Normal n’est jamais le maître mot entre les murs du Temple allemand de la Chaux-de-Fonds lorsque l’association 2300 plan 9 y prend ses quartiers. ‘Les Etranges Nuits Du Cinéma’, c’est LE festival dédié au bizarre, au gore, à l’imagination et j’en passe (et des lapins).

Cette année, le festival, placé sous la thématique du lapin (justement), nous convie à une expérience qui requiert technique musicale, précision et créativité ; la création d’une bande-son. L’expérience ayant déjà eu lieu lors de précédentes éditions, c’est le groupe Killbody Tuning qui se livre à l’exercice cette fois-ci. Servant un post rock léché et avec déjà deux albums à son actif, le groupe, qui vient du coin, propose donc une nouvelle bande-son pour le cérébral et tourmenté film ‘Pi’ de Darren Aronofsky (Requiem for A Dream, Black Swan). La bande originale est de Clint Mansell. Les Killbody Tuning s’attaquent à un gros poisson.

Arrivés en avance, on ne peut que constater que la salle se remplit à vitesse grand V. Killbody Tuning a su se faire une belle place dans la scène régionale et leur talent n’est pas à remettre en cause. Le temple est paré de ses plus beaux… lapins. Un décor éclectique, incroyable, qui vaut clairement le détour, on ausculte du lapin à toutes les sauces, et avec brio. Mais revenons-en à l’événement de la soirée. La salle est pleine, toutes les places assises sont occupées, les retardataires sont debout.

Après un discours tout rigolo servit par la joyeuse troupe du 2300 plan 9, le film commence.

Dès le générique, le groupe balance du lourd et du décibel. La partie n’est pas gagnée pour le mathématicien Max Cohen, qui tente de trouver une séquence permettant de déchiffrer la bourse. Et ça ne va pas en s’améliorant, gare à la surchauffe cérébrale. Killbody Tuning accompagne, réinterprète la lente descente aux enfers du jeune Icare qu’est Max Cohen. La musique apporte une lourdeur et ferme les issues pour le spectateur, prisonnier avec son héros et condamné à voir et entendre, jusqu’aux dernières secondes. Le piège ‘Killbody Tuning’ nous prend aux tripes, interagissant avec le film jusqu’à presque percer l’écran par moment, comme lorsque Max, dans une crise, perçoit un son strident et se retourne pour regarder le spectateur ; le son étant joué par les gaillards de groupe. Les passages magistraux où le personnage sombre dans ses crises nous entraine avec lui dans une violence cérébrale amplifiée par le son du quatuor chaux-de-fonnier. Le jeu est posé avec précision sur l’image et ne laisse percevoir que par moment les dialogues du film ; pour ceux qui comme moi n’ont jamais vu « Pi » auparavant, les sous-titres sont une aide appréciée, même s’il est aussi possible de se laisser aller au rythme des images et de les prendre sans explication, à la manière d’un clip vidéo narratif géant.

Le film se termine sur une scène gore, mais Killbody Tuning s’attaque encore au générique de fin, pour notre plus grand plaisir. Puis le silence reprend quelques instants sa place, et les applaudissements retentissent. C’est une véritable ovation qui fait chaud au cœur, car on imagine le temps et l’énergie qu’il a fallu pour proposer une expérience unique comme celle que l’on vient de vivre.

Découvrez un court extrait ci-dessous:

https://www.facebook.com/2300Plan9/videos/1494902397220997/

 

 

https://2017.2300plan9.com/

https://www.facebook.com/killbodytuning/

Photographies: Alexandre Dell’Olivio

 

 

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