Le périple fut dantesque. Pour faire court. Le matin-même je reçois un email de confirmation de la sympathique équipe de Napalm Records avec qui je suis en contact depuis l’interview de Dave Wyndorf en Mars. On a bien les accréditations mais pas de suite d’interview possible à la fin du concert. Dommage et tant pis, je fais mon sac et retrouve à la gare pour un petit road trip rock’n’roll mon acolyte et possible future recrue pour le Daily pour la photo. Trois heures de tortillard plus tard, tout guillerets nous débarquons à Pratteln, à une vingtaine de minutes de Bâle. Seul problème, un unique hôtel déjà complet. L’accorte réceptionniste, le charme romand sans doute, nous trouve in extremis une dernière chambre. Qu’elle en soit encore remerciée ici…


Textes : Frédéric Saenger
Photos : Numa Montus 

Le retard pris fait que l’on assiste qu’à la dernière chanson de Pendejo, le premier des trois groupes de ce soir. Que pena pinche puto,  ça sonnait bien !

Nous sommes surtout impressionnés par l’endroit. On s’attendait à un «trou de militaires ». Il n’en est rien. La Z7 est sûrement la salle que je préfère maintenant en Suisse. Totalement faite pour des concerts. Sorte d’ancienne usine haute de plafond. Vaste. Genre une fois et demie l’Usine à Genève. Avec, le must, différentes surfaces de vision. Des coursives en bois bordent la salle et chacun peut donc assister aux concerts sans être gêné par des Vikings de 2 mètres.

Pour l’instant la salle n’est remplie qu’à moitié. Et le trio de Birmingham, Table Scraps balance son punk rock stoner vintage avec rage. Ils font d’ailleurs un peu penser à Monster Magnet première époque. Le public clairement là pour la tête d’affiche encourage néanmoins le groupe par des applaudissements plus chauds que nourris. C’est déjà pas mal !

Les petits protégés de Dave Wyndorf (il me les conseillait déjà il y a deux mois) valent d’être vus lors de leur prochain passage en terres helvètes.

La salle se remplit au son de ‘War pigs ‘, malheureusement d’actualité quand soudain Monster Magnet, Les Rois de Mars investissent la scène et balancent direct ‘ Dopes to Infinity ‘. Parfait retour aux sources. Suivi pied au plancher par les petits derniers ‘ Rocket Freak ‘, ‘Soul’ (classique instantané, impossible de ne pas la mettre dans la setlist) et ‘Mindfucker’.

Belle touche de bon goût, le frontman porte un T-shirt de ‘Maggot Brain’, le meilleur album de Funkadelic. Toujours aussi théâtral, il exhorte la foule à danser, faire la fête, à avoir tout simplement du bon temps. Et il ne leur en faut pas plus à ce vrai public de rock pour se joindre à la sarabande infernale. Il avait déjà commencé sans qu’on le lui demande.

Les filles dansent, les gars pogotent, tous font des devil horns à qui mieux mieux et reprennent en cœur les paroles. Notre photographe se lancera même dans une drôle d’improvisation chantée sur un long passage musical. Nos voisins se marrent, alors qu’en d’autres lieux, certains lui auraient intimé un silence sans appel.

  Tous les âges sont représentés. Un biker sorti d’Altamont nous prend dans les bras pour entonner ‘Space Lord’ (Motherfucker, yeeeeeeah !!). Peu avant je m’étais époumoné et j’avais gigoté comme un dingue sur ma favorite de tous les temps ‘Look to your orb for the warning’.

Re-virée sur le dernier album avec l’excellent et redoutable pour la scène ‘When the hammer comes down’. Le line-up, présent depuis de nombreuses années maintenant est carré et jovial.  Limite cabotin quand les guitaristes Phil Caivano et Garerett Sweeny prennent la pause pour le grand plaisir des photographes pros ou en herbe devant les barrières.  D’ailleurs fait marquant, si certains dégainent leurs téléphones pour filmer ou photographier, ce n’est toujours que de courte durée. Respect.

‘Ejection’. ‘End of time’. Puis l’apothéose du ‘Powertrip’ et son hymne pour branleurs « I’m never gonna work another day in my life ». J’y vois plutôt une injonction contestataire et progressiste à une forme de prise conscience. Et tous les majeurs tendus l’attestent. « We’re 1000 middlefingers on a motherfucking hand » aurait également pu reprendre un autre double M. C’est ce que nous étions ce soir, dans la joie et l’allégresse. Et pas mal de sueur. Formidable groupe et public du même tonneau.

C’était la quatrième fois que je voyais Monster Magnet. Toutes ont une saveur particulière. La première, au Fri-Son il y a une quinzaine d’années, je m’étais cassé le poignet après un stage dive raté. Mais j’avais adoré. Le passage aux Docks, il y a 4-5 ans était moyen, Dave Wyndorf se remettait moyennement de graves problèmes de santé. L’année dernière à l’Usine marquait le retour en grâce. Et cette fois-ci, accompagné de mon meilleur ami de toujours (notre photographe du soir).

Deux petits regrets néanmoins. Une setlist invariable depuis le début de la tournée, très rodée même si son ne l’a pas trop ressenti. Et le fait de ne pas pouvoir prolonger la soirée pour une interview en backstage avec les artifices inhérents et les filles à la cuisse légère. Sûrement plus leur powertrip, ni le mien d’ailleurs.  Mais je me posais la question. Vous, autres rédacteurs et rédactrices au Daily Rock avez-vous déjà été confronté à des situations auxquelles vous étiez invités et qui dérapent ? Et qu’avez-vous fait ? Les réponses me seront communiquées personnellement bien entendu. Discrétion oblige. Discrétion oblige…

Mais donc dommage pour l’interview. Fait rare, il me semble, à la fin du concert, le tour manager vient me chercher pour s’excuser et me dire qu’effectivement le groupe repart tout de suite mais me demande mon adresse pour m’envoyer un album dédicacé par le groupe. Classe. Tout comme les gars du marchandising qui me filent un vinyl après l’achat de deux t-shirts de la tournée.

On rentre à l’hôtel. Je m’attarde pour un long dernier verre sur la terrasse improvisée et récolte les impressions ultra positives d’étudiants de Fribourg et d’un couple de cinéastes tessino-valaisan. Puis je réconforte à 3h du matin une femme d’affaire qui flippe pour sa présentation du lendemain. Ça lui fait du bien d’en parler puis de bifurquer sur l’amour du rock. Le réveil est courbatu mais espiègle. Certains, l‘œil pétillant font la soudure au wagon restaurant, levant un verre à l’amitié et l’album sur la poitrine.

Roadtrip à Pratteland bien au chaud dans nos mémoires.

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