Pour sa troisième édition dans les caves du Château de Coppet, l’association Jazz & Co a réussi à faire revenir la talentueuse Gaëlle Buswel en Suisse romande, trois ans après son passage remarqué au Sierre Blues Festival, où elle avait joué en ouverture du fabuleux Vintage Trouble …. Lors de cette fameuse édition 2017, aux côtés de ZZ Top, Trust, BLB et les petits valaisans de Psychose

A peine entré dans le Château de Coppet, que je suis happé par le son du blues qui m’attire dans les belles caves voûtées, superbe endroit où le groupe Blues Train nous embarque vers un Chicago blues teinté de swing et de groove jazzy. Parfait pour attendre le premier concert en mangeant une raclette et en dégustant de bons verres de vins et ou de bières du cru.  Une belle atmosphère dans un cadre unique, j’en profite pour rencontrer Gaëlle Buswel qui m’invite à sa table pour un entretien convivial et sympathique.

Elle me dit qu’elle vient de terminer son nouvel album qui va sortir au début 2020, et qu’elle revient tout juste de Londres où elle a enregistré neuf morceaux unplugged dans le mythique studio d’Abbey Road : The Studio, la maison des Beatles jusqu’en 1969, puis le studio de Pink Floyd, Deep Purple, et autres U2. Un rêve réalisé pour elle et elle plane encore un peu dans les nuages londonniens.

Son guitariste, l’excellent Michaal Benjelloum, m’explique que dès son premier accord posé dans cette pièce d’enregistrement historique, il a ressenti cette réverbe propre à Abbey Road, magique … « Comme le bon gâteau de son enfance, quand on croque dedans, tous les bons souvenirs reviennent à la surface ».

On se réjouit d’entendre ça, d’autant plus que ce nouvel opus promet d’être plus rock, enregistré avec des instruments vintages des seventies.

La discussion s’est orientée sur les USA, où Gaëlle a beaucoup voyagé, une tournée en Arizona, un road-trip de 45 jours entre Los Angeles et Montréal, en passant par la route 66, le Texas, Memphis et Nashville. De magnifiques rencontres et de belles expériences qu’elle aime partager sur ses disques. Il lui manque Chicago et Bâton Rouge …. Mais je pense que c’est pour très bientôt ….

Nous avons aussi parlé de ses influences, de Woodstock, Joe Cocker, Tina TurnerJohnny Lang, le folk et le blues américain…et de Temperance Movement (dont je suis aussi fan !)

Voilà, le repas terminé, Gaëlle s’éclipse pour mieux apparaître dans la salle de concert bondée, sous les riffs acérés de Michaal, on m’avait promis un set blues, voilà parti pour un son rock qui me va très bien, mieux qu’à la majorité du public qui est cueilli un peu à froid par ce son presque « Stonien », mais la voix chaude …. et le sourire contagieux de Gaëlle mettent tout le monde d’accord.

Ca sonne, ça groove, ça bouge et ça chante : que demande le peuple ?

Un début de show … chaud, pour devenir un peu plus blues et folk et emporter finalement la salle du château sur un magnifique solo de Michaal … Encore une pincée d’unplugged et une reprise surprise des Beatles (Gaëlle a été inspirée par mon T-shirt : The Beatles – Abbey Road !). Ce magnifique live se termine devant un public debout, conquis et charmé par le charisme de cette show-woman et la qualité de son band …. Bravo !

On a repris le «Train blues» pour une pause méritée, où le sourire du directeur du festival en disait long sur la réussite de cette soirée, il n’avait jamais vu autant de mondes dans ses caves.

22h30 précises et un OVNI atterrit sur la scène, seule avec sa guitare et chantant en « bamiléké », dialecte camerounais, Roland Tchakounté nous emmène dans son monde, quelque part entre l’Afrique et les plaines du Mississippi, entre John Lee Hoocker et Ali Farka Touré. Rejoint dès de le deuxième morceau par ses musiciens, il balance un blues teinté de nostalgie et marqué par ses racines, soutenu par le guitariste Mick Ravassat qui éblouit l’assistance de son jeu magique.

La vie de château, fait penser au luxe… et c’est bien un luxe de pouvoir assister à une belle soirée comme celle-là !

PS: Le vendredi soir, auquel nous n’avons pas assisté, mais immortalisé par notre photographe, comptait au programme Floyd & Charlyson (duo issu de Floyd Beaumont and the Arkadelphians), le suisse Richard Koëchli et l’américaine Sylvia Howard.

Texte : David Bétrisey

Photos : Christophe Losberger (voir tout l’album: https://www.flickr.com/photos/sitatof/collections/72157711900108437/