. Je me suis dit que si jamais j’avais un accident mortel, au moins que l’infirmier qui sera là se marre exactement comme toi, là maintenant ! Mais je ne sais pas…j’aime bien le bleu métallisé par exemple.

Vos actualités ?

L’album est enregistré depuis quelques mois et on le sortira lors du vernissage le 13 janvier au Mr Pickwick à partir de 21 h et c’est gratuit. On essaie de mettre en valeur, de faire un peu de pub pour les endroits qui ont la gentillesse et l’intelligence de promouvoir tout ce qui est rock local comme le Relais Thaï et le Pickwick pub. Donc on espère en faire plein d’autres.

Cet album en tout cas nous permet de retourner en studio pour faire cet EP qui sera entre quatre et six nouveaux titres et ensuite on espère rentrer dans un rythme peut-être d’une fois par an ou plus, ça va dépendre de l’inspiration. Le prochain clip qu’on sort, c’est Wild roses. On a utilisé onze lignes de guitare alors qu’on a un seul guitariste. Mais bon, on avait vraiment envie de profiter de ce petit plaisir qui est en studio.

On aimerait aussi faire des festivals pour la suite. On a surtout beaucoup d’amis qui nous donnent de super coups de main, beaucoup de conseils de la part de Jelly de On Stage music et aussi du Daily Rock (David et Sabrina). Donc on va essayer de mettre tout ça en forme de telle façon qu’on sorte un petit peu de 1979 !

www.rashpanzer.com