© Ville Juurikkala
© Ville Juurikkala

Vous le savez certainement désormais, les Backyard Babies sont de retour aux affaires avec un nouvel album intitulé ‘Four by Four’ (sorti le 28 août 2015). Avant d’avoir la joie de les accueillir enfin à nouveau en terres helvétiques en novembre prochain (à Winterthour le 10 et à Genève le 11), nous avons eu le plaisir de discuter avec Dregen, leur guitariste.


Après cinq ans de ‘pause’, qu’est-ce qui vous a fait vous dire que c’était le moment de faire votre come-back ?
Dregen : En fait, ce n’est pas vraiment un come-back car le groupe ne s’est jamais séparé. Il s’agissait juste de vacances…

Oui, mais de très longues vacances ! Tu m’avais parlé à l’époque (début 2010) d’un hiatus d’une année environ et au final ça a duré cinq ans…
Le temps a filé à une vitesse incroyable. Mais à l’origine, je pensais réellement que ça ne durerait qu’une année. Mais une chose a toujours été claire : peu importait le temps que durerait notre pause, nous savions que nous nous retrouverions. Et je pense que nous avons pris la bonne décision. Parce qu’on aurait pu faire un album correct après notre dernier (l’album éponyme paru en 2008) et également partir en tournée. Mais si nous avions fait ça, je pense que nous serions un groupe aujourd’hui dissous. Tu sais, on a débuté il y a vingt-sept ans et nous sommes toujours les quatre mêmes gars depuis. On a bossé comme des dingues dès le début, et ça s’est même accentué après notre premier contrat discographique en 1994. Et depuis 1998, on constamment été en tournée. Alors je crois que finalement la vie en dehors de la musique nous a fait des appels du pied… Et quand je regarde les effets de ce break de quelques années, plein de choses non prévues s’y sont produites : je suis devenu papa, Johan (Blomqvist, le bassiste) aussi, Peder (Carlsson, le batteur) s’est marié, Johan également, on a acheté un appartement ou une maison, enfin le genre de choses que les gens ‘normaux’ font mais pour lesquelles nous n’avions pas le temps auparavant. Donc ce break de cinq ans nous a permis de faire ces choses, de recharger les batteries et d’être prêts à repartir pour vingt-sept nouvelles années !

Vous êtes toujours restés en contact durant ce break, mais est-ce que vous avez joué ensemble de temps en temps ?
Non, jamais. Pas une seule note. Johan a fait quelques concerts avec le projet solo de Nicke (Borg, le chanteur) et il a aussi participé à quelques trucs avec moi. Mais en ce qui me concerne, j’ai écrit mon autobiographie, j’ai sorti un album solo et j’ai participé à un album solo de Michael Monroe, que j’ai accompagné en tournée pendant trois ans… En fait, le seul de nous quatre qui n’a pas joué du tout pendant notre pause, c’est Peder. Donc on appréhendait la première répétition, mais c’est comme le vélo : après cinq minutes, c’était bon, il était de retour !

Comment se sont passées ces retrouvailles ?
C’était super. On a commencé à en discuter à l’été 2014, on a commencé à répéter et à écrire en août et, en septembre, on attaquait les enregistrements des démos. Et l’album était terminé en mai 2015.

Parlons-en, de ce nouvel album. Le premier constat, c’est qu’il est truffé de sons que l’on n’avait pas l’habitude d’entendre chez les Backyard Babies, l’exemple le plus parlant étant le titre ‘Walls’, dont j’imagine que tu es derrière, non ?
Oui, enfin… pas vraiment. Nicke a écrit les couplets et le refrain. C’était une très bonne chanson, mais je la trouvais un peu prévisible voire ennuyeuse et j’ai donc voulu l’épicer. Et autant je pense que les fans vont aimer ‘Four by Four’ car il contient tous les éléments propres aux Backyard Babies, je pense aussi qu’ils vont adorer ‘Walls’, car c’est une chanson qui nous fait entrer dans un univers où nous n’étions jamais allés auparavant.

© Ville Juurikkala
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Avez-vous approché l’écriture de cet album d’une manière différente que par le passé ?
Ça n’a pas vraiment changé. Mais ce que je peux dire, c’est que Nicke – avec qui nous écrivons la plupart des chansons – est devenu vraiment un meilleur compositeur durant ces cinq dernières années. Et en ce qui me concerne, j’ai bossé avec tellement de gens talentueux durant ces dernières années que forcément, j’ai été influencé par leurs façons de travailler et que j’ai ramené ça au sein des Backyard Babies. Mais je tiens aussi à dire que nous ne regardons jamais en arrière, malgré le fait que nous avons beaucoup d’anciens fans qui nous réclament un nouveau ‘Total 13’ (album paru en 1998). Mais à l’époque, on avait vingt-cinq ans, on était fauchés, on était frustrés et en colère, et cet album est venu naturellement. Et ça ne sonnerait pas naturel de vouloir faire un tel album aujourd’hui. Je veux être dans le présent avec ma musique. Et j’espère que les gens entendront que nous avons quarante ans sur ‘Four by Four’. Je ne veux pas être un mec de quarante ans qui fait semblant d’en avoir vingt-cinq… Bon, d’un autre côté, on est quand même une équipe de putain de beaux quarantenaires ! (rires)

Tout à fait ! (rires) Mais pour en revenir à l’album, c’est en effet ce sentiment qui prédomine, celui d’un groupe moins en colère et plus mature…
Oui, je pense que cet album est plus cool et surtout plein de confiance en soi. Je n’aime pas le mot ‘maturité’, car même à quarante ans, on est toujours jeunes dans la tête et dans le cœur. D’ailleurs, si tu es toujours dans le journalisme dans vingt ans, il y a d’immenses chances pour qu’on se reparle à ce moment-là pour un nouvel album des Backyard Babies. Je veux que ce groupe évolue comme les Rolling Stones, par exemple. Je ne veux pas être à la mode. Je veux vieillir avec ma musique.

Précisément, parlons du futur des Backyard Babies : lorsque nous avons parlé en 2013, à l’occasion de la sortie de ton album solo, tu me confiais que tu pensais déjà à en enregistrer un second… Et j’imagine que pour Nicke c’est la même chose…
Je sais que je vais faire encore des projets en solo. Mais dorénavant les Backyard Babies sont le vaisseau mère et on fera nos trucs durant les pauses du groupe. C’est d’ailleurs pour ça que je suis particulièrement content d’avoir ‘Four by Four’ : c’est un super album et il prouve que nous ne sommes pas là uniquement pour tourner avec des vieilles chansons.

Oui, il est très bon, en effet. Mais j’ai quand même un problème avec lui : il est trop court ! (rires) Sérieusement, pourquoi seulement neuf titres ?
(rires) Oui, est c’est de ma faute en plus ! Mes albums préférés sont des albums courts des seventies, qui ont huit, neuf ou dix titres maximum. Je n’aime pas les longs albums. Et on partait sur dix titres, mais la chanson ‘Walls’ a fini par s’étirer jusqu’à huit minutes… ce qui compense presque l’absence d’un dixième titre. (rires)

Un petit mot sur la dynamique au sein du groupe : est-ce qu’elle a changé après cinq ans de pause ? Outre le fait que Nicke ne boit plus et ne prend plus de drogue…
Oh Dieu merci ! (rires). Non, mais tu sais, il y a vingt-sept ans, lorsque j’allais aux répétitions ou aux concerts, j’y allais en vélo ou en vélomoteur… Et aujourd’hui, tu nous vois arriver avec des voitures qui ont des putain de sièges pour bébés ! (rires). Mais pour autant, l’attitude des membres du groupe n’a pas changé. Nos albums préférés n’ont pas changé. Notre idée du rock’n’roll est exactement la même que celle que nous avions en 1989. Nous sommes toujours les quatre mêmes idiots qu’à l’époque, simplement plus stables socialement.

Vous vous produirez en Suisse en novembre et vous emmènerez avec vous Junkstars et, surtout, le trio féminin Heavy Tiger, que j’adore : avec des groupes comme Crucified Barbara ou Thundermother par exemple, on se demande s’il y a quelque chose de spécial en Suède pour que ces groupes féminins éclosent et aient autant de succès…
J’adore aussi Heavy Tiger. Et je dirais que les femmes suédoises sont spéciales dans tous les sens du terme (rires). Non, mais en fait je n’en sais rien. Peut-être que la Suède est assez avancée en matière de féminisme. D’ailleurs, tu me cites des groupes de rock, mais il y a beaucoup d’autres groupes féminins comme les fabuleuses First Aid Kit, par exemple. Elles, elles vont devenir immenses.

Dernière question : toi qui sembles toujours être en mode créatif, y a-t-il encore quelque chose en particulier que tu souhaites réaliser dans le futur ?
Évidemment, réaliser l’album parfait. Mais bon, à partir de là, tu ne peux qu’aller vers le bas, alors je ne sais pas… Non, plus sérieusement, je pense que je vais développer mon talent artistique. Parce que je peins. Donc quand j’aurai soixante ans, j’y passerai plus de temps. Mais je ne montrerai ces œuvres que quand je serai très vieux !

En concert le 11 novembre 2015 à l’Usine PTR, Genève

FICHE CD 

CD_backyard.babiesNom de l’album : « Four by Four »

Label : Gain / Sony Music

Website : www.backyardbabies.com

Note : 4

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