Une file noire s’étendant jusqu’au milieu du parking, constituée de métalleux (valaisans, mais pas uniquement), attendant avec patience et bonne humeur de pouvoir pénétrer dans la salle du Port Franc qui affiche complet ce soir. Ceci fût notre première vision en arrivant. Les programmateurs ayant réussi le tour de force d’avoir un groupe de renommée internationale en tête d’affiche, nous n’en attendions pas moins. Récit d’une soirée mémorable au Vieux Pays.


C’est avec cinq petites minutes d’avance que les Américains originaires de Caroline du Nord, Aether Realm, se présente à une foule déjà bien compacte devant la scène. Un batteur aux allures de premier de classe, très haut perché derrière son kit, donne le tempo, et c’est parti !

Les premiers morceaux semblent, à mon sens, servir de mise en place. Tant au niveau sonore que musicale, ce n’est pas folichon. La voix principale est clairement sous mixée, et les ‘samples’ presque inaudibles. Fort heureusement, graduellement, le groupe et l’ingénieur du son trouvent leurs marques.

Nous oscillons entre du ‘death-folk’ et du ‘folk metal’. Des passages typés ‘black metal’ font aussi de temps à autres craqueler les murs de la salle sédunoise. Le leader de la formation fait preuve d’une justesse toute relative en voix ‘clean’, dommage. Des bons instants de groove, habillés de mélodies simples et efficaces, suffisent à faire joyeusement sautiller l’auditoire. Une première partie on ne peut plus satisfaisante, et parfaitement dans le style musical de ce soir.

Envie pressante mais naturelle assouvie, on se dirige à nouveau vers la scène pour le second concert de ce soir. Direction le Pacifique, et l’Australie, avec Troldhaugen. Autant le dire de suite, groupe qui nous est totalement inconnu. Première surprise, c’est sur fond sonore des Village People et leur tube ‘YMCA’ que les ‘Aussies’ arrivent sur les planches. Leur look pique les yeux. En gros, il fût judicieux de les inviter avant l’entrée en vigueur de la taxe aux sacs en Valais. Lorsque nous voyons le chanteur affublé d’une fameuse banane jaune autour de la taille, le traumatisme que constitua cet accessoire lorsque nous étions petits et que nos mamans nous obligeaient à le porter refait surface.

L’univers du combo est vraiment, vraiment particulier. Très théâtrale, et avec un sens de l’auto-dérision certain. On navigue entre électro, rap, funk, disco. Rythmiquement hyper complexe, certains passages nous font littéralement penser à du Frank Zappa. On peut aussi penser à du System of a Down par moment ou encore à du King Diamond avec des voix de tête très aiguës. Après avoir été bien chauffé par le groupe précédent, Troldhaugen fait bien redescendre la température d’un public dubitatif. Les compositions décousues mêlant bien trop d’influences ont eu de la peine à nous convaincre. Saluons néanmoins le côté décalé et fantasque des Australiens. Cheers mate !

Cubitus confortablement appuyé sur la barrière nous séparant de la régie, nous attendons patiemment la tête d’affiche de ce soir. Les enceintes crachent du bon vieux rock des années soixante. Les techniciens s’affairent sur scène, notamment au gonflage du grand canard jaune qui trônera fièrement au milieu de la scène durant le concert.

Alestorm que l’on pourrait traduire par ‘tempête de bière’ déboule sur scène à 21h30. Ils auront certainement à cœur de nous prouver, s’il le fallait encore, que leur dernier rejeton ‘No grave but the Sea’ est un excellent crût. Christopher Bowes et ses matelots se mettent dans la poche le public après trois notes. Non, n’exagérons pas, quatre. L’entame de concert se passe pied au plancher, et cette cadence infernale sera la vitesse de croisière de ce bateau pirate écossais. Des mélodies accrocheuses et mémorisables aisément constituent la marque de fabrique des nordiques. Pete Alcorn à la batterie imprime le tempo avec lourdeur, tandis que les envolées de clavier et de guitare nous en mettent plein les mirettes. Reprochons peut-être le son de guitare hyper aigu de Maté Bodor durant ses solos. On doit un peu serrer les dents. Les fans présents scandent, sautent, chantent, sourient et lèvent les bras au ciel pour mieux laisser apparaître des aisselles suintantes et odorantes. Ma foi, un concert d’Alestorm ce n’est pas de tout repos, et il faut bien que la bière sorte quelque part. Cette ambiance totalement folle atteindra un premier pic, lorsque la totalité du public s’assied, et fait mine de ramer au rythme de la musique. Génial ! Sur scène les artistes ne boudent pas non plus leur plaisir, et cette proximité avec le public semblent leur convenir à merveille. Les musiciens font avancer leur navire d’une seule et même rame. Seul le deuxième clavier Elliot Vernon, est un peu en retrait sur scène et dans le mixage aussi. ‘One More Drink’ résonne, et il n’y a pas un groupe et son public, mais juste une unité.

Le deuxième pic d’intensité est atteint lorsque le capitaine Christopher arrive à organiser un ‘Wall of death’ au Port Franc. Et je ne parle pas de juste cinq irréductibles fans qui y participeraient, mais bien du ‘pit’ au complet. Dès la musique partie, les fans se ruent les uns contre les autres avec détermination mais sagesse. Du jamais-vu dans la salle sédunoise.

Ambiance survoltée et aucuns temps morts. Nous avons eu droit à 1h40 de pure folie. Avec Alestorm à l’affiche, les programmateurs ont eu fin nez. Espérons que leur sens aiguisé de l’odorat, nous permette de revivre une soirée de cette trempe.

‘Fuck you, you’re a fucking wanker/ We’re going to punch you right in the balls/Fuck you, with a fucking anchor/ You’re all cunts so fuck you all !’ Si comme moi ce refrain d’Alestorm ne vous a plus quitté pendant deux jours, et que vous l’avez chanté au travail, pour vos collègues ou votre patron, levez la main !

 

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