Une action originale pour marquer les esprits en cette période de privations en tout genre, un acte symbolique pour rappeler à tout le monde que le temps commence à se faire long. C’est avec cet état d’esprit qu’on a décidé au Rocking Chair d’afficher sur la façade de l’établissement des coches représentant le nombre de jours passés depuis que la musique s’est tue. La salle de concert veveysanne a profité de l’Open club day du 6 février pour entreprendre cette démarche inédite. Il faut dire que le lieu anime la ville vaudoise depuis bientôt une trentaine d’années en se forgeant au fil du temps une solide réputation amplement méritée d’adresse incontournable pour tous les amoureux-ses de bon son et de divertissement. Comment faire face à cette situation extraordinaire qui semble ne jamais se terminer ? Petite prise de température avec Maude Paley, directrice artistique du Rocking Chair qui répond à quelques unes de nos interrogations.


Comment allez-vous et comment vivez-vous la situation actuelle ?

Nous essayons de garder le moral et d’être créatif-ive-s ! Vu le contexte, nous allons plutôt bien au RKC.

Avez-vous reçu des aides et en êtes-vous satisfait ? Est-ce que vous vous sentez soutenu et appuyé ?

Oui, nous avons reçu des aides (RHT, indemnisations, subventions). Le RKC et nos emplois ne sont actuellement pas en danger, ce qui est un gros soulagement. Nous nous sentons soutenu-e-s par le service culturel de la Ville de Vevey et par tout le travail que fait PETZI, notre faîtière. Les difficultés sont administratives essentiellement. Il faut avoir les ressources pour remplir des demandes et s’actualiser sans cesse. Nous sommes une structure professionnelle et avons donc ces ressources. Mais je pense beaucoup aux associations qui se sont retrouvés au milieu de cette vague sans avoir d’administrateur-trice pour les soutenir.

Craignez-vous que la pandémie dure plus longtemps que prévue ? Comment est-ce pris en compte ? comment vous organisez-vous en conséquence ?

Bien sûr ! Nous craignons surtout de ne pas pouvoir offrir de concerts et organiser des événements pendant encore de longs mois. Il est très compliqué de prévoir avec toutes les inconnues dues à cette crise.

L’arrivée prochaine des vaccins peut-elle jouer un rôle important à l’avenir dans l’organisation de grands événements ? Et y a-t-il un risque que le vaccin devienne obligatoire pour les grand concerts ?

Je pense que le vaccin va largement contribuer à la réouverture des salles et des grands événements, mais ça ne sera sûrement pas avant plusieurs mois. Sincèrement, je n’imagine pas un monde où on devrait apporter son carnet de vaccination pour acheter un billet de concert. Je n’y crois pas et espère que cela ne se produira pas.

Vous vous êtes engagés sur des dates précises en 2021, avez-vous prévu des alternatives (des plans b ou c…) s’il vous est impossible d’organiser vos événements dans les conditions habituelles ?

J’ai maintenant appris à être prudente et à ne pas programmer trop en avance. Cela a été trop frustrant et difficile moralement d’annuler, déplacer, annuler encore des soirées. Je sais organiser des concerts au RKC en 2-3 semaines avec une programmation plus régionale ou suisse. Toutefois, je travaille sur différents formats et variantes notamment pour la fin du printemps, mais sans trop m’avancer. Les offres pour la programmation internationale se font actuellement pour l’hiver et le printemps 2022. L’année 2021 risque donc d’être encore particulière.

Quels seront les conséquences à long terme de cette crise pour vous ? Et pour l’industrie musicale en général ?

Il va falloir se réinventer, évoluer et être créatif-ve-s. J’ai confiance ! L’industrie de la musique et des concerts était déjà en mutation avec l’arrivée des géants de l’organisation de spectacle comme Live Nation. L’écosystème des salles de concert suisses est déjà aux aguets depuis quelques années pour éviter de « se faire manger ». Toutes les réflexions nécessaires et les adaptations de ces derniers mois seront un atout pour la pérennisation du secteur. On peut y voir de bons côtés.

Comment voyez-vous l’avenir ? Peut-on toujours se lancer dans des projets ambitieux ?

Je pense que l’avenir sera un peu différent de ce qu’on a connu, sans pour autant tout révolutionner. Nous avons actuellement le temps de réfléchir à l’avenir, ce qui est une chance. Nous avons donc l’opportunité de rediscuter nos bases, nos habitudes, nos logiques, notre conception du milieu. Ces mois nous permettrons peut-être de justement nous lancer dans des projets ambitieux. Affaire à suivre !

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