Parce que le Daily Rock n’a pas la thune de se payer un correspondant au Japon, on mandate parfois les groupes eux-mêmes pour qu’ils fassent un petit compte-rendu de leurs expériences en tournée. C’est ce qu’on a fait ici avec les Bitch Queens, qui vous offrent un rapport de leur récente tournée au Japon, signé Melchior Quitt.

 


Ce n’est pas la première fois qu’on part en tournée, avec les Bitch Queens. Chaque année, on joue près de 60 concerts à travers l’Europe. Mais avec cette tournée au Japon, on passait dans une autre Ligue, et on trépignait d’impatience à l’idée de monter dans l’avion. La préparation du tour s’était étalée sur plus d’une année, et a requis des heures de boulot, partagées entre l’ordinateur et des réunions avec des types. Ce qu’on attendait en réalité du Japon, on n’aurait trop su le dire jusqu’à la dernière minute. Grâce à des groupes avec qui on s’entend bien et au label indépendant AMRecords, une promo sérieuse a été faite, surtout que des plateformes comme Facebook ne sont guère utiles pour les musiciens, au Japon.

En tout cas, c’était agréable de ne pas à avoir à s’occuper d’un truc pour cette tournée au Japon : le matos. Chaque club fournissait une backline satisfaisante (batterie, amplis).

Enfin, on a profité de ce tour pour tourner un clip dans les rues de Osaka et Tokyo, les rues japonaises nous offrant un cadre incroyablement unique.

Jour 1 – Konnichiwa !

Encombrés par les guitares et d’autres trucs, on s’est tapé un voyage de près de 24 heures pour rejoindre le Japon. Le trajet s’est fait sans accroc, et on était tous très excités lors de notre premier soir au Japon. Il y a tout de même eu une petite ombre au tableau : la guitare de Danny n’a pas survécu au vol. Mais au Japon, on ne réagit pas de la même manière à ce genre de mésaventures que ce à quoi les Suisses sont habitués. Ainsi, pendant notre soundcheck, le bassiste de notre première partie (The Dead Vikings) a couru jusqu’au magasin de guitares le plus proche et a fait réparer la nôtre en une demi-heure. C’était incroyable ! Le show était excellent, le public japonais était complètement fou chantait avec nous malgré la barrière linguistique, et tous les t-shirts qu’on avait apportés ont été vendus ce premier soir. Cependant, c’était assez éprouvant, ça fait tout de même 40 heures qu’on était debout… Après le concert, on a été invité par les types des Dead Vikings dans un exceptionnel restaurant japonais. Le sens de l’hospitalité est particulièrement développé au Japon. Ce n’est seulement que quatre heures plus tard qu’on a finalement pu regagner l’hôtel. Ah, d’ailleurs, l’hôtel. En fait, on a découvert que notre bassiste Marcel nous avait réservé un love hôtel qu’on loue à l’heure, initialement prévu pour les couples, pourtant rien ne le laissait paraître sur leur site internet. Du coup, entre les boîtes de Kleenex à côté du lit, l’énorme miroir dans la salle de bain, en passant par les programmes porno diffusés en continu sur la télévision – il n’y avait qu’une chaîne – notre chambre avait de quoi exaucer tous nous souhaits. On avait jamais vécu quelque chose d’aussi absurde, on pouvait pas arrêter de se marrer. Heureusement, grâce au sommeil de comateux qui a suivi, on a vite fait abstraction.

Jour 2 – Dirty Osaka

Le lendemain, on a eu le plaisir de se faire réveiller par de doux gémissements provenant de la chambre voisine. Ken, le chanteur des Dead Vikings, est venu nous ramasser à l’hôtel, et a ouvert son resto à burgers, ‘Louie Louie’, pour nous inviter à dîner. Le bistrot se situait entre une galerie pleine de magasins vintages, de librairies, et de shops spécialisés pour les animaux de compagnie, qu’on aurait jamais vus en Suisse. Juste à côté du ‘Louie Louie’, il y avait la salle de répet’ des Dead Vikings. Là aussi, ça aurait été impensable en Suisse. Nous avons ensuite pris le métro jusqu’à Osaka. Une fois descendu au bon arrêt, on aurait jamais pu trouver notre hôtel dans la banlieue de Osaka sans l’aide de Ken. Le splendide établissement était avant tout destiné aux ouvriers et aux sans-abri du quartier. La journée avait toutefois vachement mieux commencé qu’elle devait se terminer. La promo du concert avait été bâclée, et les deux groupes locaux qui partageaient l’affiche n’ont pas ramené grand-monde, nous privant de l’occasion de nous faire connaître à d’autres personnes. C’est encore plus difficile pour un groupe venu de l’étranger. Toutefois, notre bassiste a eu la chance de pouvoir embrasser une des rares filles du public, directement depuis la scène. Après le concert, on a été avec les Dead Vikings et des amis à eux manger des sushis fichtrement bons.

 Jour 3 – Crazy Japan

Le troisième concert se situait à l’exact opposé de celui de la veille. Le Para-dice n’était en effet pas un grand club, mais il grouillait d’une atmosphère punk/rock. La salle était d’ailleurs pleine à craquer et ce fut sans doute notre meilleur concert de la tournée. On a pas pu échapper aux demandes de photos, on a dû signer quelques trucs au merchandising, et on a même fait crier de joie quelques nanas à qui on avait offert des… autocollants!! Les membres d’un des groupes de première partie avaient tous à peu près cinquante ans, mais avaient l’air d’en avoir vingt de moins. Une bizarrerie qui nous a souvent étonnés au Japon. Les gens là-bas doivent franchement avoir de sacrés gênes. Après seulement trois jours, on avait l’air plus vieux qu’eux. Le propriétaire du club était lui-aussi un cas. Avec son look tiré des sixties, il s’occupait à la fois du bar et des lumières, et souriait en permanence sous sa coupe afro – grandiose !

Jour 4 – Hello Tokyo !

Après une nuit de plus dans notre hôtel isolé, nous nous sommes mis en route vers Tokyo à bord d’un shinkansen – une sorte de TGV. À la gare, on a été ramassé par les types de Neurotic Spiders, un excellent groupe de speed rock à la Motörhead. Tandis qu’on se dirigeait vers le club, on est tombés sur 100 gamins qui s’entraînaient à un sport de combat au milieu de la rue, parfaitement disciplinés devant des centaines de spectateurs. Le club, il s’appelait de Earthdom, et on a nous a affirmé qu’il s’agissait d’un des meilleurs clubs de Tokyo pour le punk rock. On attendait par conséquent beaucoup de la soirée. Le public comme les autres groupes étaient supers, et en outre on a eu droit à une représentation de la division de Tokyo de la Turbojugend (ndlr : un fan-club international du groupe Turbonegro). Une belle fête était maintenant dernière nous.

Jour 5 – Zzzzzz

Cette journée a commencé beaucoup trop tôt, et nos os souffraient encore violemment de la veille. Malheureusement, le café, au Japon, il est assez deg, et plutôt cher de surcroît, ce qui n’a vraiment pas facilité le démarrage de la journée. On devait arriver au club à 13.30, sachant que tous les concerts, au Japon, commencent à 19h et que chaque groupe (vraiment CHAQUE) doit avoir fait son soundcheck avant. Du coup, on est plus ou moins passés directement du lit à la salle de concerts. Durant notre temps libre avant le show (dont on profitait en fait chaque jour), on s’est occupés de tourner notre clip. Mais cette fois, on a choisi le mauvais quartier. C’était écrit partout qu’il était interdit de filmer. Mais où il n’y pas de risques, il n’y pas de fun… Alors on l’a quand même fait, et on s’est fait virer rapidement par des Japonais un peu plus vieux et un peu plus forts. Ils nous ont fait comprendre qu’on devait partir en japonais, mais d’une manière si distincte, que ça nous a passé l’envie de revenir… Le concert, pour un mardi, s’est bien passé. Il y a cependant quelque chose qui a attiré notre attention. Au niveau technique, les groupes de Tokyo surclassent sans doute la plupart des groupes Suisses. Mais en termes d’écriture des morceaux et de chant, ils ont une approche totalement différente.

Jour 6 – On and on and on and on…

Après ce début de tournée, on a soudain commencé à franchement fatiguer, et on a traîné ça les jours qui ont suivi. On essayait de dormir le plus possible et de limiter la consommation d’alcool afin de minimiser le facteur de fête. Faut dire qu’on rampait quasiment sur le sol. Et qu’est-ce qu’il faut faire dans de pareilles situations ? Se rendre dans un café à chats, pardi ! C’est ainsi qu’on s’est retrouvés confortablement installés entre une vingtaine de chats pendant une heure pour se détendre. On jouait le soir même à l’ADM et tout s’est bien passé du début à la fin. Les groupes étaient excellents, et on a même eu droit à un discours sur la scène rien que pour nous. On a pas compris un seul mot, mais ça avait l’air d’être positif. Après le concert, on a été manger une soupe aux nouilles, puis direct dans un karaoké, avant finalement d’aller jouer ua baseball au milieu de Tokyo en pleine nuit. Dormir, c’est pour les losers !

Jour 7 – In The Navy

À Yokosuka, où on a passé notre septième jour, se trouve une base navale américaine. Du coup, pour une fois, le public était plein d’Américains, et il faut dire que l’ambiance n’était pas vraiment la même. Punik, le groupe le plus bruyant du Japon, a ouvert la soirée, et les quatre types du groupe jouent comme un poing – c’est-à-dire droit dans ta gueule. L’ambiance était comme à un anniversaire de gamins en Suisse, on a trouvé super ! Après le concert, on s’est rendus dans un bar voisin. Le propriétaire est depuis plusieurs années un grand fan des Bitch Queens et pour cette raison on pouvait commander ce qu’on voulait dans des quantités indécentes. On devait hélas tituber à temps jusqu’au métro qui devait nous ramener à Tokyo. Mais la journée de travail des Bitch Queens ne s’est pas terminée là, puisqu’avant de se coucher, on a profité de l’occasion pour tourner quelques plans dans le métro en vue de les insérer dans notre clip.

Jour 8 – On fire !

Le temps a filé comme un avion et déjà nous en étions à nos deux derniers concerts au Japon. Notre matos de scène sentait la mort et vu notre état on était plus capable que de s’occuper de deux trucs : la bouffe et le rock. Et c’est tellement beau, lorsque tu peux jouer dans un super club comme le 20’000 Volts et que le public se pointe pour le concert. S’il y a bien un truc qu’on peut laisser aux Japonais, c’est leur manière de considérer les sets de 30 minutes. Après, six à sept groupes, c’est beaucoup, mais en Europe trop de groupes étirent leur setlist plus que nécessaire. Ici, t’es obligé de jouer tes meilleurs titres, c’est court c’est bouclé, sans bis sur demande.

Jour 9 – Shopping

On a profité du dernier jour pour faire les magasins et visiter un peu Tokyo. Jusqu’ici on avait été épargnés par le côté touristique. Alors pour une fois, on a laissé notre projet de clip de côté pour remplir nos valises de trucs hallucinants que tu ne trouveras qu’au Japon. La journée était à part ça super stressante. On devait tous boucler nos valises, puis aller au concert, avant de se farcir un voyage de 24 heures jusqu’à la maison. On avait eu nos moments de détente, mais sur le moment ça nous était égal. Tout ce voyage au Japon, c’était de la folie, et on ne s’en est vraiment rendus compte qu’une fois assis dans l’avion vers Bâle, une fois qu’on voyait venir à nouveau tout le quotidien habituel qu’on tient à côté du groupe.

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