12074748_10153540494986839_286712262156209822_n
La musique a parfois un pouvoir de régression et en écoutant pour la première fois Impossible Colours, quatrième album studio de Daria, je me suis senti comme un enfant de huit ans qui découvre par hasard son cadeau d’anniversaire bien avant le jour J. Après le premier titre Margins dévoilé au mois de décembre (single tête de gondole incroyablement efficace), j’attendais de pied ferme le plat de résistance constitué de l’album en lui-même.
Qu’elle nous réjouisse ou nous exaspère, la scène rock française est toujours au rendez-vous pour relancer les hostilités quand on s’y attend le moins et devant la pléthore de formations émergeant quasi quotidiennement, nous autres chroniqueurs, ne savons plus où donner de la tête. Depuis qu’internet est venu accélérer le mouvement jusqu’au vertige, faisant et défaisant les carrières à une vitesse aussi grande que celle du son, il est bon de se tourner vers des valeurs sûres. Et Daria en est une.
Mais entrons dans le vif du sujet en évoquant ce que les artistes doivent s’évertuer de faire lors de productions artistiques : immerger les auditeurs au cœur d’une vision subjective et d’expériences sonores uniques. Humbles et honnêtes, Daria fait parti de ces groupes qui pensent leurs choix de carrière en fonction de leurs instincts et non de leurs portefeuilles et nous propose un album dépouillé en apparence mais en fin de compte très riche en arrangements.
Un faux pas de nos jours est synonyme de mise à l’écart et ça les angevins le savent bien. Ils ont donc mis toutes les chances de leur côté en embauchant comme producteur Jay Robbins (Clutch, Against Me, Jawbreaker…) et le résultat est digne d’un Daria des grands jours. Le charme opère immédiatement et la production est dynamique, recherchée tout en sachant se faire discrète pour valoriser les compositions et les ambiances. Le schéma s’avère rigoureusement subtile avec une combinaison de riffs tirés à quatre épingles, une rythmique soutenue avec une basse omniprésente et une certaine mélancolie dans l’interprétation.
Ils ont acquis une nouvelle maîtrise musicale et ils alternent les cadences, pondent des mélodies limpides et l’ensemble forme véritablement un tout où chaque enchaînement est calculé. Indiscutablement destiné à provoquer le même engouement que Red Red leur troisième album sorti en 2012, on se laisse volontiers gagner par leur savoir faire (sans doute conscient de leur potentiel, le quatuor a opté pour une piqûre de rappel qui reprend là où son prédécesseur s’était arrêté, en rajoutant néanmoins quelques nouveaux ingrédients).
L’exceptionnel pouvoir de séduction de cet opus tient dans son aptitude à marquer l’intemporalité, nous plongeant à bras ouverts dans un univers ô combien onirique et apporte finalement une réponse à seize années d’amitié. De cette complicité tourbillonnante se décline une multitude de morceaux regorgeant de mélodies entêtantes, conférant à l’ensemble une densité et une harmonie parfaitement maîtrisée. Ma fibre mélomane est mise à rude épreuve et on réalise très vite que cette nouvelle galette possède de réels trésors. Mon talent est d’en trouver aux autres…et ces quatre garçons en ont à revendre.
Un album chaudement recommandé donc tant aux nostalgiques du bon rock qu’aux paléontologues de l’indie rock underground. Addictif et envoûtant !

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.