Devildriver vient juste de sortir un nouvel album de reprises country « Outlaw ‘til the end Volume

 Qu’est-ce qui a changé dans le processus de production pour créer cet album?

Si tu viens en Amérique dans les backstage, tour bus, barbecue, fête, ça passe de Slayer à Johnny Cash, jusque Willie Nelson et Pantera. Là-bas c’est complètement normal. Ces deux genres, Outlaw Country et Metal, tout le monde les écoute en Amérique. Ceux qu’on appelle les « Outlaws », Johnny Cash ou Hank Williams, sont putains de heavy comme le Metal l’est normalement. Ils sont vrais avec les meilleures histoires de la planète. Donc je voulais combiner ces deux genres musicaux, ça n’avait jamais été fait. Et je voulais faire ça avec plein d’invités comme Randy Blyth (Lamb of God) ou John Carter Cash (fils de Johnny Cash), et ils ont fait quelque chose de fantastique.

Je suppose qu’il va y a voir un Volume 2 pour faire suite à cet album (interrompu)

On prévoit un Volume 2, parce que pas mal de personnes m’ont appelé et demandé pourquoi je n’ai pas fait appel  à eux (rires). Je leur répondais « Je ne sais pas, je pensais que tu étais en tournée ou que tu ne le feras pas. » Et beaucoup d’entre eux viennent des plus grands groupes du monde, donc on va faire un second volume. Mais ça a été un album très compliqué à faire, ça aurait encore plus compliqué sans les invités. Je suis heureux que ça ait pu se faire.

Ca a donc été un véritable challenge non seulement pour ce qui est de l’enregistrement, mais peut-être aussi sur la manière dont le public allait apprécier l’album ?

Non le challenge c’est de faire de ces chansons les siennes. On ne voulait pas faire juste des reprises, ça serait de la putain de fainéantise. Tu dois prendre les reprises et te les approprier, faire en sorte que ça sonne comme du Devildriver. Le groupe a fait un super boulot avec ces chansons.

Il y a une chanson que j’ai particulièrement aimé sur cet album, il s’agit de « Ghost rider in the sky » avec Randy Blyth. Vos deux voix, selon moi, se mélangeaient très bien. Est-ce que vous avez d’autres projets sur lesquels travailler tous les deux ?

Il fait partie de notre famille côté business avec Suncult, qui est une marque punk-rock-metal de style de vie autour du surf et du skate, et nous travaillons ensemble là-dessus. Nous n’avons pas parlé de chanter ensemble, mais de travailler chez moi était merveilleux. On s’est regardé enregistré, ce qui est très old-school de partager ces moments. Et nos voix vont très bien ensemble, et j’en suis très content parce que ça aurait pu ne pas marcher. C’est fantastique de travailler avec lui.

Tu parlais de Johnny Cash plus tôt, je suis presque sûr qu’il est l’une de tes plus grandes influences musicales.

Pour sûr ! Parce que j’ai grandi en bleu de travail. Je travaillais à partir de 5 heure du matin quand j’avais 7-8-9 ans. J’ai fugué quand j’avais 15 ans, je suis allé en prison. J’ai réalisé que j’avais beaucoup de points communs avec les sujets dont Johnny Cash écrivait. Il écrivait sur la réalité, sur la rue. J’écris pas sur des putains de dragons, j’en ai jamais vu de ces putains de dragons donc j’en ai rien à foutre. Tu vois ce que je veux dire. Je viens du punk-rock, de la rue, donc je ne m’identifie pas au reste. Mais je m’identifie à Johnny Cash, à Willie Nelson et à ceux qui écrivent sur la vraie vie. Les vrais écrivains sont ceux à qui je m’identifie.

Quels types d’éléments on retrouve dans la country qu’il n’y a pas dans le Metal ?

Il y a beaucoup de types qui parlent de châteaux et dragons sans jamais en avoir vu. Ce qui pour moi est stupide. Je ne devrais pas dire ça, un artiste n’est pas stupide. Mais c’est pour ça que je ne trouve pas ça intéressant. L’Outlaw Country est réel. L’Outlaw Country n’est pas fait pour la radio ou pour l’argent. La pop-country, la pop-metal avec des refrains super clairs, sont fait pour passer à la radio, se faire de l’argent et faire grossir leurs carrières. Je peux le sentir à mille kilomètres, et ça sent la merde.

Je veux quelque chose d’agressif, violent, viscérale, ce n’est pas du Metal. La vie est comme ça, alors comment écrire sur quelque chose qui ne l’est pas et chanter sur quelque chose qui n’est pas réel. Si tu vas chanter sur scène et te faire du pognon en chantant sur des dragons, qu’est-ce que c’est putain ? (rires) Si tu veux chanter sur ce qu’est un champ de bataille, les épées et autres conneries dans le genre, tu dois être comme Amon Amarth. Leurs ancêtres ont vécu ça. Moi je ne peux pas parce que je suis d’un milieu gothique punk-rock seulement orienté vers les merdes de la rue.

Tu as toujours vécu en Californie ?

Toujours, toute ma vie. Mais je tourne depuis 27 ans, donc je suis enfant du monde (rires). Dans chaque aéroport je peux m’endormir comme si j’y vivais (rires).

Il y a quelques mois, tu as parlé d’un futur double album.

Oui c’est vrai. Ça sera un double concept album, ce qu’on n’a jamais fait. Vous aurez un album l’année prochaine, et un autre l’année d’après. Le Heavy Metal c’est comme une fleure noire, si tu l’arroses pas elle meurt. Pourquoi des groupes mettent 4-5 ans pour faire un album ? Parce que c’est des putains de fainéants. Ils baisent leurs fans. Aux Etats-Unis, le Heavy Metal se porte mal parce que les gens attendent 4 ans pour un  album. J’emmerde ça. Je vais faire un album tout les 18 mois, je vais pousser le groupe à faire ce que je fais, d’aider la scène, de se forcer à faire de la musique. Il ne reste que de la fainéantise si tu attends 4 ans à faire un album. Il n’y a pas de putains de raisons de faire ça tu vois. Tu rentres à la maison en forme, qu’est-ce que tu fais ? Je ne sais pas quoi faire, si je m’asseye 5 minutes je deviens fou. Je vais défoncer ma télé j’en ai rien à foutre. Je veux écrire de la musique, je veux tourner, je veux travailler pour la scène. Quand j’étais plus jeune les groupes sortait un album par an, voir même deux. Je ne sais pas ce que j’aurais fait quand j’étais gosse si Kiss sortait un album tout les 4 ans. C’est putain de ridicule. Mais ils ne réalisent pas qu’ils tuent leurs propres scènes. Pas moi, plus maintenant.

Metallica est groupe de fainéants ?

Ils ont besoin de s’intensifier. Qui que tu sois, intensifies toi putain. Fais un album tous les deux ans.

Même si le résultat n’est pas extraordinaire ?

Dépasses toi. Si tu ne penses pas que le résultat est bon, effaces tout et recommences. Vas-y jusqu’à que ce soit bon.  N’attends pas que la muse vienne à toi : « Oh j’ai besoin d’une muse, qu’elle vienne à moi, que je sente que ça va. »  J’emmerde ça. Va écrire du putain de Heavy Metal. Joues toute la journée avec ton groupe et écris. Arrête avec ta muse, ferme-là et écris de la musique.

Je suis la voix du « Fuck You ». Je n’ai aucun filtre, c’est pour ça que les gens m’embrassent. Trop de gens ont des filtres, et arrondissent tout ce qu’ils disent pour la presse.  Pas moi (rires). C’est plus juste pour les fans qui depuis 26 ans en France qui observent ma carrière. Plus jeune quand je suis venu, vous les gars  vous m’avez mis dedans comme si j’étais de la famille. Donc maintenant quand je reviens je me sens comme dans ma famille, je dis la vérité. Spécialement en France, vous aimez l’art, partout autour c’est de l’art. C’est des putains de poètes, peintres, musiciens, j’adore ça mec. D’être pris dedans par les fans français c’est un gros truc. Si la France t’aime pas, t’es baisé. J’ai de la chance d’être apprécié par l’un des meilleurs pays au monde. Le Royaume-Uni, la France, et quelques autres endroits en Europe, si vous nous acceptez c’est gagné. Il ne faut pas laisser tomber après parce que les fans le diront.

La France n’a peut-être pas la même exigence, vu que le Metal chez nous n’est pas un genre très représenté.

C’est petit chez vous ? Vous vous en foutez vous avez Gojira. Soyez contents. C’est l’un des meilleurs groupes au monde. Pour moi ils sont meilleurs que Metallica, désolé. Ils sont supers. Nos batteurs s’apprécient beaucoup ce qui est cool (rires).

Est-ce que ton fonctionnement sans filtre, et ta volonté de tout le temps écrire ne créé pas de soucis à tes collègues au sein du groupe ?

Non c’est ce qu’on veut tous faire. Mon groupe, après un mois assis à la maison, ils m’appellent pour me demander  ce qu’on fait. Donc on va au studio et on écrit. Tout le reste c’est de la connerie. J’ai tant de temps avec ma famille et j’ai tant de temps avec la musique. C’est comme ça que ça marche. On a signé pour ça. Et ma femme est mon manager, donc elle est avec moi.

 A partir de ce moment de l’interview, la conversation à changé, et Dez a décidé de continuer la discussion juste pour le plaisir de parler et d’échanger, tandis que son tour manager lui faisait signe qu’il fallait arrêter. Mais il n’avait apparemment pas envie de s’arrêter donc forcément on se prête au jeu, et la suite devient une simple discussion durant laquelle le chanteur décide de s’ouvrir un peu plus et de nous motiver pour son concert.

Vous êtes prêt pour ce soir ? Ca va être le feu.

Ouais j’ai hâte ! La première fois que j’ai vu Devildriver c’était ici au Motocultor en 2013 et c’était un super concert.

Merci beaucoup. Mais ce n’est pas juste nous, c’est la connexion avec les fans français. Pour moi il y a une réelle connexion depuis que je suis jeune. Je pourrais dire au public de faire un circle-pit et ils pourraient n’en avoir rien à foutre. Mais ils le font parce qu’ils me respectent et je les respecte donc ça se fait. Tu ne peux pas dire aux gens ce qu’ils doivent faire, ils peuvent juste te répondre d’aller te faire foutre. Si tu n’es pas explosif tu n’es pas Metal tu es de la pop. Désolé. Il y a beaucoup de groupes avec lesquelles on a joué durant des festivals et pour moi ils sont juste pops. Tu vois ce que je veux dire ? On doit amener ce qu’il y a de plus rock, la brutalité, le feu ou dégage de mon chemin.

Pour toutes ces raisons je ne perdrai jamais ma connexion avec la France, parce que quand j’étais jeune je suis arrivé en parlant avec la vérité et ça ne s’est pas arrêté. Je veux venir ici et montrer mes peintures mec. Je veux venir montrer mon art, avec ma femme on peint. On veut notre première exposition ici en France. Je l’espère pour l’année prochaine. N’importe où en France. La culture ici est autour de l’art et c’est quelque chose de beau. Vous êtes chanceux les gars. Il n’y a pas beaucoup de culture construite autour de l’art.

Tu fais quel genre de peinture ?

Acrylique, aquarelle, beaucoup à l’huile. Mais on verra j’ai assez de choses à ramener et ma femme aussi.

Tu ne peins pas de dragons j’imagine ?

(Rires) Non je n’en peins pas puisque j’en ai jamais vu donc je m’en fous. J’adore les dragons. Paul Gregory Parker a dessiné tous les dragons pour Tolkien mais il n’en a jamais vu et il n’a jamais vu les films. Mais ses dragons sont magnifiques.

C’est sur un sujet plutôt inattendu que cette interview se termine avec un chanteur ouvert à la discussion et qui apparemment aime faire ça. Un grand merci à lui d’avoir accepté et de nous avoir répondu.

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