Thrill Jockey Records

Un jour de canicule, une centaine de personnes en sueur enfermées dans un théâtre, des boucles de violoncelle noyées dans des distorsions, delays et autres reverbs. Voici les conditions difficiles de ma première immersion dans le monde d’Helen Money, il y a quelques années de cela. Sous cet alias, Alison Chesley, celliste hyperactive de Los Angeles, avait réussi ce jour-là à suspendre le temps, à maintenir l’attention d’une audience suffocante au bord de l’évanouissement. Drone, ambient, minimalisme ; les étiquettes ne suffisaient pas à retranscrire les errances richement texturées induites par un unique instrument et quelques effets. C’est avec ce passif que j’abordais l’écoute du cinquième album de l’Américaine, appelé ‘Atomic’ et contenant 11 titres. Pendant quelques minutes, mes attentes sont comblées à 100%, mais rapidement l’album prend un tournant inattendu. Des notes de piano mélancoliques font leur apparition, alors que des lignes electro viennent briser brusquement cette quiétude. Une batterie ponctue les morceaux les plus rythmiques, tandis qu’une guitare acoustique souligne quelques moments de grâce. Les mélodies sont dépouillées à l’extrême, mais rien n’est jamais creux : on a affaire à une représentation très sincère des émotions de la compositrice, le tout appuyé par des arrangements d’une grande profondeur, des textures d’une grande complexité. Au final, ‘Atomic’ est une œuvre brute, franche, simple d’accès sans pour autant verser dans de la flemme lo-fi. Un album a écouté en boucle, littéralement, puisque ses dernières secondes semblent s’enchaîner fluidement avec le morceau d’ouverture ‘Midnight’.

helenmoney.com

Note : 4.5/5