Il faut avoir faim pour se lancer dans l’écoute d’une ‘Paninoteca’ – littéralement une bibliothèque de sandwiches. Vous l’aurez vite compris, c’est un livre de recettes musical, spécialisé dans ce qu’il est possible de caser entre deux tranches de pain ; depuis le bon vieux et simpliste ‘Jambon-Beurre’ à la fraîcheur nordique riche et complexe d’une ‘Smörgåstårta’. L’album des ursidés Lausannois ne surprend pas tant que ça par son thème, lorsqu’on sait que l’unique prédécesseur de cet album s’appelle ‘Primi piatti’ (« plats de résistance » en italien… ‘Orso’ signifiant d’ailleurs « ours » en italien). Il ne surprend pas non plus par son style, post-metal instrumental, un peu space-rock ou stoner par moments, où les morceaux sont bien longs, avec beaucoup de passages lents, histoire de ne pas trop vous réveiller entre les passages puissants et de vous laisser planer dans cette langueur typique – presque la même léthargie que lorsque vous regardez un film au cinéma trop long, mais captivant.

On sent que les idées ont fusé pendant la composition de l’album et qu’entre trois guitares, une batterie et une basse, ils se sont débrouillés pour en exploiter un maximum en n’oubliant personne, de façon honnêtement plutôt réussie. Ce qui surprend le plus, finalement, c’est… pourquoi la nourriture ? Et pourquoi en italien ? Peut-être parce que la nourriture est à la base de la vie ! Et que la nourriture italienne est indubitablement l’une des meilleures du monde, allez savoir… Par contre aucun des sandwiches sélectionnés pour l’occasion n’est italien (mets belges, suédois, américains, argentins et français au menu !) et c’est bien ce qui me surprend de prime abord.

Sur cette galette, on peut donc découvrir des rythmes légers, ensoleillés et iodés comme une soirée chaude en bord de mer, ou comme un petit ‘Choripán’. On peut se faire écraser par les roulements lourds d’une ‘Mitraillette’, arme incontournable de l’ouvrier belge qui doit se battre contre la fatigue et le vent de son plat pays. On peut se laisser porter par les arpèges saturés d’épices et dilués dans le gras d’un ‘Horseshoe’. On peut s’étonner de la finesse qu’on n’aurait pas imaginé trouver dans un combo aussi populaire que des sandwiches, mais c’était sans compter le ‘Monte Cristo’ ! Il n’y a que peu d’éléments qui n’ont pas leur place ici. Par exemple, le ‘Jucy Lucy’ ne sert que d’interlude pas franchement nécessaire, étant donnée la petite variété des tempos, les breaks et les quelques changements de lignes mélodiques au sein-même de chaque morceau. J’aurais plutôt placé un melonpan japonais, frais, sucré et léger. Mais il reste encore tant de recettes de par le monde à mettre en musique que je ne me fais pas de souci pour l’avenir musical de ce quintet d’ours Vaudois italophones gourmets.

orsoband.bandcamp.com 

Note : 3.5/5

Auteur : Alain Foulon

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