Non, vous ne rêvez pas ! Le trio, anciennement quatuor, (re)formé du multi-instrumentaliste Steven Wilson, du batteur Gavin Harrison et du claviériste Richard Barbieri nous ont fait l’honneur d’un show plus qu’à la hauteur mercredi dernier à la Halle 622. Après 12 ans de silence radio, des carrières solo fructueuses et une pandémie, le groupe est comme sorti d’outre-tombe pour nous présenter son nouvel opus : Closure/Continuation, sorti en juin dernier. Retour sur cette soirée.

En arrivant dans la salle, de manière presque rituelle, un message s’affiche sur l’écran géant : portables et photos interdits. Ce qui aura valu à notre photographe quelques contraintes techniques avec un règlement très strict… Entrée du groupe sur scène sous une ovation d’applaudissements, de cris. On peut le dire : la foule est en liesse ! Et quoi de mieux pour commencer que Blackest Eyes, premier titre issu de l’album sinon le plus apprécié, le plus connu : In Absentia. Alors douze ans après, comment ça sonne ? Ma foi, ça sonne comme on pouvait l’espérer : c’est génial ! Malgré la grosse décennie qui les sépare de leur dernier concert en commun, tout est en place : l’énergie sur scène, le groove si caractéristique dans le jeu du batteur et les atmosphères ambiantes et planantes du claviériste. Tout. Y. Est ! Cette première chanson terminée, Wilson blague justement à propos de leur dernier concert probable à Zürich et des années… d’expérience qu’ils ont acquise entre temps ! Rapidement, il nous informe également qu’ils comptent nous en donner pour notre argent : le concert durera 3 heures avec une brève entracte. S’ensuivent alors les trois premiers titres de leur nouvel album, qu’ils joueront intégralement : Harridan, Of the New Day et Rats Return. Trois morceaux qui annoncent très bien la suite du concert grâce à l’éclectisme des sonorités qu’ils offrent : des passages tantôt métal, tantôt balade, techniques aussi bien qu’atmosphériques. À nouveau, tout y est ! C’est comme si ces douze ans n’avaient été qu’une petite parenthèse.


Notons que les musiciens de session qui les accompagnent « matchent » parfaitement avec leur son. Pour rappel, il s’agissait de Nate Navarro à la basse (présent sur les derniers opus de Devin Townsend) et Randy McStine au chant et à la guitare (notamment connu pour son groupe en duo avec Marco Minnemann), les deux d’origine américaine. Ce qui donnera d’ailleurs l’occasion à Wilson de les vanner gentiment à ce propos ! Toutefois, si Colin Edwin, le bassiste d’origine, a été mis de côté, il fallait trouver quelqu’un qui puisse avoir les épaules pour le retour d’un groupe comme Porcupine Tree. Dire que Nate Navarro possède les épaules est un euphémisme ! Des morceaux comme Last Chance to Evacuate Planet Earth Before it is Recycled ou Halo mettent largement en Valeur les qualités du musicien et rendent plus qu’honneur aux morceaux datant parfois de presque 25 ans ! Il en va de même pour Randy McStine, qui, avec ses backings, reprenait le rôle pas évident de l’ancien guitariste/chanteur de session, John Wesley. Là aussi, tout y est, presque comme il y a douze ans !

Le concert continue et brosse un panorama de ce que le groupe a fait de mieux en reprenant des morceaux de leurs 6 derniers albums, remontant à 1999 avec Stupid Dream. Bien que Wilson se plaigne souvent dans des interviews de ne pas avoir de « tubes », on retrouve pourtant dans cette setlist des morceaux comme Sound of Muzak, Fear of a Blank Planet, Halo ou encore Drown With Me. Il expliquera un peu plus tard dans le concert que s’il reconnait être frustré de n’être jamais passé à la radio par exemple, cette situation leur permet de jouer ce qu’ils veulent sans se soucier de ce que veut entendre le public. Et il a bien raison ! Sur les presque 3 heures de concert, il n’y a pas un moment sans qu’on soit captivés, touchés, voire en train de headbanger. Notamment sur ce qui devait probablement être un challenge personnel : Anesthetize, à savoir, LE gros morceau des derniers albums avant leur break. Plus de 17 minutes de musique entre rock progressif, metal et passages atmosphériques. Il faut bien avouer qu’ils ont toujours la forme ! Le tout avec un métronome in-ear qui venait de lâcher juste avant. À souligner également : chacun des morceaux était accompagné de superbes vidéos projetées en arrière-plan, toutes différentes. Sleep Together, par exemple, se voyait assorti à une réalisation complètement hypnotisante, qui allait parfaitement avec l’ambiance électro et malsaine du morceau. Vous l’aurez compris : tant au niveau de la setlist que de la qualité du son offerte par la Halle 622, des ambiances visuelles et des lumières, tout y était !

C’est finalement après 2 sets d’une heure et quelques et un rappel généreux de trois chansons (pour un total de plus de 3 heures) que le groupe termine sur LE seul « morceau- tube » que le groupe ait jamais écrit : Trains. Même s’ils sont conscients de n’avoir joué qu’une sélection de morceaux que les fans, attendant ce retour depuis 12 ans, auraient aimé voir encore plus grande, force est de constater que cette tournée était un retour digne de la discographie d’un groupe comme Porcupine Tree. C’est à nouveau sous l’ovation des quelques 3000 personnes présentes ce soir-là que le groupe tirera sa révérence pour la soirée. Dans la salle, des sourires et rien que des sourires. Des fans ravis et un stand de merchandising pris d’assaut. Sans doute de peur que la prochaine tournée ne soit dans 12 ans encore !

On retiendra donc un concert gargantuesque, d’une qualité sans pareille avec un public qui aura joué le jeu des portables interdits jusqu’au bout. On ne peut maintenant qu’espérer que le prochain concert soit plus proche que dans 12 ans !

Texte : Raoul Conus

Photos : Franck Lubicz