© Christian 'Indy' Inderbitzin
© Christian ‘Indy’ Inderbitzin

Si un endroit comme Camden Town, ou si des termes comme Piercinthe, Rockademy Magazine ou Camden Media vous disent quelque chose, c’est que d’une certaine manière vous connaissez David Camden. Pierceur dans la ville de Bienne à la base, ce véritable touche-à-tout n’a eu de cesse de développer ses activités, tout en se réservant du temps pour ses passions que sont la musique et sa famille. C’était le moment de faire le point avec lui sur ses projets, son passé, son futur et surtout essayer de comprendre comment il fait pour faire tenir autant de choses dans une journée de vingt-quatre heures.

Commençons par le commencement et décris-nous un peu ton activité.


On pourrait plutôt parler d’hyperactivité, car j’ai été ‘dépisté’ il y a maintenant trois ans que j’étais et resterai officiellement un hyperactif. Malgré cela je vis très bien (rire), mais j’ai plusieurs cordes à mon arc. J’ai ouvert mon salon de piercing en 1997, qui est devenu un magasin avec plus de 10’000 bijoux en stock. En parallèle, j’ai ma marque ‘Piercinthe’ qui est une Absinthe fabuleuse que j’ai réalisée en collaboration avec les producteurs de la ‘Mansinthe’ (la fée verte de Marilyn Manson). J’ai aussi mon petit magazine Rockademy que je sors maintenant une fois par année et qui parle de piercing, tattoo et rock. Et mon dernier projet qui s’appelle Camden Media Inc. : je réalise des petits films pour les entreprises de la région. Je suis très loin d’être un Steven Spielberg mais j’adore tourner et monter des petits clips depuis mon adolescence. Mais mon boulot reste le piercing !

Pourquoi avoir choisi d’être un pierceur ?


Je ne pense pas avoir choisi de faire ce métier. En tout cas, je ne pensais pas être pierceur lorsque j’étais à l’école ni lorsque j’étais en apprentissage : j’ai un CFC d’électronicien et un diplôme d’éducateur pour enfants et adolescents sourds. J’ai l’impression que j’ai eu le déclic à une expo à Berne en été 1997. J’ai rencontré un pierceur qui venait de New-York : il voulait ouvrir son shop à Bâle et m’a proposé des bijoux. J’étais déjà dans le monde du piercing depuis quelques années et je voulais trouver un hobby qui m’aiderait à gagner ma vie. Je ne pensais pas du tout que presque 20 ans plus tard j’en serais là où j’en suis !

On associe facilement ce métier à un travail ‘à la cool’. Est-ce une réalité ?


On peut se la jouer cool … mais pas longtemps, crois-moi ! J’ai mes horaires qui sont écrits sur la porte du magasin, mais je travaille beaucoup plus que de 13h30 à 18h30 chaque jour! Demande à un footballeur professionnel ou une rock-star si la vie est ‘facile’, ils vont tous te répondre la même chose. C’est une chance fabuleuse de pouvoir vivre de sa passion, mais c’est une vie qui est intégralement vouée à ton travail, et tu n’as pas vraiment le temps de sortir pour s’amuser. Le boulot passe avant tout, même parfois et malheureusement, avant la famille.

Comment décrirais-tu ta clientèle « typique » ?


On imagine toujours que les clients types sont uniquement des jeunes, des punks, des perdus ou des marginaux. La vérité est différente ou ailleurs, comme dirait Mulder… Les clients sont : tout le monde ! J’ai des enfants (dès 3-4 ans) qui viennent faire leurs premiers ‘trous’ dans les oreilles, les ados et leurs piercing traditionnels, les futures mamans pour poser des piercings de grossesse, les dames d’un certain âge qui voulaient depuis leur tendre jeunesse porter un brillant au nez et qui prennent leur courage à deux mains et passent à l’acte. Mieux vaut tard que jamais (rire). Il y a 20 ans c’était la communauté gay, electro et cyber punk qui se perçait. Aujourd’hui, c’est le banquier, l’homme d’affaires, la prof d’école et l’officier de l’armée qui prennent la relève.

As-tu des bijoux que l’on ne trouve pas ailleurs ?


Oui, je suis très fier de dire qu’à Camden Town, nous avons dépassé les 10’000 bijoux de piercings en stock. Nous avons plus de sept collections exclusives. La grande majorité sont fabriqués en Europe et en Suisse. Nous avons aussi notre propre marque : Piercink. C’est une collection de bijoux roses et fuchsias dont une partie du bénéfice est reversée à la Ligue Suisse contre le Cancer du sein. Nous avons bien entendu nos bijoux réalisés à Londres par nos amis de Cold Steel à Camden, avec nos logos et nos propres dessins.

Pour quelqu’un qui voudrait se faire son premier piercing, quels seraient tes conseils ?


Choisir son pierceur c’est comme choisir un bon restaurant pour emmener sa famille ou sa petite amie. Vous n’allez pas offrir à votre femme une montre ‘Made in China’ achetée sur le net à dix balles pour vos dix ans de mariage ? Le prix ne doit pas être une barrière pour votre piercing, un travail bien fait avec du matériel de haute précision se paie. Porter un piercing parfaitement exécuté, c’est comme porter un tattoo fait par un super artiste : vous payez le prix pour un super travail et pour un suivi professionnel. Lorsque vous avez un problème avec votre piercing, c’est directement à votre pierceur de prendre les choses en mains. Un vrai professionnel est apte à donner des conseils personnalisés pour les soins et l’entretien de votre nouveau piercing.

Et ta famille, que pense-t-elle de ton travail ?


Ma femme et mes enfants sont étroitement inclus dans l’aventure Camden Town. D’ailleurs, Jennifer travaille avec moi. Owen & Willow viennent de temps en temps nous aider pour des petits travaux sympas. Ils ont leur petit stand de street food devant le shop une fois par mois. Ils ont un petit charriot et des bancs et vendent des boissons et des petits trucs à grignoter pour les passants et les clients. Ça leur apprend aussi le contact avec la clientèle, et le fait de devoir travailler pour gagner de l’argent.

En plus de ton métier, on peut dire que tu es un vrai fan de musique, et surtout de Kiss ; tu as même organisé un petit concert avec Bruce Kulick dans tes locaux.

Oui, j’ai eu la chance de recevoir Bruce Kulick dans le magasin en octobre 2015. Une soirée exceptionnelle ! J’ai reçu pas mal de rock stars ou acteurs dans mon magasin à Bienne depuis 19 ans. J’ai vu KISS presque partout dans le monde : Europe, Etats-Unis et Japon. J’adore leur musique et surtout leur show, et j’ai de très bons contacts avec le groupe et le staff. Depuis cinq ans nous allons régulièrement à la Kiss Kruise, une croisière pour les fans de KISS qui se déroule aux Bahamas. Le top !

Tu as également créé un petit « musée metal » fait de divers souvenirs dans ton shop. Quelles pièces y as-tu exposées ?


Nous avons appelé cette déco le ‘Rockademy Hall of Fame’. Ce sont des souvenirs que nous avons reçus de la part des différents groupes venus nous faire une visite au shop, ainsi que des souvenirs ou des photos signés par des acteurs, chanteurs, artistes et célébrités que j’ai collectionnés durant mes dix-neuf ans à Camden Town. Nous avons plusieurs guitares ayant appartenu à des groupes comme KISS, Mötley Crüe, Alice Cooper, Slipknot, Testament, Stone Sour, Black Label Society, Gotthard, pour ne citer qu’eux. Au milieu du shop nous avons la réplique de la batterie de Joey Jordison de Slipknot. Elle a été signée par Joey lors de sa visite en 2011. Nous avons aussi eu la chance d’avoir le groupe Lordi pour une dégustation d’absinthe en décembre 2010. La collection change toujours selon les goûts et l’actualité. Depuis janvier 2016, j’ai déplacé une partie d’objets signés par Motörhead au shop pour que les visiteurs puissent les voir. J’avais rencontré le groupe en juin 2006 et avais reçu quelques petits trucs que j’avais fait dédicacer. Nous avons une très grande collection d’objets signés, souvent exclusifs, que nous changeons de temps en temps pour ne pas laisser toujours les mêmes objets en expo. Le flipper KISS de 1978 est maintenant chez nous à la maison, pour laisser la place à d’autres choses. Pour mieux se rendre compte, j’invite très volontiers les lecteurs de Daily Rock à passer à Bienne et découvrir cette mini-expo, et peut être partager avec nous quelques aventures sur les routes du rock !

Est-ce que tu as dans ta clientèle quelques stars de notre musique préférée ? Allez, dis-nous tout !

Il y en a qu’on ne revoit jamais. Et d’autres, comme Eric Singer (Batteur de KISS et Alice Cooper) qui ont toujours un moment pour la famille Camden. Que cela soit dans un concert de KISS au Hallenstadion à Zurich ou à Chula Vista en Californie ou même pour une visite à une expo de montres, il va nous voir et passe vers nous pour parler un peu, faire une photo et offrir à Owen et Willow un souvenir de cette rencontre. C’est une personne très sympathique, nous avons beaucoup de bons souvenirs avec lui.

On va finir en évoquant quelques souvenirs. Quels sont tes meilleurs souvenirs concernant Camden Town et concernant tes rencontres avec le monde de la musique ?

Rencontrer un sportif très connu, une rock star acclamée par des milliers de fans ou recevoir un homme politique et ses gardes du corps sont des moments exceptionnels, tendus, spéciaux et absolument gravés dans ma mémoire. Mais ce n’est pas les moments qui me touchent le plus. Recevoir une petite fille avec un petit handicap, lui percer les oreilles, prendre le temps de lui expliquer les soins et à la fin recevoir un petit bec de sa part… C’est exactement pour ce genre de moment que je fais ce boulot. J’ai le plus grand respect pour tout le monde. J’adore recevoir des gens qui ont du temps et qui aiment partager un moment en faisant leur piercing. J’aime parler, j’adore ça. J’aime partager mes aventures avec les gens. J’aime raconter que ma fille a dansé sur la scène de Rob Zombie en plein show à Wetzikon en 2013 et que Nita Strauss a invité deux fois Willow, alors déguisée en Alice, à venir sur scène pour chanter et danser avec elle. Je pense que ce sont des moments précieux, comme faire son premier piercing.

www.camdentown.ch

Camden Town
Rue Centrale 7A
2502 Bienne

Ouvert le lundi, mercredi, jeudi et vendredi de 13h30 à 18h30, ainsi que le samedi de 12h à 17h.

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