Ce n’est pas nouveau, Neil Young a tendance à sortir ses albums à des moments politiques propices. On se souviendra de  »Living with War », à l’époque où le peuple américain s’essoufflait avec Bush et voyait en ce jeune Obama une lueur d’espoir, ou encore  »The Monsanto Years », entre espoir et critique sur le géant (surtout, mais néfaste) de l’agriculture.

Enregistré en quatre jours, Peace Trail est donc un produit de son temps comprenant des observations sociales et politiques, le tout posé sur des chansons folk et acoustiques, bien que parfois trop courtes. Pour le côté musical, il s’accompagne du batteur Jim Keltner et du bassiste Paul Bushnell, délaissant au passage Promise of the Earth, le groupe avec qui il collaborait sur  »The Monsanto Years ».  Young donne aux dix chansons que composent Peace Trail un ton de protestation, contestant notamment la diffusion de fausses nouvelles, les bavures ou les mauvais traitements infligés aux peuples autochtones de l’Amérique…. On le sait, Young reste un observateur vigilant et réfléchi, il ne cesse de se tenir au courant des questions importantes et, à travers sa musique, il continue de se battre pour ce qu’il croit être juste.

Révolté donc, surtout lorsque l’on parle de politique, Young crie son indignation. Entre tambour et guitare acoustique, il dépeint le conflit de Standing Rock sur « Indian Givers », soulignant le combat de ces héros luttant pour leur territoire ainsi que leurs droits fondamentaux. Sur « Show Me’’, il pointe le doigt sur le malaise qui règne, n’hésitant pas à rappeler  »ces jours où le bien était bon et régnait ».

‘’Joan Oaks’’ dénonce, sur un fond de blues, la brutalité policière en se concentrant sur l’histoire d’un agriculteur luttant pour protéger ses ouvriers, tué dans son camion par un fusil d’officier. Les riffs se font entendre au moment de «Texas Rangers», morceau sur lequel il loue et condamne à la fois ces ‘’héros’’ de western qui ont refait la renommée de la conquête de l’ouest.

Peace Trail a aussi un fond autobiographique. Sur «Can not Stop Working», il s’explique sur sa détermination de continuer à écrire et à enregistrer. A 71 ans, celui qui a esquivé de nombreux problèmes de santé au cours de sa vie chante sur la persévérance et la productivité. Il le dira lui-même « Je ne peux pas arrêter de travailler parce que j’aime travailler quand rien d’autre ne va ! ».  ‘’Glass Accident’’ offre quant à lui plus de détails sur son divorce et ses sentiments, il y évoque d’ailleurs son refus de recoller les morceaux.

Enfin, ‘’My New Robot’’ me laissera une sensation étrange. A moins de se ‘voiler la face’ les intentions de ce titre sont claires : critiquer les technologies qui rendent l’humain dépourvu d’empathie. ‘’Les choses ici ont changé’’ dixit cette voix automatisée, provenant d’un de ces nouveaux gadgets fournis par Amazon, nous amène sur une lignée de citations ‘web’ demandant ‘’de glisser votre carte, entrez votre numéro d’épingle, le nom de jeune fille de votre mère’’ qui clôturent l’album… étranges mais pourtant bien réelles…

A 71 ans, Neil Young porte toujours aussi bien son nom, ne serait-ce que par l’énergie que le chanteur apporte à chacun de ses titres. Ce n’est pas son meilleur album mais je pense qu’il mérite qu’on s’y attarde amplement. Young maîtrise réellement les sujets qu’il traite dans Peace Trail (dans les autres albums aussi d’ailleurs). Il fait selon-moi partie de cette génération de résistants, de musiciens qu’on a beaucoup connu dans les 60’s 70’s, toujours debout prêts à protester et dont bon nombre d’entre-nous devrait s’inspirer aujourd’hui…

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