En cette belle journée caniculaire, je retrouve un Franck Carter très souriant et très décontracté pour une petite interview en toute simplicité, avant la déferlante sur la scène quelques heures plus tard.

 

Bonjour Franck et merci pour l’interview. Comment te sens-tu quelques heures avant de monter sur la grande scène du Download ?

Tu sais la France et notamment Paris, sont des endroits où je suis venu très régulièrement et depuis mes débuts. Et je sens qu’il se passe quelque chose et que toute l’énergie que l’on a dépensé ici, on commence à en sentir un retour bénéfique. On commence à se sentir comme à la maison. J’ai la même sensation avec l’Allemagne également. Et c’est mon taf de donner au public un bon show et non l’inverse, et c’est pour cela qu’on va monter sur scène et se donner corps et âme à plus de 100% et faire en sorte que le public en ait pour son fric.

Pour avoir vu le groupe l’an dernier ou il y a deux ans aux Eurockéennes de Belfort, cela ne va être plus facile pour toi de jouer devant un public qui sait ce qu’un circle pit veut dire, plutôt que de descendre dans le pit et lui expliquer comme tu l’avais fait à l’époque. T’en souviens-tu, car ce fut un moment inoubliable pour moi ?

(Rires) J’ai tellement fait de choses folles que cela n’en fait qu’une de plus. Mais oui il faut toujours montrer l’exemple. J’ai 34 ans et je ne pense pas être vieux et je fais de la musique depuis plus de 15 ans maintenant, et je me souviens encore quand j’étais ado que lors d’un festival j’étais au premier rang et Chino Moreno des Deftones qui vient juste à coté de moi sur les barrières et l’excitation que j’ai ressenti à ce moment là et la clameur du public autour de moi. Le but est de réduire la distance entre le public et le groupe, ce n’est pas moi qui descend dans le public mais j’essaye de faire monter le public vers moi.  Et c’est ça qui fait la différence entre un bon concert de rock et un excellent concert de rock. Tout le monde a une idée de qui je peux être, mais je suis un type comme eux qui aime la musique rock et qui aime m’éclater pendant un concert. Il y a bien trop de souffrance, de misère et de tristesse dans le monde, qu’il est temps de s’amuser et de prendre du bon temps.

J’ai lu dans une interview que tu avais faite, que tu étais rempli de haine et de colère surtout dans ton époque Gallows. Est-ce que ce sentiment est toujours présent malgré les années et la naissance de ta fille ?

Je pense que c’est toujours là, et cela fait partie de ma part de créativité. En fait le symptôme est la haine mais la racine est la frustration, et cela m’amène à me poser des questions existentielles de qui je suis et quelle est ma place dans ce monde. C’est pour cela que je fais de la musique, c’est de pouvoir poser ces questions. Et dans les Rattlesnake, je prends cette énergie brute et cette violence pour la balancer direct et sans fioritures au public pour les faire réagir et soit il peut encaisser et reste soit c’est trop et s‘écarte. Mais les deux sensations sont honorables et c’est le but recherché : ne laisser personne insensible. Si tu peux encaisser la violence tu restes, si tu ne peux pas c’est que tu n’es pas encore prêt. Par contre c’est vraiment une belle sensation de voir tout le monde enthousiaste autour de cette musique, qui vient de vider son agressivité en concert et cela laisse la place à des émotions plus positives dans la vie de tous les jours. L’agressivité peut être un vecteur positif si tu sais l’utiliser à bon escient, si tu peux la canaliser et te poser les bonnes questions. La vie est cyclique, on en revient toujours au même au final, donc il est important de se focaliser sur les choses importantes de la vie et utiliser cette force destructrice pour en faire un levier pour évoluer en tant qu’être humain. Notre société actuelle a besoin d’évoluer et de laisser de coté, l’individualisme, la violence, les agressions diverses. L’agressivité est une émotion et non une prison. Il faut tendre à la perfection même si c’est une notion subjective mais il faut évoluer vers cela, même si je pense que le progrès est bien plus important à mes yeux. J’essaye de progresser et de faire progresser à mon niveau le monde autour de moi pour le bien être de mon enfant. Le jour où je trouverais la perfection sera le jour où je serais mort et que je rencontrerais quelqu’un là haut, donc progresser, et s’améliorer sont les maîtres mots.

Avec les Rattlersnakes comme avec Gallows, tu n’as pas franchi les cap du 3ème album pourquoi ?

(Rires) Le deal quand j’ai monté ce projet c’est que quoi qu’il arrive même si Dean et moi devions nous engueuler après le premier album, c’est qu’on devait obligatoirement sortir au moins 3 albums. Dean a rigolé et était d’accord avec cela. Et d’ailleurs nous sommes en train de bosser dessus actuellement. Il n’est pas encore enregistré mais on a déjà beaucoup de chansons prêtes. Si cela ne tenait qu’à moi il serait déjà sorti ce 3 ème album !! (rires). Disons que pour les deux premiers albums tout s’est fait en l’espace d’un an. On a écrit une trentaine de titres en l’espace de 12 mois et on les a séparé en deux albums. Pour celui-ci on veut écrire une trentaine de titres et vraiment choisir ceux qui figureront sur l’album. On est déjà à mi-chemin du travail mais on n’est pas encore rentré en studio. J’aimerais pouvoir le sortir au printemps prochain, j’aime bien cette idée de renouveau au printemps. Ce sera peut-être un peu tard pour se projeter sur les festivals mais bon on verra bien.

Justement en parlant de tournée, aura-t-on l’occasion de voir le groupe en tournée dans les salles un peu partout en France, car cela se fait rare de vous voir hors festival ?

J’espère que oui. On avait fait le Trabendo à Paris où il y avait du monde et le lendemain, il me semble qu’on avait fait une salle à Nantes et il y en avait encore plus, ce qui m’a sacrément étonné. La France pour un groupe anglais est à littéralement une station de train, donc c’est logique que ce soit la prochaine étape. On n’a jamais été dans une major mais on a bien été entouré avec une équipe dévouée, qui avait de grandes idées mais il est temps pour nous de revenir en arrière et de nous occuper de nous-même, et là jouer à l’ancienne et tourner comme un fou. La dernière tournée on a fait Lille, Lyon, Paris Nantes et c’est tout, et je suis d’accord avec toi, ce n’est pas assez. Donc j’y travaille mec, et on va y arriver.

Le magazine Rolling Stone vous a classé comme groupe « rock », comment définirais-tu ta musique ?

Mes racines musicales sont le punk et le hardcore, mais j’ai été élevé en écoutant de la musique classique, à du Madness, du Bjork. Alors avant j’avais tendance à dire que nous étions un groupe punk rock, maintenant je dis qu’on est un groupe Snakerock !! On est en train de nous affirmer dans notre propre son musical. Sur le premier album on avait un morceau blues et quelques morceaux rock au milieu des morceaux punks. Sur le second album on avait quelques morceaux à sonorités IndieRock et le prochain : Qui sait ??!! (Rires)

Dernière question avant de te lâcher, tu es couvert de tatouage et généralement ils ont une signification pour ceux qui l’on fait est-ce le cas aussi pour toi ? Et lequel as-tu fait pour la naissance de ta fille ?

Oui j’en ai quelques uns en effet. Certains ont une signification et d’autres je les ai fait car ça faisait juste badass !! Je voulais des tatouages pour paraître cool ! Celui pour ma fille est celui-ci (sur le flan gauche) « Sarah Louise Schor » et je me le suis tatoué moi même, et ça m’a fait terriblement mal !! Le bon tatouage au bon endroit !

Merci encore Franck pour cette interview et au plaisir de te croiser dans une des nombreuses salles en France alors.

Yeah au plaisir mec.

NK

http://www.andtherattlesnakes.com

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