Alors que la plupart des groupes qui font un split balancent leurs morceaux et puis s’en vont, Minsk et Zatokrev, deux groupes que des milliers de kilomètres séparent, nous proposent un concept plus qu’intéressant. Deux groupes, deux concepts différents, deux manières de voir la musique, deux mentalités, deux morceaux qui se rencontrent pour ne former qu’un : mais un split avec une unité indissociable. Voilà maintenant la recette de cette aventure, du point de vue de Zatokrev.

Il y a quelques années, vous avez fait un split avec Vancouver. Qu’est-ce qui vous plaît tant dans ce concept ? Pourquoi le refaire maintenant avec Minsk ?
Dans les deux cas, plusieurs raisons nous ont motivées au point de faire un split. Quand on l’a fait avec Vancouver, il nous restait des morceaux de l’album « Bury the Ashes ». Le problème était simplement qu’on avait pas assez d’espace sur cet album, mais aussi qu’on trouvait pas de bon spot pour ces morceaux. On aimait quand même ces deux morceaux, donc ce split était une bonne opportunité. Un autre aspect était de construire un pont entre deux régions linguistiques, puisque Vancouver est basé dans une zone francophone et Zatokrev germanophone. On connaît tous les difficultés de la scène suisse à cause du Röstigraben. Donc ce split était un projet particulièrement concentré sur la Suisse.

Avec Minsk c’était un peu différent, car les morceaux qu’on a écrit l’ont été pour ce split, ou mieux encore : alors qu’on écrivait ‘Silent Gods’, ça nous a donné l’idée de faire enfin ce split avec Minsk, puisqu’on parlait de cette idée depuis déjà des années. Le morceau est à propos de la dualité et de ses effets positifs et négatifs (pour le dire rapidement), mais ça m’a tout de suite fait réaliser que ce sujet serait en fait parfait pour un split. Aussi, j’ai toujours eu l’impression que l’esprit qu’on a développé avec Silent Gods était d’une certaine façon lié au son de Minsk, un groupe que je suis depuis leur chef-d’œuvre ‘The Ritual Fires of Abandonment’ et qui a toujours été un de mes groupes favoris de Relapse. Dès qu’ils ont accepté, on a commencé à travailler sur le deuxième morceau Salvatore. Comparé au split avec Vancouver, celui avec Minsk a un impact plus global, puisque les deux groupes viennent de continents différents. Avec Vancouver, on a tourné en Suisse et avec Minsk, on va tourner en Europe et on a aussi commencé à discuter de tourner aux États-Unis.

Votre batteur, Frédéric Hug, a quitté le groupe. Est-ce que vous avez trouvé un remplacement ? Avec quels changements ?
David Burger le remplace. J’ai déjà joué avec lui dans un groupe appelé Neo Noire et il jouait dans Slag In Cullet. Il est super carré et passionné de batterie, c’est un bon pote et quelqu’un qui a une compréhension parfaite pour notre genre de musique. On regarde à nouveau avec confiance le futur, puisque David nous a apporté le soutien dont on avait besoin, d’autant plus que le départ de Fredo a été une grande perte pour Zatokrev.

J’ai été assez surprise de l’intro de ‘Silent God’, assez douce. D’où vous est venue l’idée ?
Ce qu’on créé se fait spontanément. On essaie de ne pas se restreindre et de laisser les choses se faire naturellement. J’imagine que c’est juste l’évolution logique de notre processus. Nous avons tous des backgrounds très différents. J’aime aussi faire du dark psyché folk avec un projet qui s’appelle The Leaving, peut-être qu’une petite influence est venue de là.

Vous avez expérimenté un peu avec ‘Salvatore’, une chanson assez inhabituelle. Peux-tu nous en dire plus sur le processus de composition ?
C’est arrivé spontanément dans le studio de mon ami Simon Jameson (Black Art Audio), qui m’a aidé à co-produire ce morceau. J’avais les harmonies dans ma tête avant de toucher un quelconque instrument. Donc on a d’abord regardé pour des bons sons de synthé. Tout le reste a suivi sur seulement 2-3 sessions. Pendant cette période, j’ai écrit des lyrics un peu bizarres, j’ai essayé de créer un langage sur la base de 30 ou plus encore de langues à travers le monde. Une langue qui les unit toutes et qui, en même temps, n’est pas vraiment compréhensible, comme le personnage Salvatore [Au Nom de la Rose, Umberto Eco], dont le nom est inspiré, qui parle un peu toutes les langues, donc aucune au final.

Avec Minsk, vous avez tous les deux proposé le même type de structure : un morceau de 15 minutes et un plus court. Est-ce que c’était voulu ?
Cette idée est venue d’une certaine façon naturellement et on a trouvé que c’était le meilleur moyen de remplir un LP complet. Aussi le nombre deux est contenu dans le concept global. Deux groupes, deux continents, fondés en 2002, deux labels, le nom ‘Bigod’ et aussi, finalement, deux morceaux de chaque groupe, dont un vraiment épique et un plus court pour clore le cercle.

Qu’est-ce que vous pensez de la musique de Minsk et quel est votre relation avec ce groupe ?
Je connais le groupe depuis qu’ils ont sorti ‘Ritual Fires of Abandonment’ et ils ont toujours été mon groupe favori sur Relapse. En 2009, je les ai vu jouer au Böröm Böm Böm à Oberentfelden. On s’est rencontré là et depuis on a lié une amitié. À travers les ans, on a souvent partagé la scène et ça fait déjà depuis longtemps qu’on parle de faire un split ensemble. Je pourrais dire que la musique de Minsk a souvent été très inspirante pour notre propre création. C’est vraiment quelque chose de spécial d’avoir fait un album ensemble, où on a pu partager nos états d’esprit. Le plus on travaillait ensemble, le plus on a remarqué à quel point nos groupes sont similaires. Travailler et tourner avec Minsk est une vraie aventure. Ce sont des artistes véritables et probablement les meilleurs êtres humains que j’ai pu rencontrer.

www.zatokrev.com

Auteur : Domenico Troilo

FICHE CD :
Minsk/Zatokrev
Bigod
Czar of Cricket
4.5/5

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